Opinion

LIBRE OPINION - L'impasse de la droitisation

La multiplication surmédiatisée des sondages annonçant l’arrivée de l’extrême droite aux commandes de plusieurs régions, les coups médiatiques de Marine Le Pen, la soumission des chaînes de service public à la course à l’audimat nuisent gravement à une situation sociale et politique qui mériterait un autre traitement du droit à l’information.

Si on ajoute à ce constat celui du mépris affiché du patronat à l’égard des salariés et de leurs représentants, de l’appétit et du goût de l’argent sans limite de la finance et des gros actionnaires, de la mainmise des lobbies et de leurs complices politiques sur les structures politiques locales, territoriales, nationales ou européennes, il serait tentant de céder au découragement ou pire, de ne pas exercer son droit de vote.

Le nationalisme et le repli identitaire fondé sur le racisme avoué ou masqué, sont, aujourd’hui comme hier, les vrais pivots de l’idéologie de l’extrême droite. Ils ne sont en rien une barrière contre la mondialisation de la finance, contre l’ultralibéralisme destructeur et contre la misère de tous les peuples qu’ils soient d’ici ou d’ailleurs.

Nous sommes donc confrontés à un univers médiatique, social et économique dominé par deux fondamentaux.

Le premier est que l’ordre du monde, le pouvoir de l’économie, la gouvernance des experts et des technocrates ne pourraient pas être modifiés.

Le second est que la définition des identités, le dogmatisme religieux, le conservatisme politique, la cristallisation des civilisations, la fermeture des frontières, seraient les bases de l’ordre social et les conditions de survie des nations.

Nous soutenons, au contraire, que l’ordre capitaliste du monde doit être remis en cause et que la survie des peuples ne passe pas le repli sur soi. A l’échelle historique, toutes les civilisations qui ne se sont pas ouvertes aux autres sont mortes. C’est un fait !

Pour récuser l’idéologie mortifère des droites extrêmes, nationales ou pseudo-républicaines, les peuples doivent redresser la tête à partir des idées de développement humain, de solidarité, de respect et de démocratie.

L’éducation et la culture doivent être, partout, les moteurs incontournables d’une dynamique sociale équilibrée. Là où les extrémistes et les fanatiques sévissent, les écoles et les théâtres sont détruits. Là où les politiques populistes sont aux manettes, l’éducation, la culture, la vie associative sont toujours asphyxiées avec de faux prétextes.

La promotion d’une nouvelle démocratie (un humain= une voix qui compte) est la base de toute sociabilité politique. De ce point de vue, le mode de fonctionnement des institutions et la Constitution doivent être transformés avec la volonté de respecter les choix des électeurs.

La solidarité nationale et internationale, les échanges culturels et la mise en commun des savoirs sont les clés de toute humanité pacifiée.

Il appartient donc aux femmes et aux hommes progressistes et humanistes, dans toutes leurs sensibilités, de se rassembler et de prendre leurs responsabilités, dans les débats d’idée, dans les luttes sociales, économiques et culturelles, dans leur engagement citoyen.

Le choix volontariste de cette dynamique comme « marqueur  de gauche » est un choix porteur d’avenir, alors que celui du repli nationaliste, identitaire, raciste ne peut que conduire à l’impasse politique et économique, à la haine, aux affrontements stériles et au pire à la guerre des civilisations. Alors il faut oser, débattre, lutter et voter.

Le 2 novembre 2015

Lucien Matron