Chalon sur Saône

TRIBUNAL DE CHALON - Escroquerie entre deux sœurs

TRIBUNAL DE CHALON - Escroquerie entre deux sœurs

En difficulté financière, elle a abusé sa sœur en contractant plusieurs crédits à la consommation à son nom sans l’avertir. L’argent pour elle, les huissiers et les complications pour la frangine.

Parfois la salle d’audience chalonnaise revêt les habits d’un cabinet de thérapie familiale. C’était le cas ce vendredi 15 janvier, quand la victime, sœur de la prévenue a pris la parole. « Je vois qu’elle est sincère quand elle s’excuse. Je ne veux pas qu’elle aille en prison », affirme la jeune femme abusée. En octobre 2013, elle confie à Fleur (prénom changé) carte d’identité, RIB et carte bancaire pour qu’elle lui ouvre un abonnement téléphonique et lui achète un téléphone portable. L’opérateur choisi refuse, elle en trouve un autre. Elle garde aussi les papiers sororaux pour ouvrir plusieurs crédits à la consommation. Sans avertir sa cadette, qui découvre l’existence des contrats à son nom via des courriers comminatoires et des appels d’huissiers quelques mois après. Autant dire que les relations entre les deux sœurs se tendent, jusqu’à l’action en justice.

Fleur (prénom changé), chignon chic et joliment maquillée, n’en est pas à sa première condamnation pour des faits du même acabit, quatre au total. Elle a même été incarcérée quelques mois, en avril 2015, à la révocation d’un sursis mise à l’épreuve associé à une précédente peine, à la révélation de cette affaire. Séparée de son fils, malade et qui réclame des soins constants, elle dit avoir ressenti un déclic derrière les barreaux et a, effectivement, procédé à divers changements dans sa vie. Elle a décroché un CDI à sa sortie de prison, s’est séparée de son compagnon. « J’aurais jamais dû faire ça, sanglote la prévenue à la barre. Elle me manque énormément, ma sœur. A l’époque, ma situation financière était très compliquée. »

« Vous avez déjà eu un avertissement. Votre mode de vie est basée sur l’escroquerie » assène la présidente Therme. « Les biens que vous achetez avec l’argent des crédits ne sont pas des biens de première nécessité, mais du matériel multimédia, cela contredit votre discours… » La jeune femme voulait revendre téléviseurs et équipements sur un site en ligne pour se faire davantage d’argent. « Les deux sœurs étaient proches, la victime n’avait aucune raison de se méfier des agissements de son ainée. La prévenue reconnaît les faits, c’est nouveau, mais elle a tout de même 4 mentions à son casier. » Le parquet tient toutefois, au vu de l’évolution professionnelle et personnelle de la prévenue depuis sa sortie de prison, à lui donner une dernière chance : dix mois de prison avec sursis et mise à l’épreuve et une obligation de soins psychologiques sont requis. Me Ronfard, pour la défense, insiste sur « la volonté de réinsertion de la prévenue. Elle a compris qu’elle était allée trop loin avec ces derniers faits. L’incarcération et la séparation d’avec son fils ont été salutaires». La sœur indélicate a été condamnée à dix mois de prison avec sursis et mise à l’épreuve, à indemniser de 800 € à sa victime et à «  prendre conscience de ses fragilités via une obligation de soins ».

F.G.