Chalon sur Saône

Communion de corps et d'esprit au concert d'une Brigitte rayonnante à Chalon

Communion de corps et d'esprit au concert d'une Brigitte rayonnante à Chalon

Brigitte. Un prénom un brin suranné, mais deux personnalités attachantes, vivifiantes, celles d’Aurélie Saada et de Sylvie Hoarau, inféodées à une même cause artistique : les bonheurs, heurts et malheurs de la gent féminine. A Chalon-sur-Saône, dans une salle Marcel-Sembat pleine comme un oeuf, elles ont mercredi soir mis le doigt là où ça fait du bien, et parfois, là où ça fait mal. La séance de câlinothérapie collective a donné du baume au cœur et, peut-être, des pistes à suivre hardiment…

Grandeur et décadence des thèmes réalistes scrutés

Pluridimensionnelle, pourtant une et indivisible, Brigitte ne l’envoie jamais dire. Sans fard. Récurrent cheval de bataille, une certaine condition féminine arbore les traits des hauts et des bas, passages obligés, sel de l’existence ne s’apparentant en rien à un long fleuve tranquille. Grâce à un savant dosage de glamour, d’humour, de malice, suggestivité, l’artiste puissance deux n’a de cesse de s’abreuver aux mamelles de la féminité poussée dans ses retranchements. Grande s’avère la marge de manœuvre, tant le champ exploratoire a tout d’un gouffre abyssal…Les élans passionnels, coups de griffe, turpitudes, quête d’espérance, bouffées d’hédonisme, sont bel et bien les preuves que l’universalité de l’amour a encore de beaux jours devant elle. Dans ses chansons les formulations sont très imagées, la teneur des textes coule de source, se buvant comme du petit lait. L’hymne au baiser, son mec : chasse gardée, le besoin viscéral de maternité, l’hétérogénéité des femmes, etc. participe d’une large revue de sujets portant en eux des étincelles de joie, ainsi que les stigmates des blessures internes. A forte ossature féminine, le public ne s’y est point trompé et a traité d’égal à égal.

S’il est resté sagement sur son séant pendant le premier tiers (« L’échappée belle », « Oh Charlie chéri », « Embrassez-vous », « Je veux un enfant »…) il s’est bien campé sur ses jambes durant le significatif « A bouche que veux-tu », n’hésitant pas à réitérer les signes ostensibles de climat fusionnel que sont l’accompagnement vocal, la gestuelle de la danse sur place, et à l’instant du rappel, de l’inévitable ban bourguignon, garants d’une chaude ambiance. Ne restait plus qu’à asséner le coup de grâce jusqu’à plus soif avec des titres tels que « Plurielle », « Ma benz », « Jesus sex Symbol », « Battez-vous »…La pétulance, la fraîcheur de Brigitte auront fonctionné à plein régime. Qui pour trouver à y redire, d’autant plus qu’en première partie la chanteuse Chat –laquelle devait ensuite intégrer derrière son clavier les musiciens de la chanteuse bicéphale- était chargée de conditionner les ouailles de l’invitée vedette ?

                                                                                                  Michel Poiriault