Opinion de gauche

De l'état d'urgence à la "guerre à tout prix".....

Après ces attaques odieuses, sans ambiguité, le NPA partage la révolte, l’indignation, la colère suscitées par cette violence aveugle qui visent à semer la peur et la haine. Il exprime sa solidarité aux victimes, à leurs proches. Les auteurs de cette tuerie, les fondamentalistes religieux, sont les ennemis de toute la population. L’État islamique est une organisation réactionnaire qui opprime depuis déjà plusieurs années les populations irakienne et syrienne et impose une loi religieuse digne du Moyen Âge. Mais si de telles organisations obscurantistes peuvent se développer c’est bien parce que les grandes puissances dont la France aux côtés des USA ont semé le chaos par leurs guerres en Afghanistan, en Irak, en Syrie ou en Afrique. C’est sur ce terreau de misère, de guerre, d'humiliations, de divisions que prospère la barbarie des fondamentalistes religieux.

Le président de la République l'a déclaré devant le Congrès à Versailles : « La France est en guerre ». Conséquences : il a demandé aux élus, députés et sénateurs, de voter au pas de charge l'état d'urgence pour 3 mois et d'inscrire au plus vite, l'état d'exception dans la Constitution de la Ve République. Un coup d’État « légal ». Sans remonter au 18 Brumaire, en 1940, c'est la défaite militaire qui a permis à Pétain d'installer le régime de Vichy. En 1958, c'est sous la pression de l'armée et des putschistes en Algérie que le général de Gaulle a pris le pouvoir. Libertés ou sécurité ?

En 2015, ce sont les attentats de Paris, qui, au nom de la sûreté des citoyens tétanisés, servent de prétexte à l'instauration d'un État sécuritaire où les libertés démocratiques sont annihilées. On en a déjà un avant-goût : police et armée omniprésentes, interdiction des rassemblements, rétention administrative, perquisitions nocturnes sans autorisation d'un juge, contrôle renforcé des frontières, surveillance des médias,etc. Nous ne sommes déjà plus en démocratie même si, pour la forme, les élections sont pour le moment maintenues . Des pans entiers du programme de la droite dure et du Front national sont repris par François Hollande : assignation à résidence, perquisitions administratives, déchéance de la nationalité française de binationaux, mêmes nés en France, bracelets électroniques pour des suspects, mobilisation des réservistes, extension de la « légitime défense » des policiers. Marine Le Pen n'a pas besoin de venir au pouvoir, avec Hollande, Valls, Cazeneuve, elle y est déjà. A une autre époque, des centaines de milliers de manifestants seraient déjà dans la rue à l'appel des organisations démocratiques. Or, chacun peut constater qu'à l'exception de timides communiqués de presse, il ne se passe presque rien à la hauteur du danger imminent. Tout ceci avec la bénédiction de la très grande majorité de nos représentants élus, du Front National au Front de Gauche; seuls 3 députés du Parti Socialiste et 3 députés écologistes ont manifesté leur total désapprobation.

Pourtant, il n'y a pas de temps à perdre ! Des manifestations sont annoncées à l'appel de ceux qui n'ont pas capitulé. Des organisations de la gauche radicale préparent un début de riposte. On ne nous fera pas croire que de telles dispositions ne sont nées des cerveaux des politiciens qu'après les attentats de Paris. Le danger est grand. Déjà on voit que sous le prétexte d'assurer la sécurité des citoyens, se met en place un régime militaro-policier, une nouvelle forme de totalitarisme qui prend appui sur la sidération, la peur et la servitude volontaire. Il est encore temps de se lever, de dire non, de sortir de nos logements pour affirmer dans l'espace public notre attachement aux libertés démocratiques et notre volonté de conserver les acquis sociaux d'un siècle de combats.

La répression et la guerre sont tournées contre les populations ici comme au Moyen-Orient. Elles ne peuvent qu’aggraver les tensions en engloutissant des milliards dans des aventures militaires. Et c’est à la population que le gouvernement fera payer la note au nom de l’union nationale.

 

Jean-Guy Trintignac NPA 71