Chalon sur Saône
Si rien n'est fait d'ici là, en 2019 on pleurera à Chalon-sur-Saône la disparition de l'hirondelle de fenêtre, une auxiliaire de premier ordre...
Publié le 30 Décembre 2015 à 13h11
A Chalon-sur-Saône en particulier, l’hirondelle de fenêtre traverse une mauvaise passe, et au train où vont les choses, elle pourrait être complètement mise sous l’éteignoir en ne faisant plus partie du paysage local. Accusés, levez-vous ! Le ravalement de façade et son corollaire, l’anéantissement des nids, inquiètent au plus haut point l’A.O.M.S.L. (Association Ornithologique et Mammalogique de Saône-et-Loire), laquelle tire la sonnette d’alarme.
Un dénombrement a été effectué à trois reprises
En Saône-et-Loire quatre espèces d’hirondelles vont et viennent au printemps et en été : celles de fenêtre, rustique, de rivage, de rochers (cette dernière est très rare, cantonnée à deux sites du Mâconnais). S’agissant du Chalonnais, le nombre tombe à deux, seules les deux premières citées vaquant à leurs occupations. Consécutivement à une grande enquête régionale diligentée par l’E.P.O.B. (Etude et Protection des Oiseaux en Bourgogne, autrement dit la fédération régionale des associations ornithologiques bourguignonnes), une première enquête de l’hirondelle de fenêtre a été réalisée à Chalon en 2011 par l’A.O.M.S.L., réitérée en 2013, puis 2015. Notons qu’un comptage avait eu lieu en 2004 par un bénévole, mais les données chiffrées sont restées telles quelles, car les naturalistes de l’association départementale n’ont pas eu connaissance de son mode opératoire. Chalon-sur-Saône est l’unique commune à bénéficier d’un pistage dans les règles de l’art assez régulier, puisqu’elle est la terre d’asile à l’heure actuelle de la plus grosse population saône-et-loirienne d’hirondelles de fenêtre. « Cette espèce vit à la base dans les falaises, et en ville les hauts bâtiments représentent les falaises de substitution. Assez sensible aux points d’eau, elle a besoin de zones boueuses pour construire son nid, de zones humides lui fournissant des garde-manger en insectes. Nous sommes d’autant plus soucieux que la situation est alarmante. Si les nids sont démolis pendant la saison de nidification, les hirondelles ne reviennent pas. 50 % des adultes et 80% des jeunes disparaissent chaque année pour plusieurs raisons», déplore Alexis Révillon, animateur&chargé d’études naturalistes au sein de l’A.O.M.S.L.
A bride abattue vers la déplorable désertification
Le hic, c’est que sur tous les nids recensés dans la cité de Niépce, 84% ont été dégradés (cassés ou totalement détruits). En 2015, ceci signifie que, pour un total de 2847 nids, 2229 ont été détériorés (c’est principalement dû à l’activité humaine, un très faible pourcentage incombant à l’endommagement naturel), tandis que 518 ont conservé leur état originel, sachant qu’ils ne sont pas utilisés intégralement à un instant t, mais à près de 70% seulement. D’autre part, 63 nids artificiels ont été posés. Et pourtant, nul n’est censé ignorer la loi, clame-t-on…Celle du 10 juillet 1976 sur la Protection de la nature s’avère très explicite à cet égard, établissant en substance que l’intégrité physique desdits oiseaux, de leurs couvées, ainsi que de leur habitat terreux, doit être scrupuleusement respectée, sous peine de punition. Si à Chalon ce sont les quais de Saône et l’île Saint-Laurent qui ont fait l’objet d’une prospection en 2011 (459 nids), deux ans plus tard on a repris ce socle et agrandi le secteur d’investigation (265 nids), en 2015 c’est quasiment l’ensemble ce la commune qui a été passée au peigne fin (218 nids). D’après Alexis Révillon, coudoyé par Déborah Apollo (en service civique) pour l’inventaire (vingt-deux jours de besogne en comptant le terrain et l’analyse) de cette année, « cela représente – 52,51 % en quatre ans. C’est une chute vertigineuse. Si on garde ce pourcentage, en 2019 il n’y aura plus d’hirondelles. » A toutes fins utiles, apprenez que le document relatif à cette étude financée par le Grand Chalon, lequel coopère avec l’A.O.M.S.L. depuis quelques années, est accessible à tous, soit en venant le consulter dans les locaux de l’association, soit après avoir demandé l’envoi –à titre gracieux- de la version numérique. Selon Alexis, « cette perte est essentiellement due à des destructions de nid imputables aux ravalements de façade entrant dans le cadre du « plan couleurs façades » qui a démarré fin 2011-début 2012. En 2012 l’A.O.M.S.L. a participé à une réunion avec les services environnement et urbanisme de la ville de Chalon, mais nos recommandations n’ont pas été entendues. On n’est pas pris au sérieux par la ville, pourtant on mâche le travail, donnant toutes les solutions possibles, économiquement très intéressantes. Nous sommes par ailleurs intervenus en tant que conseiller technique auprès de deux entrepreneurs, en ce qui concerne le quai Gambetta et la rue Jules Ferry.»
Un indéniable filtre épuratoire que ces insectivores
Alexis Révillon se veut l’avocat du bon sens. »Nous estimons les hirondelles à 363 couples, un nombre prudent. Par jour, une hirondelle va nourrir entre 50 et 108 fois ses oisillons. Concrètement et globalement, ça signifie entre 65 et 209 millions d’insectes prélevés, dont des moustiques. Il est bon de savoir qu’une donnée du moustique-tigre a été confirmée dans une mare à Beaune…Il s’agit d’une barrière biologique et naturelle. » Ce patrimoine ô combien utile s’accompagne toutefois de désagréments somme toute passagers et contre lesquels une parade existe. « Les fientes ne prennent que vingt jours sur une année. Pour les annihiler, il y a un système antisalissure très peu coûteux (1 ou 2 euros la planche de récupération, 47 centimes d’euro le système de protection avec nichoir artificiel en cas de réalisation par soi-même). Il ne faut pas hésiter à nous appeler pour son installation, on est là pour conseiller. De plus ces déjections sont utilisables pour les plantes ou le jardin, c’est un engrais très efficace. » Invariablement l’hirondelle de fenêtre redébarque début avril, niche mi-mai (de 2 à 4 fois), et tire sa révérence courant septembre. Durant ce laps de temps s’avère-t-il impératif qu’au moins cinq jeunes aient pu s’émanciper et s’envoler, pour maintenir un niveau correct de population. « Associés » inaliénables, les gens du cru. Condition sine qua non afin que le risque de flop soit réduit à sa plus simple expression. « On aimerait la prise en compte par les Chalonnais de la préservation de la biodiversité », souhaite ardemment Alexis.
En 2016 le fichage continuera
Notez bien que Chalon n’est pas un cas d’école, puisque les coupes claires sont légion en d’autres lieux. « L’hirondelle de fenêtre régresse à l’échelle nationale, - 21% entre 2004 et 2013, avec toujours la même problématique : la destruction volontaire et l’utilisation d’insecticides », argue Alexis. En Saône-et-Loire, outre Chalon, ce sont onze communes qui ont été le théâtre d’une revue d’effectif, avec des résultats disparates. Verdun-sur-le-Doubs par exemple a connu une baisse de 20% entre 2011 et 2015, tandis que Pierre-de-Bresse stabilisait sa population, etc. Un rapport a été envoyé à chacune, assorti des conseils pour les années à venir concernant la prospérité de l’espèce considérée. Enfin, en 2016 il y aura la relance de l’étude régionale, histoire de cerner les tendances des colonies d’hirondelles afférentes à 2015. L’accent sera mis sur les vingt-cinq communes abritant plus de cinquante nids dans le département.
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Crédit photo : Alexis Révillon, photo prise en 2013 à Chalon Michel Poiriault
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