Saône et Loire
En Saône et Loire, la ruée vers l'armée après les attentats de Paris ?
Publié le 25 Novembre 2015 à 09h22
En Saône-et-Loire comme partout en France, les attentats du 13 novembre ont suscité des réflexes citoyens chez les Français. Donner son sang, apprendre les gestes de premier secours prend désormais pour un pays touché deux fois la même année par des actions terroristes un nouveau sens. Dans ce registre, la frénésie d’appels enregistrés par le CIRFA de Saône et Loire (Centre d'information et de recrutement des Forces Armées à Mâcon) depuis le début de la semaine ne déroge pas à la règle. Explications pour info-chalon.com.
« C’est simple, explique l’adjudant-chef David, responsable du centre, le téléphone depuis lundi 16 novembre sonne toutes les huit à dix minutes. » A chaque fois, des demandes de renseignements pour des personnes désirant être réservistes ou militaires de carrière : 48 appels les lundi et mardi suivant les attentats pour l’engagement, 33 demandes de renseignements sur deux jours pour les réservistes. Un record.
Etes-vous surpris par ce regain de curiosité pour vos métiers militaires ?
On se doutait qu’on allait avoir un élan citoyen par rapport aux évènements. Ça avait déjà eu lieu au mois de janvier. Entre lundi et jeudi, le téléphone n’a pas arrêté de sonner de la journée. Aussi bien des jeunes qui veulent nous rencontrer pour intégrer l’armée de terre, ou la réserve ou d’anciens militaires qui veulent aussi rejoindre la Réserve et reprendre du service.On a une jeunesse sévèrement touchée par ce qui s’est passé. Leur discours est de se mobiliser pour les valeurs de liberté que l’armée de terre peut représenter. Aussi bien de la part des plus anciens, que des jeunes qui veulent intégrer les différentes armées. Le même discours partagé. Pour nous c’est une belle motivation.
La réserve, en deux mots, c’est quoi ?
Les militaires d’active peuvent être déployés sur le territoire national en France et à l’étranger. Pour assurer le bon fonctionnement et la base arrière, on va activer les cellules réservistes. Ce sont des gens qui vont laisser leur emploi civil pour venir au quotidien remplacer les professionnels partis sur le terrain dans les casernes. Au départ, la réserve c’est ça. Mais elle peut participer aux manœuvres opérationnelles du plan Vigipirate, à l’opération Sentinelle. Des postes sont parfois ouverts pour les opérations extérieures. Il y a quelques années, quand on a quitté la Bosnie Herzégovine, pour démonter le camp de Mostar, le régiment auquel j’appartenais a envoyé une compagnie complète de réservistes pour une mission de logistique. Ils ont préparé et réacheminé le matériel par voie navigable ou aérienne. Un des exemples d’opération confiée à des réservistes.
Les réservistes sont appelés plusieurs fois dans l’année, un week-end ou une semaine. Pour les jeunes qui veulent intégrer la réserve et n’ont jamais connu le métier de soldat, on leur dispense une formation initiale de façon à acquérir le B.A. ba du soldat et du combattant. La Saône-et-Loire est un département un peu désertifié militairement parlant. Il y a bien la base pétrolière inter-armées de chalon (BPIA).
Pour la réserve, nous recrutons par sélection des gens qui ont un profil de sous-officier et d’officier. On leur fait passer des tests psychotechniques. Même chose pour les engagés. En clair : visite médicale, test psychotechniques, un test physique, etc. On les envoie à Nancy pour ces épreuves dans les vingt à trente jours qui suivent le dépôt d’un dossier complet. Le candidat est pris en charge à 100% financièrement pour la durée des tests. Après, on reçoit dans les quatre jours les résultats, on reprend rendez-vous et on commente leurs évaluations. On voit si le candidat a le profil de soldat : les pieds sur terre, ouvert aux autres et ouvert d’esprit car il faut supporter la vie en collectivité. A partir de là, si le profil correspond à ce que l’on recherche on passe au volet orientation. Le dossier part électroniquement à Paris et une commission nous dit si le candidat est retenu ou pas. Ce n’est pas un concours, c’est une mise en concurrence des dossiers.
Jusqu’à quel âge peut-on être réserviste ?
On peut être réserviste, à partir de 17 ans. Après, pour les anciens militaires, les critères d’âge peuvent changer. Un ancien engagé peut faire de la réserve jusqu’à l’âge légal de la retraite civile qui est de 62 ans. Après tout dépend de son cursus, parcours et grade.
Quelles sont les missions actuelles du CIRFA ?
On touche d'abord une population de scolaires. On voit les plus jeunes le mercredi ou pendant les vacances. Après on trouve une population active, déscolarisée, en CDD ou CDI ou sans emploi. On fait la campagne scolaire. Nos chefs écrivent au rectorat, on se tient à disposition des lycées favorables et pour l’orientation des gamins, on vient leur présenter nos métiers. Le CIRFA de Dijon est référent. On participe aussi au forum emploi à Mâcon, on a participé la journée des métiers de la sécurité au Creusot.
Tous les mercredis mes deux collègues parcourent l’ensemble du département. Montceau, Chalon, Le Creusot, Louhans, Paray-le-Monial, Autun et ponctuellement sur Digoin. En règle générale ce sont des permanences de deux à trois heures. On cale des rendez-vous avec des jeunes mais de toute façon quelqu’un sera là pour répondre aux questions. A chalon, la permanence se tient tous les mercredis au PIJ, place de l'Obélisque, l'après-midi.
Propos recueillis par Florence Genestier
En savoir plus : https://www.recrutement.terre.defense.gouv.fr/ou-nous-rencontrer/centre-de-recrutement/userprofile/cirat-71-maco
Le service militaire obligatoire a été suspendu sous le 2e mandat présidentiel de Jacques Chirac. La professionnalisation de l’armée a débuté en 1997.
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