Saône et Loire

Prison ferme et amendes records pour la Gueugnon Connection

Prison ferme et amendes records pour la Gueugnon Connection

Six prévenus. Une enquête pour trafic de stupéfiants menée rondement en 2013 à Gueugnon, Digoin et Marcigny a identifié six personnes, habituées à transporter, à stocker et à revendre d’assez grosses quantités de résine de cannabis et de cocaïne. Des kilos de stupéfiants en chambre froide et une Porsche Cayenne au garage. Des peines de prison ferme et des amendes record ont été prononcées.

L’affaire a monopolisé la collégiale du tribunal correctionnel de Mâcon plus de quatre longues heures ce mercredi après-midi 18 novembre. A la barre, cinq prévenus. Le sixième n’est pas venu. Le sixième a été le plus bavard face aux gendarmes. Croiser l’un de ses co-prévenus lui a d’ailleurs valu des insultes des coups et 21 jours d’interruption temporaire de travail l’été dernier. Alors, il se fait représenter par son avocat et se tient à distance. L’affaire est compliquée, comme toutes les affaires de stupéfiants, puisqu’elle entrecroise les responsabilités. Elle est particulière par les quantités de drogues saisies chez deux des prévenus : 4 kg de résine de cannabis, 4,5 kg de cocaïne, des kilos de savonnettes de cannabis transportés plusieurs fois par mois entre le Charolais et la banlieue lyonnaise, voire lilloise. Et cerises sur le gâteau, une Audi A4 et une Porsche Cayenne gardées dans un garage.

Les prévenus sont des hommes d’une trentaine et d’une quarantaine d’années, qui vivotent ou travaillent à leur compte dans la région de Gueugnon. Des chômeurs dont l’un sait  peine lire, des intérimaires, des vendeurs de marché, un pizzaiolo et un ouvrier du bâtiment. Deux d’entre eux ne consomment ni cannabis ni cocaïne. En revanche, s’ils ne s’empoisonnent pas avec, ils savent parfaitement les revendre. François et Manuel (prénoms changés)  font souvent, au moins mensuellement des allers retours à Villeurbanne et Vénissieux dans la région lyonnaise. Manuel, qui ne sait ni lire ni écrire, se révèle « l’idiot de service mais l’idiot qui a des contacts avec les fournisseurs » note le Parquet.  Bernard (prénom changé) a lui stocké dans la chambre froide destiné aux fruits et légumes qu’il écoule sur les marchés des kilos de résine de cannabis. Les écoutes téléphoniques, lancées par les forces de l’ordre ont fait apparaître un langage codé que la parquetière de service a trouvé « mignon ». « Il me faut du miel pour mes tartines », déploraient-il, quand les réserves étaient basses. Au fil des confidences des placés en garde-à-vue, six responsables sont identifiés. Les perquisitions, au final se révèlent fructueuses : plus de dix kilos de divers stupéfiants sont saisis. On trouve dans le garage d’un des prévenus une Audi A 4 et une Porsche Cayenne. Même si le propriétaire du garage n’a pas les clés des véhicules selon son avocat, la voiture de luxe fait toujours son petit effet. « Ce n’est pas un petit trafic dans une petite région rurale » résume la substitut.

A l’issue de l’instruction, plusieurs partent en détention provisoire pendant 9, 8, et 6 mois et tous depuis leur sortie de prison observent leur contrôle judiciaire. Le parquet a requis des peines allant de cinq ans de prison, assortis de sursis avec mise à l’épreuve à 2 ans de prison avec sursis. Et des amendes rares, en lien avec la valeur présumée des quantités saisies. Mes Louard, Rollet, Belleville, Goergen et Many ont plaidé les personnalités fragiles et les difficultés sociales de leurs clients pour expliquer leurs implications dans le trafic. Certains ont évoqué des menaces récurrentes sur leurs clients voire des pressions sur leurs proches, en demandant des peines moins lourdes que les réquisitions. Deux interdictions de séjour en Saône-et-Loire ont été demandées mais pas suivies. Les prévenus ont tous été reconnus coupables. Les peines prononcées s’étalent de 4 ans de prison dont un avec sursis et mise à l’épreuve à 1 an de prison avec sursis. Les amendes restent fortes même si elles n’atteignent pas les 50.000 euros requis par le ministère public contre le principal mis en cause :  de 2.500 € à 25 000€.

 

Florence Genestier