Faits divers

Totalement ivre... il tente de kidnapper un photocopieur dans la galerie commerciale à Mâcon

Totalement ivre... il tente de kidnapper un photocopieur dans la galerie commerciale à Mâcon

L'affaire était jugée au tribunal correctionnel de Mâcon.

C’est une affaire inhabituelle et un peu absurde. Difficile d’expliquer au tribunal mâconnais  pourquoi Gilles (prénom changé) a  fait main basse sur le photocopieur à disposition des clients dans cette galerie marchande. Il ne sait d’ailleurs toujours pas pourquoi. Il était en état d’ébriété, il avait été mal accueilli à l’hypermarché la veille. Gilles est un jeune homme de trente ans passés, avec un léger handicap, bien gentil, sérieux au travail et qui malheureusement, boit trop. Ce jour-là, il arrive sur cette zone commerciale de Mâcon nord sans but précis, achète deux bouteilles de rosé, les boit, s’endort doucement dans sa voiture sur le parking. On a connu des endroits plus riants pour des siestes, même d’ivrogne. Quand il se réveille, il fait nuit. Il s’achète des cigarettes dans un bar. Gilles décide soudain d’embarquer la photocopieuse, histoire d’assouvir une basse vengeance nébuleuse contre l’affront qui lui a été fait. Pas facile toutefois d’être justicier nocturne, même pas masqué à Mâcon. Déjà les caméras de vidéosurveillance du centre commercial immortalisent vos exploits et comme tous les soirs, les patrouilles de la BAC veillent et ont tôt fait de vous repérer. Jamais les policiers, pourtant aguerris, n’avaient été confrontés à  un vol de ce genre. Il en bave Gilles, pour arracher la machine à sa galerie, il dépense une énergie folle. Il ouvre les portes coulissantes du sas d’entrée avec un cric, déplace à grand peine l’appareil qui pèse son poids et s’escrime sans succès. A la fin, il le traîne, Sisyphe de supermarché du XXIe siècle, par le cordon électrique. Peine perdue, le photocopieur, large et lourd ne rentre pas dans sa voiture. Surpris par les policiers en pleine action, il a du mal à articuler. Davantage à donner une motivation : il n’en a pas, avant ou après dégrisement.

C’est un jeune homme visiblement sensible qui a attendu de comparaître hors de la salle d’audience, ce mercredi 13 janvier, quatre mois après son exploit. « Le tribunal l’effraie », souligne son avocate Me Cécile Denave. Gilles n’a pas de mention sur son casier judiciaire, il a un emploi fixe et donne entière satisfaction. C’est son premier délit. « Vous n’avez jamais été condamné et vous commencez par un photocopieur ? C’est bizarre tout de même, s’interroge à voix haute le président Santourian. Qu’est-ce que vous vouliez faire avec ?

-          Aucune idée », répond sobrement Gilles. Silence. A 19 h, le mercredi, il est pourtant du devoir du tribunal correctionnel de juger des voleurs de photocopieuses malheureux qui ne savent pas pourquoi ils les volent…

« Les policiers ont été très surpris, note le parquet. C’est vrai, le prévenu ne s’est pas montré très discret pour voler une machine qui ne lui aurait servi à rien. » Une peine de six mois de prison avec sursis est requise.

« Il n’y a rien de cohérent dans les faits commis, plaide Me Denave. C’est une personne fragile, qui n’est pas en possession de tous ses moyens. Il a bu ce soir-là, il perd un peu pied et on en arrive à cette situation assez grotesque. » Gilles vit chez ses parents et bien encadré, il ne pose aucun problème et n’est pas violent. Malheureusement, il boit trop régulièrement et vient de commencer un traitement pour addictologie. Les juges l’encouragent d’ailleurs vivement à continuer le suivi. Gilles a été condamné à trois mois de prison avec sursis et son cric a été confisqué. Il devra payer 600 € d’amende, ce qui représente beaucoup de photocopies.

 

Florence Genestier