Chalon sur Saône

Manifestation d’agriculteurs très en colère à Chalon

Manifestation d’agriculteurs très en colère à Chalon

Décidée le matin même, à 11 h 30, pour l’après-midi, à l’initiative des Jeunes agriculteurs (JA 71) et de la FDSEA 71 (Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles), la manifestation des agriculteurs de ce mercredi a pourtant réuni au parking relais de Saint-Rémy de nombreux exploitants, venus pour la plupart en tracteur. Le point d’Info-Chalon.

« Pourquoi manifestez-vous ? » Lorsque l’on pose cette question aux premiers agriculteurs que l’on rencontre, la réponse fuse : « on manifeste parce qu’on n’est pas content ». Et assurément, les agriculteurs présents pour manifester ce mercredi n’étaient pas contents du tout. Essentiellement parce que, malgré un accord de l’ensemble des acteurs de la filière pour revaloriser les prix payés aux éleveurs et fixant une feuille de route pour la filière bovine, en date du 17 juin dernier [1], les agriculteurs ne voient rien venir, désespèrent et… s’exaspèrent . Certes, précise Damien Lemière (secrétaire général des JA 71), « il y a bien eu un accord, ce dont il faut savoir gré au gouvernement, mais il n’y a aucune fermeté de celui-ci pour le faire respecter, ce qui fait que les prix augmentent beaucoup moins que les normes à respecter... Et pendant ce temps-là, les agriculteurs sont pris à la gorge, travaillent à perte tandis que les intermédiaires accroissent leurs marges au détriment des consommateurs », qui se retrouvent aussi plumés que les agriculteurs. Car le premier perdant, c’est le consommateur. Et il le sera d’autant plus si, demain, des exploitants contraints de mettre la clé sous la porte et de licencier, il n’a plus d’autre choix que de consommer des produits importés, ne garantissant pas forcément la sécurité alimentaire assurée par la réglementation française. Des considérations approuvées par Jérémy Decerle, vice-président de la structure nationale des JA et par les salariés agricoles présents auprès de leurs employeurs pour manifester, qui craignent en outre, à terme, de perdre leur emploi.

Une crainte légitime ? Pour Christian Decerle, président de la chambre régionale d’agriculture, celle-ci est malheureusement plus que légitime : fondée. Et lorsqu’il entend le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll annoncer publiquement qu’ «entre 22.000 et 25.000 éleveurs au bord du dépôt de bilan» [2], il est plus qu’inquiet, tant ce chiffre est sans commune mesure avec la plupart des plans de licenciement annoncés régulièrement par les entreprises. Car, « en plus des exploitants, ce sont aussi tous les emplois induits, entre 2 et 7 par exploitation, qui sont menacés de disparition ». Un drame économique et social, que l’on ne saurait toutefois pas imputer selon lui au seul gouvernement actuel, tant la situation prend ses racines au fil du temps, des années, des rendez-vous européens qui se sont succédé.

Ceci étant, s’il ne saurait être question de faire totalement porter le chapeau à ceux qui sont actuellement au pouvoir, pas question non plus de se taire, de se contenter « d’effets d’annonce, dont les agriculteurs ont assez » (Bernard Lacour, président de la FDSEA 71). En manifestant partout en France, les agriculteurs entendent le faire savoir. Et s’ils ne sont pas compris assez vite, il est fort probable que le mouvement s’amplifie. En attendant, les organisateurs ont prévenu leurs troupes : « si on est là pour manifester, on n’est pas là pour se laisser aller à des débordements ».

L.G.

[1] http://agriculture.gouv.fr/stephane-le-foll-constate-laccord-de-lensemble-des-acteurs-de-la-filiere-pour-revaloriser-les-prix

[2] http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2015/07/17/20002-20150717ARTFIG00040-agriculture-entre-22000-et-25000-eleveurs-au-bord-du-depot-de-bilan.php