Chalon sur Saône

Tribunal correctionnel de Chalon - Elle dérange les policiers du Creusot par d’incessants appels au 17

Tribunal correctionnel de Chalon - Elle dérange les policiers du Creusot par d’incessants appels au 17

Depuis plusieurs mois Stéphanie ne cesse d'importuner les fonctionnaires du commissariat de police du Creusot, en passant une grande partie de son temps à faire le 17. A ses dires, un numéro qu’elle aime bien...

Des agissements contraires aux règles de la vie en société et qui ont valu à cette Creusotine de 38 ans de se retrouver lundi après-midi devant le tribunal correctionnel de Chalon, dans le cadre d'une procédure de comparution immédiate.


La justice reprochait en effet à Stéphanie trois infractions, à savoir des appels téléphoniques malveillants réitérés, un port sans motif légitime d'arme blanche et une dégradation de bien destiné à l'utilité publique. Pour des faits commis dans la Cité du Pilon, entre le 24 juillet et le 30 juillet 2015.
Le 24 juillet, aux environs d'1h 30, la prévenue a ainsi jeté une pierre en direction d'un véhicule de police, puis une autre après le passage de celui-ci. « J'ignore pourquoi j'ai fait ça » a-t-elle dit pour toute réponse. Quelques jours plus tard, le 30 juillet, en pleine nuit, elle a passé vingt appels à police secours depuis une cabine téléphonique, située au centre ville. Rapidement interpellée, elle sentait l'alcool et avait sur elle deux couteaux, avec lesquels elle venait de démonter la plaque de protection d'un feu tricolore. « J'avais envie. C'était pour m'occuper » a-t-elle alors précisé.
Dès le lendemain, le 31 juillet, lors d'une première audience, le Tribunal, suivant les réquisitions du parquet, avait ordonné une expertise psychiatrique, un mandat de dépôt et un renvoi de l'affaire au 10 septembre 2015. Le vice-procureur Isabelle Durnerin, qui occupait ce jour-là le siège du ministère public, avait noté que l'état psychologique de la mise en cause était très préoccupant. Durant sa garde à vue n'avait-elle pas indiqué qu'elle voulait les armes des policiers, heureusement non pas pour tuer mais tout simplement pour le plaisir. Mais le 10 septembre 2015, ne possédant toujours pas le rapport de l'expert désigné, le Tribunal avait été obligé de renvoyer une nouvelle fois l'affaire à ce lundi 2 novembre 2015, plaçant la prévenue sous contrôle judiciaire, avec obligation de suivre des soins psychiatriques et psychologiques.


Cinq cents appels en cinq jours

Un contrôle judiciaire, qui n'a toutefois pas empêché Stéphanie de récidiver à la mi-octobre. Entre le 12 et le 16 octobre elle a en effet troublé à nouveau la tranquillité des policiers creusotins, en leur passant quelque 500 appels, par l'intermédiaire du 17, sans compter les SMS. Des actes qui ont eu pour conséquence une prochaine convocation sur procès-verbal mais le parquet a finalement décidé de joindre les deux dossiers. De plus, le casier judiciaire de la trentenaire, jusqu'alors sans mention, ne fait pas encore apparaître la condamnation en date du 17 juillet 2015 par cette même juridiction pour des faits similaires commis entre le 17 juin 2015 et le 13 juillet 2015.
Dans son rapport, l’expert a conclu à une « abolition du discernement » au moment des faits, soulignant que néanmoins la prévenue ne présente pas « une réelle dangerosité » et qu’elle peut être curable et réadaptable.
Le substitut Caroline Mollier a fait observer qu’il était particulièrement pénible pour des policiers d’être dérangés à toute heure du jour et de la nuit et surtout qu’en agissant ainsi la mise en cause pouvait empêcher quelqu’un de prévenir les fonctionnaires de police d’un fait extrêmement grave et pour une intervention urgente.

Conseil de Stéphanie, Me Marc Dupré a mis en avant « la nette évolution de son état » depuis son premier passage devant le Tribunal le 31 juillet dernier. « Je me réjouis que le suivi psychiatrique très lourd dont elle fait l’objet ait des effets positifs ». L’avocat a également tenté de répondre à cette interrogation : pourquoi une personne, qui n’avait jusqu’alors jamais fait parler d’elle, a soudainement commencé à commettre des délits, au point de se retrouver six semaines durant à la maison d’arrêt de Dijon ? Indiquant que l’élément déclencheur était très certainement le placement de sa fille avec laquelle elle était très proche au printemps dernier. « Elle s’est littéralement effondré et n’a pas supporté cette vie de misère qui était désormais la sienne. Elle avait de grosses difficultés avec le père de ses enfants, dans son travail. Elle a besoin de remonter la pente et c’est un appel au secours qu’elle lançait en faisant le 17 ».
Au final, le Tribunal a constaté que Stéphanie avait commis les faits qui lui étaient reprochés dans la prévention mais l’a déclaré irresponsable pénalement, suite à une abolition du discernement. Le Tribunal a aussi prononcé une interdiction de rentrer en contact avec la police, sauf urgence avérée, pendant 5 ans et de détenir et porter une arme également pour une durée de 5 ans.

Gabriel-Henri THEULOT