Saône et Loire
Julie Durand en mission humanitaire dans l’île de Mohéli
Publié le 21 Août 2015 à 09h13
Expatriée depuis plus d’un an en terre Comorienne, Julie Durand coordonne la mise en place d’un projet humanitaire autour de l’eau, une mission qui s’assimile à une vocation.
Ou se situe Mohéli ? Il s’agit d’une des quatre îles qui composent l’archipel des Comores, la-bas à 12 heures d’avion, dans l’Océan Indien, gardant le passage maritime du fameux canal de Mozambique entre l’Afrique de l’Est et Madagascar, avec ses trois autres compagnes que sont la Grande Comores, Anjouan et Mayotte, dernier département français enregistré en 2011. Mohéli est une île de 40 000 habitants, faisant partie de la République comorienne ou les touristes ne font pas légion comme on pourrait le penser et ce malgré la beauté que ce lieu peu représenter.
En allant travailler volontairement dans cette région du monde, Julie Durand, une jeune autunoise de 25 ans, a voulu avant tout réaliser ce qu’elle avait envie de faire depuis toute petite, c’est à dire faire des voyages de longue durée : « Pour moi il fallait que j’aille dans ce sens. Après avoir réussi un BTS « Eau et assainissement », je me suis mise à travailler pour acquérir de l’expérience, ce que j’ai pu faire chez Véolia. Ensuite j’ai acquis une formation spécialisée dans la solidarité internationale, axée comme il se doit sur le forage, les systèmes de pompage ou l’hydraulique gravitaire, le traitement de l’eau et l’assainissement sans oublier les maladies qui sont liées à l’eau. »
Julie Durand a réalisé cette formation sur six mois, à Lyon au sein de Bioforce, à laquelle c’est ajouté la gestion d’un projet et de ressources humaines pour devenir une spécialiste de la gestion d’équipes adaptées à d’autres Cultures, voire civilisation ou manière de vivre, en mettant en place les outils de façon à ce qu’ils soient à la portée de tous.
Première mission : l’île de Mohéli
Expatriée sur le terrain comme chef de projet adjoint, toute seule pour réaliser ce projet ou la population est à 99% musulmane, elle agit pour le compte d’une ONG afin de développer l’initiative lancée par un bureau d’études français (EGIS), basé à Montpellier, travaillant à l’International et spécialisé dans le branchement d’eau.
Le projet consiste à approvisionner en eau potable une partie de l’île, la région de Djandro, regroupant quelques 15 000 habitants. Le projet est financé avec un don octroyé par l’AFD -Agence Française de Développement à l’Union des Comores, il vise à améliorer les conditions de vie et de santé des populations de l’île de Mohéli à travers l’amélioration de l'accès à l’eau potable de dix villages.
Outre l’étude et la réalisation des ouvrages d’assainissement et d’eau pluviale (AEP) dans ces localités, le projet prévoit la mise en place d’un service public de l’eau potable complet, durable et accessible à tous, ainsi que les mesures environnementales associées aux zones du projet.
4 000 000 d’euros engagés
La Maîtrise d’ouvrage du projet a été déléguée à l’UCEM (Union des Comités de l’Eau de Mohéli) qui dispose d’un mandat de l’Union des Comores pour assurer la mise en place de l’opération et de la maintenance des systèmes AEP sur l’île de Mohéli.
L’UCEM a engagé un processus de contractualisation avec la SOGEM (Société de Gestion de l’Eau de Mohéli) pour prendre en exploitation les dix villages du projet : jusqu’ici la SOGEM assurait uniquement l’exploitation de la capitale de l’île (Fomboni)
Un projet de 4 000 000 d’euros, basé sur une étude de faisabilité qui consiste à mettre l’eau potable dans les foyers par un travail au quotidien, à suivre et faire exécuter les travaux avec l’aide d’une entreprise française. Mais aussi et surtout de mettre en place un service public de l’eau en sensibilisant les habitants sur le paiement de l’eau, de façon à les sensibiliser sur un élément naturel nécessaire à la vie, tout en les formant au traitement des maladies diarrhéiques que cela entraine actuellement. C’est un vaste et grand projet pour l’île de Mohéli.
Une femme qui a trouvé sa place
Quand vous parlez avec Julie Durand, incontestablement on sent de l’envie et de la passion dans ce métier qu’elle a choisi : « Je considère que c'est le plus beau métier du monde, nous intervenons en équipe avec des locaux pour apporter l'eau dans les foyers, diminuer les maladies et faciliter la vie des femmes qui peuvent passer quatre heures à la rivière à l'aube. Il n'y a pas deux manières semblables d'agir sur ce genre de projet, nous n'avons pas la même approche en fonction du système utilisé pour s'approvisionner traditionnellement en eau, du parti politique ou de la taille du village. La communication avec la population (groupe de femmes, réunion après les prières, les écoles, les notables...), les autorités de l'île et du pays, est essentielle. »
« Aucune journée ne se ressemble et la moindre activité (de la réparation du générateur, à la sensibilisation sur les maladies diarrhéiques ou les réunions avec les bailleurs de fonds) sont des occasions de partager et de former le staff locale et le Maître d'ouvrage. Les travaux sont intensifs et contraints aux difficultés logistiques (manque de sable, d'essence et de main d'oeuvre qualifiée). La mise en place du service public est en perpétuel mouvement de manière à se rapprocher du mode de gestion le plus adapté, car on évolue d'une eau gratuite considérée comme un don de Dieu à un système volumétrique payant pour la préservation de la ressource et la pérennité du système. »
Une mission basée sur la vocation
Bien que jeune femme elle a trouvé sa place au sein des équipes d'homme et a gagné la confiance de ses collègues : « C’est un plaisir de travailler avec mon équipe, dès que l'un baisse les bras il y a toujours quelqu'un pour remotiver. La vie sur l'île n'est pas toujours facile, l'isolement se fait parfois ressentir. »
Julie a passé quelques jours en Métropole pour revoir sa famille et ses amis après 14 mois sur l’île de Mohéli, lui permettant ainsi de reprendre des forces et un certain recul. De nouveau elle a repris l’avion pour cette terre Comorienne car les travaux et la formation de l'exploitant ont pris du retard. Son prochain objectif sera d’effectuer les mises en eau des dix réseaux. Ce sera en octobre 2015 et la finalisation du projet prévu pour décembre 2015. Elle travaille actuellement à la recherche de financement pour maintenir une assistance technique à l'exploitant et au Maître d'ouvrage sur les trois prochaines années afin d'asseoir la gestion.
JC Reynaud
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