Chalon sur Saône

Prendre de la hauteur jeudi soir à Chalon pour jauger le potentiel de l'aérienne Cie La Migration

Prendre de la hauteur jeudi soir à Chalon pour jauger le potentiel de l'aérienne Cie La Migration

En résidence jusqu’au jeudi 19 novembre à l’Abattoir/Centre national des arts de la rue, la Compagnie dijonnaise La Migration, née fin 2014, gratifiera ce soir-là le public de Chalon-sur-Saône et de ses environs d’une sortie de chantier d’une durée de quinze-vingt minutes à 20h30, à même de lever le voile sur sa substantifique moelle.

« C’est assez hypnotique quand Gaël et Quentin sont sur la structure »

Ils ne sont pas pléthore au sein de La Migration, appartenant à la sphère des arts du cirque avec une composante land art : deux artistes (Gaël Manipoud et Quentin Claude), une metteuse en scène (Marion Even)…ainsi qu’une structure métallique circulaire de neuf mètres de large, cinq de haut, « agrémentée » de deux fils de fer, pour un poids de 500 kilos, partenaire à part entière. Dans le cas présent c’est autour d’elle que s’est construite la Cie (dont le nom fait référence à la migration des oiseaux, subséquemment à la volonté de se mouvoir en plein air), et ce projet –répondant au nom de « Landscape#1 »- en extérieur qui intègre le paysage avec une identité visuelle assez forte englobe leurs moyens et pensées. C’est un art nomade vu sous le prisme de l’univers circassien et plastique. Poétiser le monde par le corps acrobatique contracte leur approche. « Il y a une triangulation entre le paysage, nous, la structure. C’est un aller-retour entre ces trois points. On tente de sublimer le paysage, et on espère qu’il nous sublime aussi. Face à un paysage on est tous hommes. A travers nous on permet de devenir tous hommes. On pose un regard à un moment donné. On peut s’installer dans de nombreux endroits, mais il faut qu’il y ait une profondeur de champ. Ce qui va être derrière nous ne va pas être choisi au hasard », définissent-ils. Un choix a dû être effectué quant à la feuille de route. « Au premier abord c’est très spectaculaire. On pense que le cirque peut aller plus loin qu’un discours narratif. On a choisi de l’aborder de manière beaucoup plus douce, fluide et souple, plutôt que d’entrer dans le registre de la peur, pour que le spectacle imagine les choses autant que nous on le fait. Malgré tout, certaines figures font peur. Il y a de la solidarité, de l’entraide, car il y a des balancements et des contrepoids, donc la notion d’interdépendance existe, avec un rapport à deux très connecté. » Froid d’apparence, sans âme, ce squelette de métal ? Que nenni. « C’est une structure unique, ce qui entraîne tout une technique à développer. Le défi est de la rendre chaleureuse. Elle tend à voler, planer, mais c’est dû à la manière de l’aborder. » Marion exprime son sentiment. « Le paysage est une ouverture. C’est assez hypnotique quand Gaël et Quentin sont sur la structure. Il règne un esprit de coexistence. On avait envie de revenir à quelque chose de spécial, on avait beau être sur la conquête de la terre, il fallait savoir comment avoir un dialogue avec la nature. »   

 

Démarrage officiel peut-être dans la capitale si la capacité de persuasion fait merveille

Commencée en septembre 2014, poursuivie par des travaux pratiques à partir de mars 2015, l’aventure (Quentin a conçu la structure, Marion et lui étant les instigateurs du projet) du trio requiert pas mal de résidences avant d’arriver à maturité. La sortie officielle de la pièce, qui aura a priori une durée de trente-cinq minutes, est prévue pour la fin mai ou le début juin 2016. A cette époque, La Migration sera confrontée à deux possibilités, dont l’une prévaudra en raison du vent qui tournera dans tel ou tel sens. La Cie a participé à un dispositif, appelé Circus Next, lequel préserve les intérêts des démiurges qui percent. La première sélection a été passée avec succès, reste la seconde (un extrait de vingt minutes du spectacle en cours de création), le 27 novembre en Belgique. Si par bonheur la démonstration s’avérait convaincante, alors le premier week-end de juin il serait ferait usage du savoir-faire à Paris, au Théâtre de la Cité Internationale. Autrement, la solution de repli consisterait à semblable époque à se diriger sur le festival des Grandes Marées de Saint-Nazaire. Plus près de nous, la Cie a rencontré deux classes de lycéens chalonnais vendredi dernier, encore des lycéens ce mardi 17 novembre, tandis que le jeudi 19, ses membres converseront avec une dizaine de profs. Selon Quentin, « il est important d’échanger sur nos métiers. On a la sensation  qu’il faut en parler, et que c’est comme ça qu’il faut défendre la profession. »

 

Affamée de points de vue épatants et de Centres d’art

La Migration avance désormais de concert avec un bureau de production qui met à disposition un administrateur, autorisant de ce fait une forte concentration sur la partie artistique. Lorsqu’elle fixe l’horizon, elle aimerait y voir des points de vue remarquables afin de magnifier ses interventions. Avoir accès à des Centres d’art (arts plastiques, land art…) ne serait pas non plus pour lui déplaire…Histoire de, pour reprendre une formulation en vigueur, « chercher à toucher l’universel par une démarche singulière. »       

 

Crédit photo : Hippolyte Jacquottin                                                     Michel Poiriault