Chalon sur Saône

Tribunal correctionnel de Chalon - Elle demande qui téléphone... Il la menace de mort

Tribunal correctionnel de Chalon -  Elle demande qui téléphone... Il la menace de mort

A 67 ans il ne pensait pas un jour se retrouver à la barre d’un tribunal. C’est pourtant ce qui vient d’arriver à un habitant de Marmagne, poursuivi pour menace de mort à l’encontre de son épouse.

Les faits se sont passés le 28 juin dernier dans ce village du canton de Montcenis. Ce jour-là Robert était en train de manger, quand son portable a sonné. Son épouse a eu la malheureuse idée de lui demander qui était au bout du fil. Il l’a mal pris et le ton est rapidement monté. Il lui a ordonné de se taire, mais, comme elle n’arrêtait pas, tenant un couteau dans la main, il lui a dit que, si elle continuait, il allait lui trancher la gorge. Prenant peur, elle s’est alors réfugiée chez une belle-sœur, puis est allée déposer plainte à la gendarmerie. Le médecin, qui l’a examinée par la suite, lui a accordé 3 jours d’ITT pour un traumatisme psychologique.
A la barre, comme auparavant en garde à vue, Robert a tenté de minimiser les faits. Précisant ainsi que, s’il avait eu en main un couteau, c’était tout simplement parce qu’il prenait son repas. « Ce n’était qu’une dispute verbale, et on s’est un peu emportés » a-t-il également ajouté. Pourtant, aux dires de leurs propres enfants, il semble bien que depuis plusieurs années on assiste à une incompatibilité d’humeur entre les deux de plus en plus grande. Qui plus est, une main courante, en date du 13 avril 2012 et rédigée par Madame, relate qu’à cette époque son mari, au cours d’une querelle, l’a tiré par les cheveux. Pour le sexagénaire une solution s’impose. « Maintenant il faut qu’on ne se voit plus. Il faut qu’on divorce ».
Conseil de la partie civile, Me Isabelle Dijoux a rappelé que « ce n’est pas par esprit de vindicte ou de vengeance, que ma cliente a engagé une procédure. C’est simplement pour que soit enfin entendue sa situation de victime. Le mode de fonctionnement de Monsieur, fait d’harcèlement moral, de brimades, d’insultes, ne peut plus durer». Et de poursuivre « Elle veut que cela s’arrête. A 64 ans elle a pris des décisions courageuses ». Me Dijoux a aussi fait remarquer que le préjudice moral de la victime était énorme, n’ayant qu’une toute petite retraite.
En commençant ses réquisitions le substitut Anne-Sophie Kopacz a déploré que le prévenu n’exprime pas de regrets à l’audience. Faisant observer que, si c’est la parole de l’un contre celle de l’autre, le contexte de violences est toutefois corroboré par l’entourage. Et de requérir notamment 9 mois de prison avec sursis, assorti d’une mise à l’épreuve de 2 ans.
« Il a pris la mesure de la situation » a souligné Me Jean-Luc Sériot, qui défendait Robert, lequel n’avait été jusqu’à présent jamais condamné. L’avocat chalonnais a également réclamé l’indulgence du Tribunal. « Les menaces ne sont pas contestées. Une peine de 9 mois de prison, alors qu’il n’y a pas d’antécédents, c’est lourd. Vous avez tous les éléments pour un apaisement ». Une indulgence qu’il a en partie obtenue, le mis en cause n’écopant finalement que de 7 mois de prison avec sursis, avec néanmoins une mise à l’épreuve de 2 ans, avec obligation de se soigner et d’indemniser la victime (une somme de 400 € a été allouée à la partie civile) et avec interdiction d’entrer en contact avec la victime et de paraître à son domicile ou aux abords de son domicile.
 

Gabriel-Henri THEULOT