Chalon sur Saône

Tribunal correctionnel de Chalon - Au volant de sa voiture avec 3 g d’alcool... et sa fillette de 3 ans comme passagère

Tribunal correctionnel de Chalon - Au volant de sa voiture avec 3 g d’alcool... et sa fillette de 3 ans comme passagère

Privée de son papa depuis le 28 septembre 2015, date de l'incarcération de ce dernier en préventive au centre pénitentiaire de Varennes-le-Grand, une fillette de 3 ans et demi attendra encore pendant quelques mois le retour à la maison de celui qu'elle réclame chaque soir.

Poursuivi pour une série d'infractions routières, le père de la fillette, un quadragénaire creusotin, a en effet été condamné jeudi par le tribunal correctionnel de Chalon à 18 mois de prison, dont 12 mois avec sursis, assorti d'une mise à l'épreuve de 3 ans, avec obligation de travailler ou de suivre une formation et de se soigner et avec interdiction de fréquenter les débits de boisson. Le Tribunal, qui jugeait le prévenu selon la procédure de comparution immédiate, a également révoqué, à hauteur de 5 mois, un précédent sursis, infligé le 16 juin 2014 par le tribunal correctionnel de Lons-le-Saulnier, a ordonné la confiscation de son véhicule, et a décidé son maintien en détention.
Appelée une première fois le 28 septembre dernier devant cette même juridiction, l'affaire avait été renvoyée à ce jeudi, afin de permettre au quadragénaire de préparer sa défense.
La veille, Carlos, le prévenu, qui circulait au volant de sa voiture, à l'arrière de laquelle se trouvait son enfant, avait été interpellé au Creusot par des policiers, requis par des tiers, à l'issue d'une brève course poursuite. Lors de l'interpellation, les fonctionnaires de police avaient noté que l'automobiliste sentait fort l'alcool, qu'il tenait des propos incohérents et qu'il titubait. Faisant suite à l'éthylotest, l'éthylomètre avait révélé un taux d'alcoolémie de 1,48 mg par litre d'air expiré et le mis en cause n'avait pu présenter ni permis de conduire, ni assurance.


Sa fille voulait un Happy Meal

 

Carlos a fait aucune difficulté pour reconnaître les infractions. Il a ainsi raconté aux enquêteurs que ce dimanche 27 septembre 2015, dès le matin, il avait bu tout seul une bouteille de whisky et qu'en cette fin d'après-midi il s'était rendu au Mc Do du Creusot, pour faire plaisir à sa fille, qui lui réclamait un Happy Meal. Il a aussi précisé que depuis quelques semaines, le week-end, « il se lâchait », « qu'il avait besoin de prendre l'air, de boire un coup avec les copains ». Il a également expliqué que s'il n'avait pas pu montrer son permis de conduire, c'est parce que celui-ci avait été annulé en février dernier et que s'il n'avait pas d'assurance, c'est parce que celle-ci était arrivée à terme en juillet et qu'il ne l'avait pas renouvelé. Quant au refus d'obtempérer à une sommation de s'arrêter, il a dit qu'il n'avait pas réfléchi et qu'il avait eu peur d'aller en prison.

« La situation de Monsieur est inquiétante » a estimé le substitut Anne-Sophie Kopacz « car on a le sentiment que les interdits, que les avertissements qui lui ont été adressés par la justice n'ont eu aucun effet ». Et la représentante du ministère public, faisant allusion à son mépris de la loi et à sa totale inconscience, de poursuivre « Que faut-il faire pour qu'il prenne conscience qu'il est un véritable danger pour lui, pour sa fille et pour tous les autres usagers de la route ». Ayant affirmé que la détention pouvait peut-être jouer un rôle d'électrochoc, Anne-Sophie Kopacz a requis notamment 1 an de prison à l'encontre de Carlos, qu'elle a qualifié de « véritable délinquant de la route » et dont le casier judiciaire fait état de neuf mentions depuis 2004, dont plus de la moitié pour des infractions à la législation routière.


Une famille unie derrière lui


Conseil de Carlos, Me Laurence Grenier-Guignard, a indiqué que tous les proches de son client étaient présents dans la salle d'audience, que la famille était extrêmement soudée dans l'adversité et que c'était une famille qui ne faisait jamais parler d'elle. L'avocate a également signalé que le prévenu avait été quitté par son ex-compagne, alors que leur fille n'avait que cinq mois, et que l'enfant était tout pour lui. Me Grenier-Guignard a aussi expliqué pourquoi le quadragénaire avait rechuté, après une période d'abstinence. Carlos a toujours travaillé depuis l'âge de 18 ans comme boucher, il n'a plus d'emploi depuis juillet, et totalement désœuvré, il s'est remis à boire...

Gabriel-Henri THEULOT