Opinion

Femmes Solidaires alerte les syndicats sur la réforme des régimes de retraites complémentaires

Une réforme des régimes de retraites complémentaires (caisses Arrco et Agirc) est actuellement en cours de négociation par les partenaires sociaux (et les organisations syndicales).
Les Féministes en Mouvements se mobilisent contre cette réforme, qui, si elle est signée ce 30 octobre, serait délétère pour les droits des femmes. Pourquoi ? Parce que cette réforme, qui propose un « malus » pendant 3 ans pour les personnes partant à la retraite à l'âge légal et avec leurs annuités, pénalisera encore plus les femmes dont la pension est en moyenne à 951 euros bruts par mois (contre 1 654 euros pour les hommes). Nous vous invitons à lire la tribune co-signée par les Féministes en Mouvements, les Effronté-e-s, le CNDF, la fondation Copernic et ATTAC France à ce sujet.

Il existe pourtant une solution pour réduire les déficits des caisses AGIRC et ARRCO : réaliser l'égalité salariale !

Actuellement, trois organisations syndicales ont indiqué vouloir signer cet accord. A nous de les en dissuader en quelques clics, au nom de l'égalité entre les femmes et les hommes.

Le courrier envoyé aux organisations syndicales
Vos organisations défendent les intérêts des salarié-e-s, femmes et hommes, et se sont toujours déclarées attachées à faire de l'égalité professionnelle une réalité. Or vous vous apprêtez à signer un accord sur les retraites complémentaires Agirc et Arrco qui, s'il était mis en œuvre, aboutirait à pénaliser encore plus fortement les femmes.
Le projet d’accord prévoit que sur les 6 milliards de financement nécessaires, l’essentiel (environ 90 %) sera supporté par les salarié-e-s et les retraité-e-s.
Or, les sacrifices que vous leur imposez seront particulièrement discriminants pour les femmes. Comme vous le savez, malgré 8 lois successives, les femmes en France gagnent toujours 27% de moins que les hommes, tout temps de travail confondu. Or qui dit inégalités salariales, dit faibles pensions de retraites : les femmes ont ainsi des pensions inférieures de 40% à celles des hommes. Elles ont encore aujourd’hui des carrières plus courtes que les hommes, elles partent en retraite en moyenne plus tard que les hommes (à 62,6 ans dans le régime de base contre 61,9 ans pour les hommes). Toute augmentation de la durée de cotisation exigée pour avoir une pension à taux plein les pénalise donc plus fortement.
De même, la décision de reconduire la sous-indexation des pensions pour trois ans encore va toucher plus gravement les femmes retraitées dont la pension s'élève en moyenne à 951 euros bruts par mois (1654 euros pour les hommes). Les femmes handicapées seront encore plus pénalisées. Car elles ont souvent eu une carrière hachée et des emplois à temps partiel. Leurs retraites seront donc très réduites.
Les chiffrages des caisses AGIRC-ARRCO démontrent que réaliser l'égalité salariale en une décennie permettrait d’effacer tout déficit à l’ARRCO jusqu’en 2040 et de réduire de 46 % le déficit de l’AGIRC. Certains syndicats ont donc proposé d'instaurer une cotisation temporaire pour toutes les entreprises dans lesquelles l'égalité femmes-hommes n'était pas effective, de façon à inciter fortement aux comportements vertueux, et à dégager des ressources supplémentaires pour les régimes.
Ainsi, sur les 6,1 milliards de financements  prévus dans le projet d'accord, 5,35 milliards sont supportés par les salariés et retraités, 780 millions par le patronat, dont pour lesquels vous avez aussitôt obtenu du Gouvernement l’engagement d’une compensation. Les femmes, elles, n'auront pas cette chance ! 
Aussi, nous vous demandons de rester fidèles aux valeurs que vous portez. Vous pouvez agir pour faire de l'égalité salariale une réalité, Nous comptons sur vous ! Ne signez pas cet accord !

Evelyne Rogowicz
Présidente départementale de Femmes Solidaires