Chalon sur Saône

Le Collectif Chalon-Palestine se fend d’une fresque et d’une pétition pour rétablir l’équité

Le Collectif Chalon-Palestine se fend d’une fresque et d’une pétition pour rétablir l’équité

Vis-à-vis de l’écoulement du temps, s’il n’est pas un modèle de régularité quant à la fréquence des dénonciations afférentes au droit international, le Collectif Chalon-Palestine ne lâche pas pour autant le morceau. Sa trajectoire par voie de conséquence en demi-teinte tient plus de la résurgence et du coup d’éclat épisodiques, que du parcours rectiligne et cadencé. Samedi après-midi s’est-il aligné sur les flashs artistiques divers et variés libérés ici et là par les éléments moteurs de Chalon dans la rue à l’intérieur de l’enceinte du parc Georges-Nouelle pour, fresque aidant, attirer l’attention sur l’extrême dureté endurée par le peuple palestinien. La claustration et le quotidien relatifs à Gaza, c’est quelque chose…

Evitera-t-on au tableau à la productivité multifactorielle la relégation aux oubliettes ?

Afin de couper court de prime abord à un positionnement tendancieux ou antisémite, l’un des membres confie que « nous avons déjà invité quelqu’un de l’Union juive française pour la paix. Parmi nous, il y a toutes les tendances religieuses et politiques. Notre but, c’est d’avoir une justice en Palestine. La politique de l’apartheid, on voit ce que cela a donné. Boycotter les investissements israéliens, c’est sanctionner pour reprendre les mêmes armes que contre l’apartheid en Afrique du sud. On ne boycotte pas un  pays, mais des produits fabriqués illégalement par les colonies israéliennes. » Pour revenir au sujet du jour, notre interlocuteur brûle du désir qu’il ne reste pas lettre morte. «La fresque, quatre mètres sur deux mètres, est en perpétuel état d’achèvement. On aimerait la mettre dans un local de manière permanente, de préférence dans un local passant. ». Car si la matrice était aux trois-quarts terminée avant son entrée en scène, chaque personne se sentant concernée se voyait conviée à lui léguer une partie d’elle-même : mots, phrases, couleur(s), dessin(s), etc. Une opération sensibilisatrice et participative pour un surcroît de mise en lumière, rehaussée par du tractage, la mise à disposition de documents, l’expo d’affichettes, des discussions approfondies…

Un condensé des exactions commises qui crève l’écran

Micheyle Marlin est la bâtisseuse de l’œuvre. Prof d’arts plastiques, styliste, fondatrice de l’association « Spire création »etc., elle compte au nombre des membres du Collectif, et a travaillé en étroite collaboration avec lui, au point d’être l’émanation de ses trouvailles, perceptions, combinaisons. « Je ne fais pas les choses à moitié », s’empresse-t-elle de dire. Alors des symboles révélateurs comme un char d’assaut, la présence militaire, un pêcheur que l’on empêche d’exercer son activité, le mur, le député Marwan Barghouti miné par la durée peu commune de l’emprisonnement…symbolisent notamment la tenace oppression. « J’ai repris une phrase d’un écrivain, Daniel Vanhove : « Si vous détruisez nos maisons, vous ne détruirez pas nos âmes», caricature Micheyle. L’esprit de résistance, se relever des décombres, ça transpire la vicissitude. Néantiser virtuellement l’impensable, l’innommable, certes, mais également dédramatiser par une note d’espoir.

L’hypermarché Carrefour dans le collimateur

Le Collectif Chalon-Palestine adhère aux thèses de « B.D.S. » (Boycott Désinvestissement Sanctions) visant à rendre à César ce qui appartient à César, qui plus est de manière non-violente. Autrement dit ne pas faire prendre des vessies pour des lanternes au consommateur lambda, consistant à acheter des biens de consommation « made in Israël », fabriqués en réalité « dans les colonies des territoires occupés ». Instaurée au plan national, une pétition (plus de quatre cents signatures recueillies dans son coin par le Collectif) veut lever un lièvre de manière non-violente. A l’échelle locale la revendication sous forme de carte postale quasiment prête à l’emploi, devrait être remise au Directeur de l’établissement du sud de Chalon courant septembre. « Il faut faire de l’information face à une réalité complètement ignorée par la population. Les gens ont droit à la traçabilité des produits. En outre Carrefour est en contradiction avec sa charte sociale, puisque l’enseigne ne respecte même pas les droits du travailleur israélien. Il y a des mouvements de protestation jusqu’au sein d’Israël. Dans cette affaire, il faut souligner le rôle de certaines entreprises françaises, indirectement complices…La Palestine n’est pas reconnue comme faisant partie d’Israël par la France.» Devant ces dérèglements, le seul argument qui vaille, c’est encore et toujours la physionomie pécuniaire. « Nous devons toucher au levier psychologique, faire sauter le verrou, le nerf de la guerre : l’aspect économique. » Tant et si bien qu’on repousse dans son camp le spectre de la désolation, en ouvrant d’autres perspectives. « On a réussi à le faire en Afrique du sud, pourquoi pas en Israël ? », s’enfièvre-t-on.

Devenir signataire de la pétition, ou glaner tous renseignements complémentaires sur le Collectif ?

[email protected]

                                                                                 Michel Poiriault