Bourgogne

Lutte contre la flavescence dorée en Bourgogne - La prospection pied à pied

Lutte contre la flavescence dorée en Bourgogne - La prospection pied à pied

En 2013, un arrêté préfectoral imposait la vaporisation d’insecticides sur toutes les vignes de Saône-et-Loire aux professionnels. Une disposition contestée, imposée sans vrai débat selon certains et qui a valu à deux viticulteurs de la région de comparaître au tribunal correctionnel. Emmanuel Giboulot a été relaxé en Côte-d’Or mais Thibault Liger - Belair est poursuivi cet après-midi au tribunal correctionnel de Villefranche-sur-Saône pour « refus de végétaux" . Le point sur la lutte contre la maladie.

La Préfecture de Saône-et-Loire, contactée par Info-chalon.com pour s’exprimer sur le dossier invoque la séparation des pouvoirs pour ne pas s’exprimer sur le dossier. La décision d’utiliser alors l’insecticide pour lutter contre la propagation de la flavescence dorée, cruelle maladie qui tue le pied de vigne sans sommation après une jaunisse,  était il y a deux ans obligatoire. Elle est répandue par la cicadelle dorée, un insecte et est apparue en Bourgogne en 2012.

La vaporisation d’insecticide obligatoire prônée par les préfectures régionales et départementales en Côte-d‘Or et Saône-et-Loire en2013 a discrètement été abandonnée au profit de la prospection collective, c‘est-à-dire de l’inspection à pied des pieds-de-vignes. Mise en place dès le début dans la Nièvre et dans l’Yonne, c‘est une ronde anti-cicadelle.  Accompagnés par des techniciens dans leurs parcelles, les viticulteurs repèrent et arrachent les pieds contaminés et suspects. Dès 2013, une cartographie de la maladie dans le vignoble a été dressée. Les pieds infectés marqués et analysés en laboratoire. Bref, dès 2014, le ciblage des foyers s’est fait plus fin. Au final, l’arrachage des pieds malades est recommandé.

Paradoxalement, notent les vignerons qui ont contesté l’épandage obligatoire d’insecticide, le dialogue a repris avec les préfectures grâce à la polémique. « Je n’ai jamais contesté l’importance des foyers ou la gravité de la maladie, précise Thibaut Liger-Belair. J’ai trouvé aberrant qu’un tel arrêté soit pris  à la hâte en octobre 2012 par décret. Pour moi, c’est une décision administrative mal prise. La prospection obligatoire, l’inspection et le traitement des pieds infectés, dans un zonage, oui. Mais pas de systématisme ». Et de préciser : « Ce n’est pas la seule conviction d’un agrobiologiste. Dénoncer une aberration administrative pas adaptée, ça peut aussi faire partie du métier »

Les pétitions lancées par différents sites et associations pour soutenir le viticulteur bio ont atteint des chiffres records : 40.000 signatures pour l’Association Agir pour l’environnement (qui a la semaine dernière organisé un débat au Sénat sur cette question) et plus de 220.000 sur le site de pétition international Avaaz. Nul doute que ce succès populaire, qui a dépassé le cadre parfois étriqué des défenseurs de l’environnement ou de la profession viticole a permis aussi d’aborder de façon plus diplomatique et plus sereine le sujet, en encourageant des solutions plus douces et aussi efficace que l’usage des pesticides . Encore aujourd’hui, il n’existe aucune méthode avérée pour lutter contre cette maladie de la vigne qui n’a pas livré tous ses secrets.

 

Florence Genestier

 

La pétition d'Agir pour l'Environnement en faveur de T Liger-Belair http://refuserdepolluer.agirpourlenvironnement.org/

Le dossier de presse de la prefeture 71 sur la lutte contre la flavescence dorée en 2014 http://www.saone-et-loire.gouv.fr/IMG/pdf/dossier_de_presse_final.pdf