Agglomération chalonnaise

La coproduction urbaine pour construire la ville de demain

La coproduction urbaine pour construire la ville de demain

Le rendez-vous était donné à Buxy par l'Agence d'urbanisme Sud-Bourgogne.

 

Jean Werlen est architecte, urbaniste, enseignant, auteur de plusieurs ouvrages et ancien directeur d'un CAUE en Côte d'Or. Mais il est aussi élu municipal (à Strasbourg), un statut qui lui confère une perception globale des problèmes d'urbanisation et qui lui permet d'étayer son analyse et les solutions qu'il préconise. Car le conférencier, invité par l'Agence d'urbanisme Sud-Bourgogne pour animer la dernière conférence du cycle 2015 des "Débats d'Urba", lundi soir à Buxy, dresse un constat sans appel: s'il manque en France 3 millions de logements, c'est que les procédures de production urbaine ont un temps de retard sur l'évolution de la société. Il est donc temps de les rénover.
Des logements "années soixante"
L'état des lieux d'abord. Pour Jean Werlen, la situation actuelle n'est pas brillante: efficacité foncière très basse (on consomme beaucoup trop de mètres carrés), paysages souvent défigurés, produits d'habitat chers et inadaptés -le coût du logement a augmenté beaucoup plus vite que le coût de la vie et les ressources des Français- programmes immobiliers qui ne trouvent pas de clientèle et qui traînent en longueur quand ils ne sont pas interrompus, équipes municipales renouvelées avant l'aboutissement des projets (qui mettent plus de six ans à se concrétiser) et au final, les 3 millions de logements qui font défaut à la communauté nationale. "Aujourd'hui, lorsqu'on veut lancer une opération, on cherche un gros terrain, on l'achète, on monte le projet, on contacte les promoteurs, on tente de vendre et ensuite seulement on vérifie les besoins. Il est urgent de changer de logiciel" a plaidé Jean Werlen. L'urbaniste a fait le constat d'un immobilier neuf resté figé sur les conceptions en vogue dans les années soixante, avec des produits standardisés, banaux, et inadaptés à l'évolution de la cellule familiale. "La famille des années soixante/soixante-dix, avec un papa, une maman et deux enfants est devenue minoritaire. Mais on a aussi changé l'algorythme économique. A l'époque, il fallait avoir de la population pour attirer des emplois. Aujourd'hui, c'est l'inverse..."
Déplorant que le vecteur principal de l'aménagement urbain soit désormais l'argent -la filière est "tenue" par les gros opérateurs bancaires-, Jean Werlen a posé sa solution: inverser les processus. "Il faut d'abord questionner les futurs habitants, les opérateurs, et monter les programmes ensuite, en testant les possibilités, en scénarisant les options." C'est ce qu'il appelle "coproduire le tissu urbain", en se basant sur le principe de la négociation...
Daniel Duplessis, vice-président de l'Agence, a accueilli le conférencier, qui s'est exprimé devant une quarantaine d'élus et de techniciens des collectivités.