Au temple de la rue Carnot à Chalon - Cérémonie interreligieuse en hommage aux victimes des attentats de Paris

« Nous sommes venus pour prier pour la paix. Etre ensemble est déjà un acte de paix. Etre ensemble et prier, y compris dans l'épreuve, dans les moments difficiles, dans ces moments où la révolte et le sentiment d'injustice peuvent gronder et nous entraîner dans les pires excès, les divisions dramatiques, les catastrophes. » affirmaient en mai 2012 au Carmel de la Paix, à Mazille, les responsables des différentes communautés, à l'occasion de la quatrième rencontre interreligieuse.

Prier pour la paix... Dix jours après les terribles attentats du 13 novembre 2015 à Paris, le secrétariat interreligions de Saône-et-Loire a convié lundi soir, au temple de la rue Carnot, juifs, bouddhistes, catholiques, protestants réformés et musulmans de notre ville à une célébration de soutien et de prière aux familles et victimes. Aux côtés de Marcel Mbenga, pasteur de la paroisse de Chalon, Tournus et disséminés de l'Eglise protestante unie de France, étaient présents Michel Oiknine, représentant la communauté juive, les lamas Jean-Paul et Bertrand et Jean-Claude Bligny, représentant la communauté bouddhiste, Benoît Rivière, évêque d'Autun-Chalon-Mâcon, et Ahmed Belghazi, immam de la mosquée El Fath du centre ville.
En préambule le pasteur Mbenga a souligné les trois finalités principales de ce temps de prières. Exprimer de la compassion aux cent trente victimes de ces tragiques événements, qui ont endeuillé l'ensemble de notre pays et « à tous ceux qui resteront marqués à vie dans leur chair ». Prier ensemble, les uns avec les autres. Montrer que les religions sont respectueuses de la vie, de la liberté, et recherchent ensemble la paix dans notre monde.
Après le rappel des derniers attentats qui ont précédé ceux de Paris, instant ô combien émouvant, la cérémonie s'est poursuivi par la lecture du nom de quelques-unes des victimes du Bataclan et des autres sites où le terrorisme aveugle a frappé. Et tout particulièrement ceux de Mayeul Aubert et de Yannick Minvielle, les deux victimes originaires de la région chalonnaise.
Puis, selon la tradition hébraïque, Michel Oiknine a lu deux psaumes. Le psaume 13, que l'on lit pour une mort violente et le psaume 30, que l'on récite, quand on traverse une période difficile. Succédant au représentant de la communauté juive, les lamas Jean-Paul et Bertrand, accompagnés par Jean-Claude Bligny, ont accompli le rituel effectué tous les soirs au temple de La Boulaye et ont lu la prière habituelle quand les gens sont décédés.

Les larmes d’Agathe

Faisant suite au chant de Taizé « Jésus le Christ lumière intérieure... », Mgr Rivière a notamment évoqué les larmes d'Agathe, petite fille de 5 ans, d'Autun. « Ce sont les larmes de la vraie charité. Elle a pleuré la mort de ceux qu'elle ne connaissait pas ». Le prélat s'est également interrogé « Devant ce monde qui n'en finit pas de souffrir et d'avoir peur, quelle grâce voulons nous recevoir? ». Et de poursuivre « Je veux demander un cœur plus ferme qui chasse la peur et qui ne laisse pas entrer le poison de la haine ».
Le pasteur Mbenga a ensuite invité l'assistance à déposer toutes ses plaintes devant Dieu pour toutes les victimes et leurs familles et a aussi prié pour les secouristes, pour les forces de l'ordre, et pour les communautés religieuses.
Enfin l'imam Belghazi a confié « Ce soir, nous prions aussi pour la paix et le vivre ensemble ». Avant de lire deux sourates, dans l'une desquelles il est dit « Qui a tué un seul être humain est considéré comme avoir tué l'humanité toute entière. Qui a sauvé un seul être humain est considéré comme avoir sauvé l'humanité toute entière ».

Gabriel-Henri THEULOT