Chalon sur Saône

Allô Police Secours ? Un étrange individu du nom d'Eric Antoine a sévi au Parc des expos de Chalon-sur-Saône...

Allô Police Secours ? Un étrange individu du nom d'Eric Antoine a sévi au Parc des expos de Chalon-sur-Saône...

Eric Antoine est venu partager sa science de l’improbable, qui n’appartient sous cette forme hétéroclite, à aucun autre fantaisiste, à quelque 2.200 spectateurs ce vendredi soir au Parc des expos. Pari gagné, au vu des réactions en chaîne d’une assistance très familiale, contaminée avant même d’avoir posé le pied sur cet univers fantasmagorique estampillé « Magic Delirium »…

« Croire, c’est voir »

Homme à tout (bien) faire, l’amuseur public n’aime rien tant que faire passer tout un chacun pour un pigeon, victime toute désignée en redemandant encore et encore. Autoproclamé « humorillusionniste », Eric Antoine amalgame à tout bout le champ l’humour, parfois féroce, avec la grande illusion. Un cocktail détonnant qui transporte d’aise sa cour, d’humeur joyeuse, lui arrachant une foultitude de rires spontanés et des réactions admiratives, interpellantes. S’il incite les observateurs à ne jamais accorder de blanc-seing à un magicien, Eric a sa propre opinion sur le genre artistique qu’il véhicule avec bonheur : »Croire, c’est voir. Nos sens nous trompent énormément… ». Partant de ce constat, à charge pour lui de manipuler les consciences comme bon lui semble. A l’aide de tours de cartes, d’apparitions, de disparitions, du mentalisme, de la lévitation…le rêve éveillé devient une réalité. Le magicien, déjà illuminé par des écrans géants (jusqu’à quatre !) projetant également des petits films, surélevé par les effets spéciaux, n’hésite pas à descendre de son point de vue panoramique pour aller fureter dans la salle et pratiquer l’interactivité avec des personnes consentantes, contributrices quelquefois à leur corps défendant d’un zeste supplémentaire d’attractivité. Le show est alors à la portée de tous. Dans son hystérie teintée de maboulisme sans bornes, l’invité vedette pousse la divagation jusqu’à la mise en danger de son image. En choisissant le Coran, il prend subitement conscience que celui-ci s’avère une « patate chaude » ! Finalement il opère un virage à 180 degrés. « Non, la Bible c’est moins dangereux… » Faisant mine de ne pas y toucher, Eric Antoine signifie à toutes fins utiles que quel que soit l’ouvrage de référence inhérent à chaque religion, encore convient-il de les lire pour ne pas mal les interpréter, et ainsi conduire à des crimes atroces ! « Mais ta vérité n’est pas forcément la vérité », a-t-il nuancé son propos. Autre bouquin, autre mœurs, avec « Périnée, arrêtons le massacre », une raison supplémentaire d’accorder du crédit à la bouffonnerie corsée très en vogue dans son spectacle poilant. La badinerie revenait invariablement à l’assaut. En atteste cette assertion pas piquée des vers : « Quand on est jeune on cherche ses mots, quand on est vieux, on ne les trouve plus ! »

 

Bernard, bien mieux qu’un faire-valoir

Eric Antoine ne mystifie pas son monde seul. L’accompagne très régulièrement Bernard, son assistant tout de noir vêtu, lequel (en vérité Calista Sinclair, sa compagne dans la vraie vie), engoncé dans l’ombre, lui préférant désormais la lumière. « Ca fait quinze ans qu’il croit qu’on ne le voit pas, et depuis qu’il sait qu’on le voit, on ne voit plus que lui », a expliqué un brin désabusé son mentor. L’artiste majuscule a toutefois mis de l’eau dans son vin, lorsqu’il a affirmé que « derrière chaque grand magicien il y a une grande assistante. Il est temps de les mettre en position de star ». Ce dont ne s’est pas privé le second en question, avide de sensations fortes en étant libéré du poids des contingences subalternes…

                                                                                               Michel Poiriault