Chalon sur Saône

Le Manège des Gigougnoux n'est plus. Paix à son âme !

Le Manège des Gigougnoux n'est plus. Paix à son âme !

Adieu veau, vache, cochon, couvée !  Eh oui, les meilleures choses ont une fin, en l’occurrence le Manège des Gigougnoux à la vie idyllique, dont le maître d’ouvrage était L’Abattoir/Centre National des Arts de la Rue, et le maître d’œuvre…ni plus ni moins que tout un chacun. Ce projet participatif mis en branle en janvier de cette année, avec aux commandes le scénographe Laurent Mesnier, aura aimanté une grosse centaine de personnes, avec surtout un noyau dur composé d’une trentaine d’entre elles encore plus déterminées à ce que les choses aillent à leur terme. Si la cohabitation harmonieuse relative à cette fabrication en représentait la face cachée, c’était pour lui donner du lustre lors du Quartier de Lune du mois d’avril aux Aubépins, mais principalement afin de le rendre opérationnel. Ainsi, quantité d’amateurs de fête foraine à l’ancienne ont pu physiquement tourner en rond, toutefois pas dans leur tête, le climat ambiant au charme suranné autorisant moult échappées belles, l’attraction étant mue, jolie singularité, à la force du jarret ! Exhibé ensuite au festival Chalon dans la rue, ledit Manège devait être livré à lui-même et péricliter, après avoir jeté toutes ses forces dans la bataille. Stocké à L’Abattoir, le détonateur de rêveries méritait un autre sort qu’une mort lente sans transmettre de postérité. Alors l’idée d’un semblant de braderie a fait son chemin, tant et si bien que ce vendredi soir rendez-vous était donné aux bâtisseurs, histoire de rendre à César ce qui appartenait à César. Les édificateurs désireux, dans une atmosphère où la nostalgie le disputait à la mélancolie, de regagner leurs pénates avec le ou les morceaux(x) de bravoure matérialisé(s) à la valeur sentimentale avérée, ont été accueillis à bras ouverts. En proie à une émotion intense, le scénographe Laurent Mesnier était traversé par des tiraillements internes. «C’est un peu dur d’être là ce soir. Dans cette très belle aventure commune qui laisse beaucoup de vide, c’est la rencontre qui a compté, des groupes se formaient, se déformaient…J’ai adoré », a-t-il furtivement glissé. Fort heureusement le repas offert par L’Abattoir tombait avec à-propos pour tourner la page en ressoudant les liens et éludant le revers de la médaille. Pour la petite histoire, étant donné les affaires restées en rade, il se pourrait qu’un appel soit lancé à l’amorce de janvier aux Chalonnais soucieux de récupérer tout ou partie des fragments du Manège, ceci sans contrepartie financière. Autrement, direction la déchetterie, un mode opératoire sans doute à bannir pour les puristes…