Saône et Loire
Manifestation des maires de Saône et Loire contre la baisse des dotations aux communes
Publié le 19 Septembre 2015 à 18h33
Tranquillement, près de deux cents élus ont envahi les jardins de la Préfecture samedi vers 11 h à l’appel de l’Association des Maires de Saône-et-Loire, déclinaison départementale de l’association des maires de France (AMF) et de diverses associations d’élus. En ligne de mire, les difficultés grandissantes des communes face à la baisse constante des dotations de l’Etat.
Quand on est maire et qu’on manifeste son mécontentement, contrairement aux autres corps protestataires, on a le droit de franchir les grilles de la Préfecture. Un privilège qui permet de faire une belle photo de groupe sur le perron de l’édifice. Mais l’accès au-delà des grilles des troupes mécontentes garantit-il une meilleure écoute par les représentants de l’Etat ? Cela reste à vérifier.
A la sortie de sa rencontre avec la directrice de cabinet du Préfet vers midi, Marie-Claude Jarrot présidente de l’Association des maires de Saône-et-Loire, partageait sa satisfaction d’avoir obtenu une écoute attentive notamment au sujet des normes plus restrictives et nombreuses imposées aux communes. Via un questionnaire à ses adhérents, l‘association fournira d’ici deux semaines une liste des communes mises en danger par la baisse des dotations, celle qui sont en « mode survie ». « Le préfet a besoin de cas d’école, d’exemples précis et les fera remonter ». Marie-Claude Jarrot s’est aussi dite rassurée au sujet du fonds de compensation de la TVA et des délais de remboursement par l’Etat, trop longs, ce qui cause de nombreux problèmes de trésorerie aux finances communales. Ce point-ci aurait été parfaitement compris.
Le rassemblement des maires de Saône-et-Loire a été un succès mais, comme les parlementaires socialistes du département l’ont affirmé ces derniers jours est-il aussi une « manipulation de la droite » dans un contexte pré-électoral ? A vrai dire, Infochalon a repéré peu d’élus de gauche dans les rangs des élus présents ce samedi matin à la Préfecture... Certains ont évoqué sans ambages « l’incapacité du président de la République et du gouvernement à agir positivement pour les collectivités territoriales ». Toutefois, au-delà des clivages politiciens et politiques, chez les maires des petites communes, c’est surtout l’angoisse de boucler les budgets et de renoncer à certains investissements qui prévaut.
Agnès Humbert et David Lefebvre, de Rully, 1640 habitants évoquent par exemple les animations périscolaires en frais supplémentaires induits. Rully a choisi de vendre quelques biens communaux pour boucler le budget et de faire « beaucoup d’économies », ou de différer des travaux, notamment pour l’entretien des routes. « On n’est pas là ce matin pour faire de la politique mais pour transmettre notre inquiétude de gérants de communes. Vous vous rendez compte, une baisse de 30 % ! Qui résiste à ça ?» interroge Agnès Humbert.
Pour les maires de Prissé et Cortevaix, la baisse des dotations peut s’avérer dramatique. « Le gouvernement invente sans arrêt de nouvelles charges pour les collectivités et il réduit les crédits. Moi, je n’ai pas fait l’ENA, franchement, je ne sais pas faire » ironise Michel Daventure, le maire de Prissé, à côté de Mâcon. « On va être obligé de rogner sur l’entretien des routes et des bâtiments, sur les subventions aux associations » renchérit le maire de Cortevaix.
« On est là pour montrer au Préfet qu’une réaction peut s’organiser en toute bonne volonté, à partir d’élus de base comme nous » affirme Jean-Paul Bontemps, le maire de Boyer, 700 habitants. « Quand il y a baisse de dotation, la 1ère année on fait des économies, la 2e année on fait de plus grosses économies et la 3e année on ne passe pas ! » Le maire de Boyer dit avoir perdu 20.000 € de budget cette année. « Comment faire si une grosse dépense imprévue intervient ? s’interroge son collègue de Saint-Ambreuil, 600 habitants, François Duparay. « L’Etat ferait mieux d’abord de faire des économies sur son propre fonctionnement. Les petites communes rurales sont le premier facteur de vie sur le territoire. » Et le duo de la communauté de communes « Entre Saône et Grosne » de râler en chœur contre la paralysie prévisible de leurs projets.
Une délégation de cinq maires membres de la communauté de communes Mâconnais Beaujolais dit « n’être pas là pour faire de la politique. On cherche à travailler dans le calme et la sérénité, on n’y arrive plus, nos missions deviennent de plus en plus compliquées. Et la loi NOTRe ne va pas arranger ça ! ». Ils évoquent le transfert des compétences en urbanisme intervenu le 1er juillet. Et quand on leur parle d’éventuelle manipulation par la Droite de la manifestation évoquée par les socialistes, la réponse fuse : « Nos communes souffrent vraiment. Il y a un vrai ras le bol chez les élus locaux. On leur balance de plus en plus de responsabilités et de charges sans moyens. Quelles que soient nos opinions politiques, quand on est élu municipal, on rencontre les mêmes difficultés ». Au total, la baisse des dotations qui a commencé en 2014 représente plus de 3, 5 milliards d’euros par an, deux milliards d’euros en moins pour les communes et intercommunalités.
Florence Genestier
Pour info :
L’Appel du 19 septembre de l’AMF https://www.change.org/p/l-appel-du-19-septembre-pour-toutes-les-communes-de-france
Le communiqué de l’Association des maires de Saône-et-Loire http://www.amsl-71.fr/documents/portal1168/cp-rassemblement-du-19-septembre.pdf
Notre article sur cette manif de l’AMF vue par les élus socialistes http://www.info-chalon.com/articles/saone-et-loire/2015/09/18/16205/parlementaires-ils-denoncent-l-instrumentalisation-politique-des-elus-de-droite/
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