Chalon sur Saône

Tribunal correctionnel de Chalon - Trente mois de prison pour violence dans un bar à Montceau-les-Mines

Tribunal correctionnel de Chalon - Trente mois de prison pour violence dans un bar à Montceau-les-Mines

Conseil d’ami : si vous êtes de passage à Montceau-les-Mines et buvez un demi dans un bar, abstenez-vous de demander combien la ville compte d’habitants à votre voisin de comptoir. Ca peut mal tourner…

Ce jour d’avril 2015, Arthur (prénom changé) attend sa copine partie faire des courses et une séance chez l’esthéticienne. Il décide de prendre un verre dans un café agréable de Montceau-les-Mines. A-t-il fait une remarque déplacée ? On ne le saura pas. Arthur, quelques minutes plus tard, se retrouve le visage ensanglanté, après avoir reçu des coups. Arthur est tombé sur un nerveux. Stéphane (prénom changé) a en effet un casier judiciaire déjà bien garni -16 mentions-  pour des faits de violence et de rébellion. Stéphane fait régulièrement des séjours au centre psychothérapique de Sevrey, est bien connu des services de police locaux. Mais comme Stéphane ne se juge ni malade ni responsable, il a refusé l’expertise psychiatrique pendant sa détention provisoire. Bref, Stéphane ne s’aide pas vraiment à aller mieux. Quand la présidente Catherine Grosjean lui demande ce qu’il fait dans la vie, il répond : « esclave ». Chaque prise de parole l’enfonce un peu plus dans l’agressivité et le déni.

Chaque prévenu est accusé d’avoir frappé l’autre. Stéphane est en détention provisoire, Arthur lui reste libre. Les deux sont des écorchés vifs, peu épargnés par la vie. Arthur, qui reconnaît être alcoolique après avoir été toxicomane, a longtemps vécu dans la rue. Depuis quelques années, les choses s’arrangent pour lui. L’altercation commence au bar, se poursuit sur le trottoir. Chacun sort un couteau. Arthur reçoit un premier coup qui le fait chuter et aussi un panneau publicitaire en plastic lancé par Stéphane. Arthur, qui a retrouvé ses esprits, se fait soigner au café. Stéphane revient armé d’une sorte de cric, et au milieu des clients qui tentent de parer les coups, frappe à nouveau Arthur au même endroit. Les deux vont se plaindre l’un après l’autre au commissariat. Stéphane est placé en garde-à-vue, bande ses  blessures avec son T-shirt, finit torse nu, prend très mal la demande de prolongation de sa GAV et terriblement excité, distribue alors des coups à tort et à travers, se précipite contre le mur pour s’assommer. Un policier montcellien est blessé à la main.

Dans un réquisitoire aussi lent et ultraprécis qu’un diagnostic qui dissèque la bagarre, le substitut Charles Prost requiert trois mois de prison avec sursis pour Arthur et trois ans de prison dont six mois avec sursis et mise à l’épreuve pendant trois ans pour Stéphane, récidiviste.  Pour lui, les faits sont « graves et inquiétants ».

Me Thomas Ronfard, avocat d’Arthur, demande pour son client une expertise médicale et se porte partie civile. Il présente surtout Arthur comme victime de l’agressivité de Stéphane et tente la relaxe. Me Benoît Diry défend Stéphane, pour qui cette « peu glorieuse empoignade dans un bar entre deux impulsifs » traduit surtout le malaise et la maladie de son client. Ce dernier refuse un suivi médical et même l’expertise psychiatrique en prison. Il a pourtant été traité avec un médicament réservé aux schizophrènes. Me Diry évoque des « crises ». Pas sûr que la prison traditionnelle soit adaptée à son cas, reste encore à convaincre ce type de prévenu à entreprendre des soins. « C’est plus une personne à protéger qu’une personne dont on doit se protéger » conclut l’avocat.

Stéphane a été reconnu coupable de violence et condamné à trente mois de prison dont six avec sursis et mise à l’épreuve. Il a obligation de se soigner, sur les plans de la toxicomanie et psychiatrique, une obligation de travailler et d’indemniser la victime.

Arthur, son co-prévenu a écopé de trois mois de prison avec sursis mais sa partie civile est retenue comme sa demande d’expertise médicale. Le policier montcellien blessé recevra 800 € de dommages et intérêts et 600 € au titre de l’article 475-1.

F.G.