Chalon sur Saône

Salle comble pour Michel Onfray à Chalon sur Saône

Salle comble pour Michel Onfray à Chalon sur Saône

Plus de 1000 personnes sont venues voir et écouter Michel Onfray. "Populaire ou populiste" titre L'Express, le philosophe préféré des français a bien ses fans... et ses détracteurs. Une chose est sûre Michel Onfray déplace les foules ; pour preuve, jeudi 15 octobre, la salle Marcel Sembat à Chalon-sur-Saône a été prise d'assaut.

Arrivée pourtant avec une dizaine de minutes d'avance, je me retrouve au fond de la salle. Ce que j’observe c’est un millier de têtes tournées vers un seul point fixe – un point lumineux, tout au loin, qui éclaire nos esprits plongés dans la pénombre. D’où je suis, je ne distingue rien, j’essaie d’imaginer les contours de son visage, c’est à peine si je devine son épaisse chevelure poivre et sel. Michel Onfray est un halo de lumière – diffus. Je suis assisse par terre comme ce chien de Diogène de Sinope, Michel Onfray, sur une estrade, me surplombe. Que personne ne se mette devant mon soleil ! Je suis prête à recevoir la parole du cynique, de l’athéiste, de l’hédoniste. Tout comme ses pairs, il use de la parole mordante et avec beaucoup d’humour, aborde les grands thèmes qu’il développe dans ses ouvrages (plus de 80 à ce jour).

Dès le début de la conférence, Michel Onfray tire à boulet rouge sur les journalistes, ponctue son propos lorsqu'il s'agit de s'adresser à ceux qui sont dans la salle. Il y a entre Michel Onfray et les média un tacite contrat, un pacte entre deux ennemis. Tous témoins, les polémiques s'enchainent : de quelques contrariétés avec Bernard Henri Lévy aux débats clash avec Alain Finkielkraut ou Jacques Attali, aux anicroches (doux euphémismes) avec Valls en passant par son passage sulfureux sur le plateau d’On N’est Pas Couché.« La réputation est la somme des malentendus que l’on accumule à son sujet » dit-il.

Ce que Michel Onfray réussit à merveille, c’est de nous réconcilier avec la philosophie dans sa manière de l’aborder. D’autres avant lui s’y étaient aventurés et avaient échoué. « La philosophie doit être faite pour tout le monde comme le cinéma ou la musique ». Loin de penser que Michel Onfray veuille faire de la philosophie un spectacle, n’est-il pas spectacle grâce à la philosophie ? Plus tard, dans la soirée lorsqu’il exhorte : « Faites de votre vie, une œuvre d’art », il triomphe.  « Il y a trop de vie « duplicable », il faut être maitre de son désir » poursuit-il. Même enthousiasme lorsque invite à construire des cercles éthiques autour de soi et conseille de travailler dans une logique d’élection/éviction pour qui veut fuir les délinquants relationnels. Michel Onfray est-il un « empêcheur de philosopher en rond » comme on nous l’a présenté ? Le public ne réagit pas lorsqu’il annonce d’emblée « Jésus n’a jamais existé ». Dans la salle, pas de gloussement, pas de chahut. C’est vrai qu’avant lui, Nietzsche écrivait « Dieu est mort », alors... 

Quoi qu’on puisse en penser, il renoue avec cette volonté de démocratisation de la philosophie pour ne pas dire de vulgarisation. Et quoi que l’on en dise, il a réussi ce fabuleux tour de nous donner envie de se pencher sur « La puissance d’exister ».

>>> Prochaine conférence : Christophe André : « Qui nous fera voir le bonheur ? » jeudi 31 mars 2016 à 20h30. Informations : tél. : 03 85 48 37 97