Châtenoy le Royal

Tendresse et émotion sur fond d’immigration .....

Tendresse et émotion sur fond d’immigration .....

....Autour d’une lecture théâtrale sur le livre de Giuseppe Mungo « On a fait de nous des immigrés », nostalgie, colère et amour pour un pays d’accueil.

En écoutant les récitants du livre écrit par Giuseppe Mungo, présent et acteur en compagnie de Michel Damiens et Patricia Piana pour cette lecture-spectacle organisée dans les murs de la Bibliothèque Municipale, on ne pouvait s’empêcher de penser, au terme de ces instants d’émotion, à cette phrase,de Danton : « On emporte pas la patrie à la semelle de ses souliers ».
Le désormais chalonnais Giuseppe Mungo a retracé avec beaucoup de sensibilité toute cette épopée familiale qui, à la fin de la seconde guerre, a fait immigré bon nombre d’italiens du Sud afin de rechercher du travail, pour vivre ou survivre, alors que le Nord de l’Italie prenait un ascendant économique dans l’ignorance presque parfaite des territoires du Sud dont cette Calabre d’ou est originaire l’auteur et sa famille.
Quelle leçon de courage et d’abnégation pour son père qui travaille aux forges du Creusot et qui élève ses enfants, parfois durement, mais afin qu’ils puissent acquérir un minimum de connaissances et intégrer ce pays qui l’a accueilli dans les années 1950.
Un texte parfaitement maîtrisé pour ce lieu fait pour la lecture par Michel Damiens et Patricia Piana. On ne pouvait pas ne pas se poser la question sur nos propres origines « Ne sommes nous pas tous des immigrés ». Une écriture venue du coeur ou la vérité et le vécu transpirent de l’indifférence humaine des gouvernants face aux migrants de l’époque. Dans le contexte actuel ne pourrions-nous pas aussi nous interroger sur ce phénomène d’immigration ?
Les paroles du texte sont parfois dures. Elles dénoncent cette souffrance physique et psychique qu’a subi l’auteur loin de sa terre natale afin de venir vivre dans ce pays de France ou il a grandi dans son corps et dans son coeur.
Récit découverte ou il faut apprendre à comprendre, a subir les saisons, l’intense activité des villes, la découverte du travail dans les forges Schneider, loin, très loin de ce Sud aux odeurs, souvenirs, gestes et symboles font que la vie est différente. Nostalgie d’un pays qui n’a pas vu grandir l’auteur mais qui en a gardé des attaches familiales que l’on ne peut oublier et pourtant dont il faut concevoir de quitter pour aller vivre au loin, là-bas, en cette terre française qui finalement devient une nouvelle patrie.
Un texte sur lequel on ne peut être insensible, d’autant que Giuseppe Mungo a très bien résumé la motivation de cette immigration d’une terre dure et ingrate : « Donner de la place à quelqu’un c’est perdre un peu de soi. » …. tout en allant vers un peu d’espérance et une vie meilleure.
JC Reynaud

« On a fait de nous des immigrés » de Giuseppe Mungo, aux Editions de l’Harmattan, collection Graveurs de mémoire.