Pour Christophe Sirugue, Gilles Platret fait son auto-promotion politicienne sur le dos des Chalonnais

En conseil municipal de Chalon sur Saône, Christophe Sirugue a été clair sur ce qu'il considère comme les motivations de Gilles Platret.

Info-chalon vous propose l'intégralité de l'intervention de Christophe Sirugue prononcée en conseil municipal ce mardi soir.

Monsieur le Maire, dans sa présentation nous a beaucoup parlé de laïcité. Je pourrais bien sûr revenir ou discuter chacun des points de sa démonstration. Mais je n’en retiendrai qu’un seul, que M. le Maire a d'ailleurs évoqué en citant la circulaire du 16 Août 2011, circulaire qui fait autorité : «le fait de prévoir des menus en raison de pratiques confessionnelles ne constitue ni un droit pour les usagers ni une obligation pour les collectivités ».

Voilà c’est dit, la laïcité n’interdit pas les plats de substitution, pas plus qu’elle n’oblige la ville de Chalon à les fournir. J'ajouterais pour notre part, que la laïcité est la liberté absolue de conscience et que nous ne voyons pas ce qu'elle a à faire avec l'assiette.

Chacun comprend donc que ce n’est pas ce beau principe de laïcité qui est en cause, malgré la confusion que certains souhaitent entretenir, et du coup le débat devient plus clair. Et donc l'intégralité de ce rapport justifiant au nom de la laïcité la modification de notre règlement de la restauration scolaire est nul et non avenu.

Si Monsieur Perben avait dans les années 80 décidé que les cantines de Chalon proposeraient désormais des plats de substitution au porc aux enfants chalonnais, c’est parce qu’il avait le souci du vivre-ensemble, la volonté que Chalon, notre ville, n’exclue personne.

Et je souhaite retenir sa phrase quand il a déclaré qu’il s’agissait d’un fonctionnement «qui ne gênait personne et qui permettait un vivre ensemble accepté par tous». Qui peut le contester ? Qui dans cette salle a entendu parler du moindre incident autour de ces plats de substitution ?

Alors Mesdames et Messieurs les conseillers de la majorité, quand celui qui a été le maire de Chalon pendant plusieurs mandats, mais aussi ministre de la Justice, celui dont vous êtes nombreux à vous réclamer prend la peine de sortir de son silence sur les affaires chalonnaises, ce serait le mépriser et faire une grande erreur que de ne pas l’écouter.

Car si ce soir, Mesdames et Messieurs les conseillers vous votez pour cette délibération, vous commettriez une quadruple faute.

Ce serait une faute contre l’image de notre ville.

Avons-nous tant besoin de publicité qu’il faille que dans les médias nationaux et internationaux on continue à entendre parler de Chalon pour autre chose que ses atouts ? On ne compte plus les articles de presse ou les reportages radios ou télévisés qui mettent douloureusement pour tous ceux qui sont attachés à Chalon, notre ville à l’index. Cela nous pouvons le réparer ce soir en refusant cette délibération.

Ce serait une faute contre les Chalonnais.

Je ne nie pas que certains vous soutiennent quant à cette décision M. le Maire, mais quand ce ne sont pas pour des motifs inavouables, ce sont parce qu’ils ont été trompés par votre argumentation sur la Laïcité.

Le rôle d’un maire et des conseillers municipaux n’est pas d’ajouter à la confusion des uns et des autres en instrumentalisant des principes de notre droit, et si vous ne voulez pas m’écouter, écoutez au moins les mots de Dominique Perben : « Que signifie cette instrumentalisation de la laïcité ? Laïcité n’a jamais signifié la non-prise en compte des règles, des habitudes, des coutumes différentes. »

Ce serait une faute contre toutes les personnes à qui justement, à Chalon comme ailleurs, cette pratique des plats de substitution au porc envoyait un message d’accueil et de bienveillance. Si nous votons la fin des plats de substitution ce soir, il sera compris par ceux de nos concitoyens de religion musulmane ou juive, que nous ne voulons plus de leurs enfants dans nos cantines.

Enfin ce serait une faute contre le vivre-ensemble que je distingue du terme de faire société car il tient compte des différences de chacun qui est devenu aujourd'hui un combat et qui justifie pourtant de nous rassembler tant il est battu en brèche régulièrement.

A ces éléments locaux s'ajoutent des éléments nationaux.

Monsieur le Maire vous n'avez pas ouvert le débat, vous l'avez ici par votre décision unilatérale clos.

Vous n'êtes pas le héraut de la laïcité et un peu comme Jeanne d'Arc il me semble que vous avez entendu une voix.

Car chacun l'a bien compris, vous êtes en service commandé Monsieur le Maire pour quelqu'un qui est par ailleurs votre Président du mouvement politique auquel vous appartenez.

Car au fond tout cela ne peut se comprendre qu'en faisant le constat qu'au travers de cette annonce unilatérale de Monsieur le Maire, il n'y avait rien d'un quelconque attachement à la laïcité. Mais la seule volonté d'exister, de se faire repérer, de jouer son intérêt particulier contre l'intérêt général.

Vous nous faites prendre un grand risque car c’est un formidable argument que vous fournirez vous-mêmes aux radicaux et extrémistes pour refuser l’école de la République.

La laïcité est ainsi détournée de son sens par ceux qui l'ont combattue pendant des décennies et qui cherchent désormais à en faire une arme contre la religion musulmane quitte à renforcer tous les intégrismes. Et quand, comme ce soir, vous faites un amalgame dans vos propos entre les attentats que nous avons connu et l'accélération de la réflexion sur la laïcité que vous menez, c'est grave. C'est grave car vous participez de cet amalgame savamment entretenu et qui confond les extrémistes de tout bord avec celles et ceux qui pratiquent une religion quelle qu'elle soit. La Laïcité ce n'est pas le refus des croyances et encore moins le terreau des amalgames.

Alors mesdames et messieurs les conseillers municipaux nous avons une décision majeure à prendre ce soir.

Parce que, tout comme vous, nous savons à quel point cette décision est symbolique et importante, le Groupe Chalon Autrement demande que le vote se déroule par scrutin public.

Et je vous conjure, tous, individuellement de mettre de côté, l’espace d’un instant, l’espace d’un vote, vos fidélités partisanes, vos intérêts particuliers pour montrer que vous, vous ne pensez qu’à l’intérêt général au moment de voter.