Grand Chalon

Un enseignement innovant, une formation sur-mesure. Rencontre avec Dominique Pasqualini pour info-chalon.com, Directeur de l’Ecole Média Art

Un enseignement innovant, une formation sur-mesure. Rencontre avec Dominique Pasqualini pour  info-chalon.com, Directeur de l’Ecole Média Art

Bientôt deux siècles et que de chemin parcouru !

L’école de dessin, l’une des premières institutions culturelles de la ville de Chalon-sur-Saône, a été créée en 1820 par des citoyens. Rebaptisée Ecole Média Art au tournant des années 2000 avec l’avènement des nouvelles technologies, l’école refonde son enseignement et entre dans l’ère du numérique. « Bouleversée par les nombreuses capacités qu’offre l’informatique, l’école a replongé dans ce rapport complexe entre l’art et la technique, l’art et l’économie… L’école doit embrasser un champ artistique et culturel énorme et doit être en phase avec toutes sortes d’aventures artistiques et culturelles que les étudiants veulent mener individuellement » commente Dominique Pasqualini et justifie ce cursus long : « Créer fait appel à des ressources qui sont au plus profond de soi. Il faut aller chercher loin cette capacité à inventer. Ici, les étudiants engagent leur vie dans cette voie. Nous devons proposer un enseignement à la hauteur ». A la clé de ces études sur-mesure : 86% à 90% d’entre eux ont une activité rémunératrice en sortant de l’école que ce soit dans la médiation culturelle, le journalisme, le cinéma, dans les métiers du son, le design, le monde des jeux vidéo, les média numériques, la scénographie, la publicité… Aujourd’hui l’Ecole regroupe 75 étudiants, d’ici peu, l’école aimerait accueillir entre 120 et 125 élèves. Parmi eux, 10% sont asiatiques mais ils viennent également de toutes parts (Bénin, Russie, Suisse, Colombie, Brésil…) Bien évidemment des chalonnais et des grands-chalonnais intègrent le cursus, « ils étudient ici puis créent leur agence sur le territoire » précise Dominique Pasqualini avec une pointe de fierté, avant de poursuivre « l’école accompagne des trajectoires de vie, les étudiants bénéficient de très bonnes conditions d’enseignement. Une attention précise est portée à la personne. La mise en place de tout cet accompagnement a pour but de faire émerger les talents de demain ».

Rappelons que l’Ecole Media Art propose un cursus bac+3 (DNA, option Art, mention Média), un cursus bac +5 (DESMA, Diplôme d’Enseignement Supérieur Média et Art, option Art et mention Son, Image et Corps), 1 année Post-master pour accompagner les étudiants dans la recherche ou dans la création d’une activité. Depuis 2014, l’école développe deux programmes de recherche : Ecriture musicale de l’image et Interaction gestuelle. L’équipe d’enseignants qui fonde le cursus supérieur jouit d’une renommée nationale et internationale. Les intervenants extérieurs sont tous aussi prestigieux. Les élèves se confrontent à des cinéastes, des écrivains, des designers, des photographes, des danseurs, des comédiens, des philosophes, des architectes, des chercheurs… C’est une approche générique des diverses techniques des Beaux-Arts et des média numériques par une immersion dans le champ de la création contemporaine qui est, ici, dispensée. L’école organise notamment de nombreux workshops, des conférences en direction de tous les publics mais aussi des stages d’initiation, de la formation continue. L’Ecole Média Art publie également microsillons, DVD, ouvrages ayant pour objet des sujets de recherche inédits, BD, films à lecture aléatoire… Les « Praxis », regroupant 379 auditeurs, proposent des cours et ateliers dans des domaines aussi variés que le dessin, la peinture, le collage, la gravure, la céramique, la sculpture, l’infographie…

Autour d’un thé chaud, boisson fétiche de l’auteur de l’ouvrage « Le temps du thé » (avec Bruno Suet, 1999), la conversation se prolonge et dévie inévitablement sur la situation de crise et d’urgence dans lequel le pays est plongé. L’Ecole a été très marquée par les événements, d’autant plus qu’un ancien professeur Fabian Stech est décédé dans l’attaque du Bataclan. « Les extrémismes ont toujours existé, ce qui est nouveau, c’est que les gens soient capables d’aller à ces extrémités sans hésiter. Ceci est le témoignage d’un état de désespoir qui se fonde sur l’absence fondamentale de culture, d’éducation. On a toujours tapé sur la culture qui est si souvent considérée, comme de l’amusement, du divertissement mais c’est une grave erreur. La culture, c’est le croisement des pratiques, un carrefour où l’on peut s’exprimer, échanger, partager, critiquer, contredire, se nourrir et grandir de la différence de l’autre… Plus que jamais, il faut mettre de l’art dans nos vies et trouver comment chacun peut-être artiste de sa vie. Il nous faut réinventer le monde dans lequel nous vivons. Celui qui dessine ou fait du bruit avec une guitare, pour exemple, intervient dans le monde. Ce processus de création individuel ou collectif nous est de plus en plus retiré » commente Dominique Pasqualini. Le Directeur de cet établissement qui n’est pas encore un EPCC, également Vice-Président en charge de l’éducation des Ecoles d’Art, artiste protéiforme, multidisciplinaire, autrefois membre du Collectif IFP (Information Fiction Publicité) qui avait fait le tour du monde dans les années 80 et qui a fait l’objet d’une rétrospective en 2010 à Genève et en 2012 au MAC/VAL, compte bien défendre la place de la Culture et le rôle des Ecoles d’Art.

Article : SЯ - Crédits photos : Olivier Champagne