Chalon sur Saône

Tribunal Correctionnel de Chalon-sur-Saône - Des vêtements et un recel très marqués

Tribunal Correctionnel de Chalon-sur-Saône  - Des vêtements et un recel très marqués

Ils ont été surpris par une patrouille, une nuit de septembre 2011, transportant quantité de vêtements de marque avec étiquettes et antivols d'un coffre d’une voiture à l'autre. Fuite, interpellations, enquête. A la barre vendredi 13 novembre, trois prévenus, sur les cinq cités à comparaître étaient présents.

Ils ont 24 et 25 ans et sont poursuivis pour recel. Le vol des divers vêtements retrouvés cette nuit de septembre 2011 ou lors des perquisitions à leurs domiciles n’a jamais pu leur être imputé. Les faits remontent à quatre ans, depuis ils observent leur contrôle judiciaire sans trop d’écarts. Vers une heure du matin, le 29 septembre 2011, une patrouille de police tombe sur un manège suspect, rue Pierre-Loti. Les policiers voient un groupe d’hommes transporter des vêtements, d’un coffre de voiture à l’autre. Pas un cintre ou deux, ça se compte par dizaines. Les policiers ont le temps de reconnaître l’un des garçons et de constater qu’un autre prend le temps de vérifier qu’une chemise est bien à sa taille. A l’arrivée de la voiture des policiers, le groupe se disperse sans demander son reste et s’enfuit par la rue François-Mauriac mais l’un des jeunes est interpellé.

« C’est pas moi, c‘est A. qui m’a dit de charger la bagnole », raconte le jeune homme. Les policiers ce soir-là saisissent des sacs poubelles remplis de vêtements de diverses marques comme Celio ou Fashion Marques, munis encore d’antivols ou d’étiquettes. Une centaine de pièces au total. Une valeur de plusieurs milliers d’euros. Des magasins affiliés à ces enseignes, en région chalonnaise ou en Côte-d’Or voisine ont été victimes de cambriolages cet été-là. L’enquête mène à des garages loués par les protagonistes en région chalonnaise. A l’intérieur de ces box, les enquêteurs tombent sur des lots de vêtements de marque, des véhicules et des remorques volés, des kits de modification de plaques d’immatriculation et aussi des dispositifs pour enlever des antivols et un nombre impressionnants d’antivols percés. Bref, une parfaite petite organisation huilée, bien suspecte aux yeux des policiers, qui paraît toutefois par sa préparation minutieuse dépasser les jeunes présents. L’outillage pour concevoir les plaques d’immatriculation se révèle lui aussi dérobé à un garage chalonnais. Le propriétaire du garage se porte partie civile à l’audience. Pas content du tout, le garagiste. Il a dû souscrire un nouvel emprunt pour racheter son matériel, nécessaire à son activité. Les trois prévenus de ce vendredi ont été interpellés en juin 2012. Leurs noms apparaissent sur des documents de location de garage ou leur ADN a « matché », prélevé dans le garage ou dans l’un des véhicules. Un de leurs complices, au casier riche de 19 mentions, ne s’est pas déplacé.

 

Mets ta cagoule pour bricoler !

 

Les policiers ont aussi saisi des cagoules et divers outils. Les explications des trois prévenus sont confuses. S’ils ont loué ou travaillé dans ce box, c’était à la demande de mystérieux « gitans », dont ils ne savent pas le nom, qui leur ont fourni le matériel. Le tribunal reste dubitatif. Le parquet ne croit pas une seconde à leur version. L’un des jeunes raconte qu’il s’amusait à enlever les antivols dans le garage avec une cagoule sur la tête. Un passe-temps original.

« Tous nous donnent des explications plus invraisemblables les unes que les autres, qu’ils aient agi ou non sur instruction » déplore le parquet. Toutes les réquisitions domiciliaires ont permis de mettre la main sur des vêtements ou de l’outillage volé. Le comportement des prévenus cette nuit de septembre 2011 est suspect, leur fuite davantage. Les versions mensongères se succèdent. On nous explique qu’on s’amuse à faire de la soudure ou à enlever des antivols avec une cagoule dans un box. L’un des prévenus nous dit avoir acheté le stock aux gitans pour 700 € ce qui est une somme dérisoire… » Le parquet s’agace de la « mauvaise foi caractérisée des prévenus qui mentent », évoque des gitans « fantômes » bien pratiques. Le ministère public requiert des peines de 24 mois de prison ferme pour les récidivistes et de 18 mois pour les primo-délinquants, assortis pour tous de 5000 € d’amende. La défense des trois jeunes présents, assurée successivement par Mes Ronfard, Lépine et Nicolle avance d’abord l’immaturité et le jeune âge de leurs clients au moment des faits. La détention provisoire, longue de trois mois pour certains a fait son œuvre, affirment-ils et stoppé une dérive, « un moment de perte de repères ». Tous les présents ont respecté leur contrôle judiciaire et sont en voie de réinsertion. « C’est normal que cette période de sa vie le rattrape, plaide Me Nicolle, c’est anormal qu’on l’y renvoie par une peine ferme ».

Les trois prévenus venus à l’audience ont été reconnus coupables et selon leur casier judiciaire et leur responsabilité dans l’affaire ont été condamnés à des peines allant de trois mois avec sursis à huit mois de prison avec sursis et mise à l’épreuve pendant dix-huit mois. Les deux prévenus absents ont été condamnés l’un à huit mois et l’autre à 12 mois de prison ferme.

 

Florence Genestier