Chalon sur Saône

Tribunal correctionnel de Chalon - Prison ferme après une querelle de voisinage qui dégénère

Tribunal correctionnel de Chalon - Prison ferme après une querelle de voisinage qui dégénère

Deux jeunes gens de Saint-Vallier sont restés en prison : l’un pour un an ferme, l’autre pour six mois. Vendredi dernier, ils ont pris à partie une voisine qu’ils ont frappée. Des coups de feu ont été tirés contre sa porte. Pour rien.

Elle se demande encore dans quel état elle aurait fini si elle n’avait pas réussi à se réfugier dans son appartement et à fermer sa porte. Cette mère de famille de Saint-Vallier a reçu des coups et sa porte d’entrée de la grenaille, vendredi 1er octobre. Dans l’escalier, elle a croisé un père de famille de 23 ans, venant d’emménager dans l’immeuble, qui avait tout l’après-midi fêté la naissance de son nouveau-né avec l’un de ses copains en buvant du whisky et en fumant des joints. Ludovic n’est pas dans son état normal. Dans le box, il affirme ne se souvenir de rien. Il avait entendu dire que sa voisine n’était pas toujours très cool avec les jeunes du quartier. Il vit du RSA avec sa compagne, n’arrive pas à trouver de travail, est très impulsif. « C’est toi la salope qui fait chier tout le monde ? » lance-t-il à la voisine en guise de bonjour. On a connu prise de contact plus chaleureuse. Le récit de l’altercation est confus. La voisine, en parlant,  aurait touché la compagne de Ludovic, ce qui aurait déclenché la tempête. Des coups de poings, puis de pied. L’ami venu fêter l’arrivée du bébé s’en mêle, tente de séparer les deux protagonistes, bouscule la dame. Pendant ce temps, Ludovic retourne dans son appartement chercher une arme, que son ami Quentin garde toujours avec lui. Il fera feu à cinq reprises sur la porte de l’appartement de la voisine qui lui déplaît.

« Vous imaginez ce qui aurait pu se passer si la voisine avait ouvert sa porte à ce moment-là ? Pour rien, vous faîtes usage d’une arme à feu et vous frappez…» s’inquiète la présidente Laurianne Baillargeaux.

« Nous sommes face à des violences peu banales et gratuites, note le parquet. Les deux prévenus sont dans un état d’ivresse avancé. Si la voisine n’avait pas fermé sa porte,  il aurait pu tirer à bout portant. Il apparaît clairement qu’il n’arrive pas à se maîtriser quand il a bu et fumé. C’est préoccupant ». Elle requiert 18 mois d’emprisonnement pour Ludovic, assorti d’un sursis de six mois, douze pour Quentin, avec le même sursis. Avec, pour les deux, une forte obligation de soins, de travail et de réparation des dommages et un suivi.

Me Damien Varlet, l’avocat de Quentin, minimise le rôle de ce dernier dans l’altercation. « Il est intervenu pour calmer les choses, dans un deuxième temps », plaide-t-il. Quentin, qui souffre d’un handicap psychiatrique, préfère se passer de son traitement et fumer du cannabis. Il se balade avec un révolver 9 mm et tient un discours peu cohérent sur « les gens qui l’embêtent ». Il peut heureusement être pris en charge par sa famille loin de Saint-Vallier. Me Bourg, l’avocate de Ludovic, admet que son client « a un problème avec l’alcool » mais insiste sur l’absence de faits de violence dans son casier judiciaire. De son côté, la victime, partie se réfugier à l’hôtel avec son fils la nuit qui a suivi l’altercation a demandé une interdiction de paraître dans son immeuble à l’intention de son voisin trop nerveux. L’OPAC 71 réclame aussi 200 € de dommages et intérêts aux prévenus pour les dégâts commis sur la porte.

Le tribunal condamne Ludovic et Quentin aux peines requises par le parquet. Quentin pourra sans doute voir sa peine aménagée.  Le tribunal interdit à Ludovic de paraître dans l’immeuble.. « Cela signifie qu’il faut déménager » précise au final la présidente au jeune prévenu et à sa famille, dans la salle. Trop arroser un joli événement comme la naissance d’un bébé peut donc dégénérer en violence gratuite et dommageable pour tout un voisinage…

 

Florence Genestier