Faits divers

Tribunal Correctionnel de Chalon - Dette de cannabis et violence

Tribunal Correctionnel de Chalon -  Dette de cannabis et violence

Suite aux déclarations d’un de ses clients, un revendeur de cannabis soupçonné de violence a comparu à la barre du tribunal. Ce n’était pas lui, il n’était pas là, n’a rien fait et ne voit pas ce qu’on lui reproche. Il a été tout de même condamné à 18 mois de prison dont 9 mois avec sursis.

La victime des violences ne s’est même pas constituée partie civile. Son statut de victime ne peut pas être reconnu par le tribunal et il ne peut pas prétendre à réparation. Si on peut parfaitement comprendre cette attitude inspirée par la peur des représailles et l’envie de tranquillité, on constate ce vendredi 11 décembre à la barre que le prévenu en profite largement. On ne l’a pas pris en flagrant délit, aucune dose de stupéfiants n’a été saisie lors de la perquisition à son domicile. Doudoune bleu roi à capuche, jean élimé, air crâne et barbe noire fine, ce jeune homme de 24 ans - appelons-le Arthur - est venu pour nier en bloc à la barre et il le fait admirablement, avec un air buté très adéquat.

Le 12 avril 2014,  la BAC de Chalon contrôle un jeune homme à la ZUP en possession de 96 g de résine de cannabis. Une petite plaquette qu’il a achetée devant le FJT (Foyer des jeunes travailleurs) à son dealer habituel, qu’il fréquente depuis trois ans. D’habitude, l’interpellé se fournit en petites doses mais cette fois pour éviter les allers-retours dont il est las, il a opté pour le modèle au-dessus. Il a d’ailleurs une dette de 450 €.

Quelques jours plus tard, le fumeur de cannabis n’est pas chez lui, mais son frère oui. Il ouvre la porte aux dealers, le prévenu à la doudoune et un acolyte. Le frère, qui n’est pour rien dans l’histoire, reçoit des menaces et un coup du duo de petits caïds. Le père des garçons, averti, décide, via deux retraits de carte bleue, de payer la dette.

 « J’ai jamais vendu un gramme de cannabis » proteste Arthur. Il ne connaît pas son prétendu acheteur ou alors « de vue, au lycée » Il a pourtant son numéro de téléphone dans son répertoire. La présidente Therme, dans un long échange, tente d’obtenir du prévenu quelques confidences et rétractations. A peine apprend-on que le jeune homme travaille parfois au noir. « Quel intérêt auraient-ils à raconter tout cela, vous n’avez aucun litige avec eux ? «  « C’est leur parole contre la mienne ! »,  assène Arthur. « C’est difficile de mentir à la barre et vous n’êtes pas très convaincant » commence le parquet. « Tout au long de l’enquête, les victimes n‘ont pas cessé d’indiquer qu’elles avaient peur. Dans ce cas, quel intérêt auraient-elles à raconter et à accuser le prévenu ? » Le ministère public requiert deux ans de prison dont un an avec sursis et mise à l’épreuve, plus une amende de 500 €. « C’est injuste, j’ai rien fait, c’est n’importe quoi, deux ans comme ça... » proteste encore le prévenu.

Arthur a été condamné à 18 mois de prison dont neuf avec sursis assortis d’une mise à l’épreuve comportant une obligation de travail ou de formation. Il devra s’acquitter aussi d’une amende de 400 € pour la violence. Même si le contrôle judiciaire limitera son envie de régler ses comptes, dommage que la victime des coups n’ait pas estimé normal de voir son statut reconnu par le tribunal.

 

Florence Genestier