Opinion

Cumul des mandats : des ennemis ou des jumeaux ?

Cumul des mandats : des ennemis ou des jumeaux ?

Certes, le style les oppose. L’un est toujours à la recherche du bon coup médiatique jusqu’à la saturation, l’autre est plutôt avare de sa parole jusqu’à être quelque peu transparent tellement il est discret. L'analyse d'un fidèle d'info-chalon.com

Mais, à regarder les choses de plus près, Gilles Platret et Jérôme Durain ont au moins un point commun, et il est de taille. C’est le renoncement quant à leurs engagements sur le cumul des mandats.

La promesse du premier a été dans la dernière période suffisamment rappelée et commentée : « Je serai un maire à 100% ». Première entorse dès les premiers jours du mandat quand il devient vice-président du Grand Chalon. Deuxième entorse ces dernières semaines en ayant joué des coudes, sans doute contre Dominique Juillot en particulier parce ces deux-là ne s’aiment pas vraiment, pour être en position nécessairement éligible sur une liste candidate au Conseil Régional. Vous le remarquerez, les cumulards repentis du non cumul ont toujours une bonne excuse pour se justifier de l’être : on leur a demandé ! Manque de chance, cet argument a été démenti par la tête de la liste elle-même sur laquelle figure Gilles Platret : il a fait, comme les autres, acte de candidature et personne n’est venu le prier.

Pour défendre les intérêts de Chalon, dit-il. Cet argument est le plus nul qui soit. D’abord parce qu’il apporte la preuve qu’une fois conseiller régional, Gilles Platret choisira toujours les intérêts de la ville, plutôt que ceux de la région. Ce n’est pas l’esprit du mandat qu’il sollicite et cette manière de penser donne raison aux anti-cumuls. Ensuite, c’est le même argument qui sert à Isabelle Dechaume quand elle explique pourquoi elle cesse d’être première adjointe au maire de Chalon : être au service des chalonnais au Conseil Régional. Si on ajoute Dominique Juillot et Jean-Marie Moine, eux aussi sur la liste de droite, on fait les comptes : tous les quatre ont des fonctions municipales (maires ou adjoint), trois sont vice-présidents du Grand Chalon… vive le non cumul ! On se dit que le territoire chalonnais va être solidement défendu si la droite l’emporte… mais au détriment de quels autres territoires ?

Quant à Jérôme Durain, il est dans la droite (si l’on peut dire) ligne de son mentor : Montebourg avait fait du non cumul des mandats l’un de ses plus fameux chevaux de bataille avant de devenir président du Conseil Général tout en restant député. Jérôme Durain est sénateur. Et, tenez-vous bien si cela vous a échappé, tout en restant conseiller régional il aura été quatre fois candidats à des élections en 18 mois. Une vraie obsession que d’être élu : municipales, européennes, sénatoriales et maintenant à nouveau régionales, en tête de liste pour la Saône-et-Loire… sans le moins du monde envisager de renoncer à son mandat de sénateur, bien évidemment. Lui aussi a sans doute de bonnes raisons… qui sont autant de trahisons, dont celle de sa déclaration de juin dernier contre le cumul des mandats.

Ce qui attriste dans le comportement de l’un comme de l’autre, c’est que l’on ne voit rien dans cette génération que l’on peut encore qualifier de jeunes personnalités politiques de quoi redonner confiance aux Français dans leurs institutions.

Jean-François