Agglomération chalonnaise

Roland Petriccione voue une admiration sans bornes à Daniel Balavoine, cet être d'exception rencontré une paire de fois

Roland Petriccione voue une admiration sans bornes à Daniel Balavoine, cet être d'exception rencontré une paire de fois

Il y a –déjà- trente ans jour pour jour ce jeudi 14 janvier 2016, que Daniel Balavoine disparaissait au Mali des suites du crash de l’hélicoptère dans lequel il avait pris place. Pour le chargé de production Roland Petriccione, de l’agence événementielle RP Events centrée sur l’événementiel et la production audiovisuelle, sise en partie à Lessard-le-National, l’inimitable auteur-compositeur-interprète laisse un vide immense. Lui qui a tenu le micro à la radio et été DJ l’a approché deux fois, et ses souvenirs, empreints d’émotion, sont encore d’une fraîcheur absolue…

Une personnalité à nulle autre pareille

Ce n’est pas la peine de tourner longtemps autour du pot, Roland s’avère un inconditionnel de deux chanteurs français : Balavoine et Goldman, le premier l’emportant sans bavures (pour la petite histoire, à l’international l’homme sort du lot Bruce Springsteen). « Ce mec-là, musicalement, était rock. Il l’a d’ailleurs dit : «Je suis un chanteur de rock », s’accommodant mal de la qualification chanteur de variété. Juste avant sa mort il a participé aux « Enfants du rock ». C’est le seul chanteur français à y avoir pris part. Il aurait dû être le grand chanteur de rock qu’on n’a jamais eu, avait un charisme de ouf. Tous ses textes sont intelligents», s’épanche Roland, alias Rolly. Au-delà de la capacité de l’artiste à l’enflammer, il y a d’autres aspects nullement négligeables. « Ce qui m’attirait chez lui, et ce n’est pas retombé, c’était sa personnalité, sa grande gueule. Daniel était quelqu’un d’entier, de direct, nanti d’une grosse brillance intellectuelle. Il avait en plus du cœur à revendre. J’ai été un des premiers adhérents de sa fondation. J’ai trouvé cette idée géniale : il fallait acheter des pompes à eau pour l’Afrique, c’était quand même mieux que de donner de l’argent bêtement qui ne serait pas arrivé à destination. Politiquement il était hyper intelligent, il a tout compris. Certes, il avait des excès, comme ses propos envers les anciens combattants, mais il était sain. »

 

Une interview à fort retentissement personnel

Roland Petriccione a gardé en mémoire ses instants d’anthologie. Dans son musée intérieur figurent deux rencontres dont l’une assortie d’un tour de chant, et un concert seul. En 1982 Rolly s’occupait de la partie artistique de la radio libre Cadet Roussel, basée à Auxerre. « On était une radio assez bien référencée », atteste le zélé admirateur, qui a souvenance du début de Balavoine à Starmania en1977, notamment du titre « Lady Marlène » loin de l’avoir accroché. Il sait gré à Michel Berger pour le déclenchement du détonateur propulsant l’artiste dans la notoriété. »Il est parti grâce à lui », assure-t-il. Puis le jour tant attendu arriva, après avoir contacté sa maison de disques, Barclay. Pour ce faire Roland a dû prendre son courage à deux mains, et mettre le cap sur le Palais des sports d’Orléans, où se produisait le chanteur adulé. Une demi-heure durant l’intervieweur lui aura tendu la perche afin que jaillissent les saillies verbales de celui qui abhorrait la langue de bois. « Ca a été surréaliste. Il a fait preuve d’une grande gentillesse, décrété le tutoiement d’entrée. Daniel Balavoine m’a beaucoup plus impressionné que Mick Jagger, France Gall, questionnés au même titre d’ailleurs que Michel Berger. Je ne parvenais pas à être bon, à poser les bonnes questions comme il fallait, mais l’interview s’est super bien déroulée » Des décennies après la cassette regorge toujours de propos lourds de sens…Cerise sur le gâteau, un gratifiant concours de circonstances devait placer Roland en première ligne. « Nous nous sommes retrouvés à l’issue du concert, car, magie de l’improvisation, j’ai été invité par sa maison de disques à partager leur repas. Hors contexte professionnel j’étais plus en admiration, rongé par la timidité. On avait un point commun, ma mère est Basque. Nous avons parlé bouffe, Pays basque, plage, des bagnoles. J’étais sur un nuage ! Daniel était un épicurien pas possible. Nous sommes rentrés, puisque j’avais un pote qui m’accompagnait, à 3 ou 4 heures du mat’ »

 

Septembre 1984 : en privé de nouveau, dans le public ensuite

Malheureusement, la vie sait se montrer parfois cruelle. Le 9 septembre 1984 Daniel Balavoine perdra dans un accident de moto l’un de ses musiciens, Philippe Patron, un gars de la région auxerroise. Et c’est à l’occasion de ses obsèques que Daniel et Roland entre autres firent front face à l’adversité. Clin d’œil entaché de tragédie, des moments cependant très forts enclins à garnir respectueusement les annales du second cité. « La cérémonie achevée, nous sommes allés dans un petit bar, avons évoqué Philippe Patron, et joué au baby-foot. » Le 30 septembre du même mois, Roland se reput une ultime fois de sa coqueluche, pour la dernière de son spectacle au Palais des sports de Paris. Lorsqu’il a soudainement été confronté à l’inimaginable, l’indicible douleur morale est survenue. « C’était la première fois que je pleurais pour quelqu’un qui n’appartenait pas à la famille…Depuis sa mort, à part Goldman à une période et sans être méchant, il n’y a pas eu un artiste à la hauteur de son talent, magnifié par une de ces voix ! Il n’y avait pas d’anti-Balavoine. Quand il disait quelque chose il avait raison. Il possédait des couilles ! »

Daniel Balavoine envisageait de sortir de sa coquille

Et si cet irrémédiable mauvais coup du sort ne s’en était mêlé en janvier 1986 dans les contrées désertiques maliennes ? « Il n’avait pas un ego surdimensionné, envisageait d’arrêter sa carrière. Son ambition ? Devenir le chanteur d’un groupe partant à la conquête de l’Angleterre et des Etats-Unis. Son idole, c’était Peter Gabriel (ex-Genesis). Dans son dernier album (« Sauver l’amour »), il est très influencé par le son de ce groupe. » Pour sûr, Roland Petriccione n’entrera jamais dans les ordres. « C’est là que j’ai vu que Dieu n’existait pas, car quand une personne fait le bien, comment peut-on la renvoyer ? »...la quadrature du cercle…

 

Photos de Roland Petriccione concernant Daniel Balavoine sur scène  

 

                                                                                                             Michel Poiriault