Chalon sur Saône

TRIBUNAL CHALON - Relaxe pour deux jeunes soupçonnés de trafic de drogue devant le lycée Thomas-Dumorey

TRIBUNAL CHALON - Relaxe pour deux jeunes soupçonnés de trafic de drogue devant le lycée Thomas-Dumorey

Deux jeunes d’une vingtaine d’années étaient poursuivis ce vendredi 8 janvier pour usage, cession ou offre de stupéfiants à proximité d’un établissement scolaire chalonnais. Ils ont été relaxés pour le trafic mais doivent une amende pour avoir fumé des joints.

Du 1er septembre au 4 octobre 2012, François et Manuel (prénoms changés) ont l’habitude de venir à l’heure des récréations devant le portail du lycée professionnel Thomas-Dumorey. Le manège est quotidien et une Fiat Punto rouge ne passe pas vraiment inaperçue. Un petit groupe se forme régulièrement autour du véhicule et des transactions douteuses sont soupçonnées. A tel point que l’administration du lycée s’alarme d’autant qu’un joint est retrouvé en salle d’études. Inquiet, le proviseur signale le manège à la police qui installe une surveillance. Le 4 octobre 2012, la Fiat Punto est remplacée par une Fiat Panda grise. Après la récréation, où un échange suspect semble avoir eu lieu, la police, qui guette, prend la voiture en filature. Panique dans la Fiat, qui démarre en trombe et prend un sens interdit. Arrêtée, la voiture grise est fouillée. A l’intérieur, la police trouve un petit pochon qui contient un peu de résine de cannabis, un sac qui contient trois téléphones portables (deux en panne) et 435 euros en espèces. Une panoplie qui ressemble à celle du trafiquant de base. La petite voiture étant un véhicule de prêt d’un garage, des perquisitions sont ordonnées au domicile des suspects. Puis dans le véhicule du propriétaire, toujours au garage pour réparation. Chou blanc dans les appartements, en revanche, le chien dressé à repérer la drogue gratte plusieurs fois quand il inspecte la Fiat Punto rouge.

« J’allais pas vendre de la drogue au lycée, j’allais voir mon cousin qui était élève au lycée, je ne travaillais pas à l’époque, je m’ennuyais », explique François à la barre du tribunal. « Les 435 €, c’était pour payer les réparations de ma voiture. Je l’ai vidée puisque je l’ai laissée au garage, c’est pour ça que j’avais tout ça ».

« D’accord, dit la présidente. Mais la résine de cannabis qu’on a retrouvé dans la voiture, elle est à qui ? » Silence du duo. Un ange passe.  Plus tard, au fil des questions du tribunal, les deux jeunes reconnaissent qu’à l’époque, ils étaient consommateurs de cannabis. François, aux airs de gros nounours, dit s’être « bien calmé depuis. Je suis papa, faut que je trouve un emploi pour faire vivre ma famille ». Il vient de boucler une formation. Les effets bénéfiques de la paternité sur les adolescents attardés sont parfois réellement sympathiques. Manuel, lui, au casier judiciaire chargé, a fait le choix de quitter la région chalonnaise pour s’établir à Clermont-Ferrand ou loin des mauvaises fréquentations, il commence une nouvelle vie.

« Je ne consomme plus de stupéfiants, Madame la présidente, affirme Manuel. Parfois je fume des joints »

« Donc, le reprend la présidente Therme, vous consommez des stupéfiants ?

"- Ben non.

"- Si."

-    Manuel reste interloqué. Il reconnaît avoir fait « des choses peu respectables, regrettables » dans sa jeunesse. « J’ai tourné la page, avant, j’avais une grosse consommation d’alcool. » Il a effectué par le passé un travail d’intérêt général et a bénéficié d’un suivi pour lutter contre l’alcoolisme qui s’est, dit-il, montré efficace. Dans ses réquisitions, le parquet souligne que le dossier est atypique : « Il est rare qu’un proviseur signale le manège suspect d’un véhicule devant son établissement ». Le ministère public rappelle la panique des prévenus avant l’interpellation, évoque les soupçons des témoins et de l’administration scolaire, quant aux transactions éventuelles. Une peine de trois mois de prison avec sursis, éventuellement assortie d’un TIG est demandé, comme la confiscation des 435 € saisis. Pour Me Tarkovski, qui défend Manuel, « la procédure est partie dans tous les sens » et les preuves de la culpabilité sont minces. « Vous n’avez rien qui puisse convaincre que mon client s’est livré à un trafic. Il a mûri, évolué positivement. Je demande la relaxe ». La plaidoirie et l’absence d’éléments concrets pour le trafic, visiblement plus craint que réel, font mouche. Les deux jeunes ont été relaxés pour la cession de stupéfiants, en revanche, reconnus coupables pour avoir consommé. Ils paieront une amende de 200 € chacun. François pourra récupérer les 435 € saisis par la police, à condition qu’il les demande. Sans doute continue-t-il à voir son cousin, loin du portail de Thomas-Demorey. Les parents d’élèves du lycée professionnel peuvent en tout cas être rassurés, l’équipe administrative veille au grain...

 

Florence Genestier