Chalon sur Saône
Le café-théâtre du Piccolo reprendra du service le vendredi 22 janvier avec "On n'est pas des chiens." Tout un programme !
Publié le 19 Janvier 2016 à 10h30
Les Evasions Rieuses 2016 d’A Chalon Spectacles (cinq rendez-vous) sont en passe de quitter la sclérosante théorie et de larguer les amarres, pour accoster des rivages où l’humour servi à plusieurs sauces n’a de cesse de dicter sa loi. Premier à inscrire son nom sur cet échiquier revigorant : Jean-Rémi Chaize. Le comédien nous entraîne à sa suite.
Comment votre création a-t-elle vécu ?
«J’ai joué pour la première fois en octobre 2014, j’ai fait une date. Ensuite j’ai eu une programmation à l’automne dernier, j’ai joué cinq semaines à Lyon entre septembre et octobre 2015. J’ai rejoué le 31 décembre à Lyon, je suis reprogrammé à Lyon du 30 mars au 16 avril, et après je partirai un mois en juillet au Festival d’Avignon. C’est le seul spectacle que j’aie écrit seul, et où je suis seul. Jamais auparavant je n’avais été confronté à l’exercice du seul-en-scène. »
Qui êtes-vous, Jean-Rémi Chaize ?
« J’ai eu 31 ans au mois d’octobre. Côté formation elle est assez classique : j’ai fait un bac théâtre obtenu en 2002, puis je suis allé cinq années en fac ; ensuite je suis resté deux ans au Conservatoire de Lyon, et je suis entré à l’ENSATT, en 2008, d’où je suis sorti en 2011. A partir de là j’ai toujours travaillé avec des compagnies, soit issues de l’ENSATT ( certains potes de l’Ecole nationale et moi avons monté un collectif et créé plusieurs spectacles), soit avec des compagnies indépendantes. J’ai vraiment beaucoup travaillé en troupe. »
Comment est né le one-man-show « On n’est pas des chiens » ?
« C’est un truc que j’avais depuis longtemps dans la tête, et il a fallu que j’aie un peu de temps. Un jour où j’avais moins de boulot j’ai décidé de m’y mettre. Du coup j’ai commencé à écrire, et le spectacle est venu un peu comme ça, en commençant par écrire un personnage auquel j’avais pensé, qui revient à plusieurs reprises dans le spectacle. A la suite de ça sont nés les autres personnages. Ce n’est pas un stand-up du tout, c’est une galerie de personnages. J’ai commencé à écrire, et ça s’est dessiné au fur et à mesure, c’est devenu plus clair. »
Que se cache-t-il derrière ce titre ?
« Ce sont des personnages pas mal névrosés quand même et un petit peu seuls, des solitudes. Ils sont assez définis par un type de caractère, et en même temps je ne crois pas être tombé dans la caricature de chacun d’entre eux. Ils n’ont pas forcément toujours droit à la parole, et il y a pas mal de femmes. D’un coup ils sont mis en lumière le temps d’un sketch, d’une séquence. »
A qui conseillez-vous votre spectacle ?
« Pour l’avoir testé plusieurs semaines à Lyon avec des publics différents, je me suis rendu compte, mais on ne peut rien dire, car on peut avoir 60 ans et être jeune dans sa tête… J’ai l’impression quand même que c’est un public avec beaucoup de trentenaires et de quarantenaires. Ca marche pas mal avec des ados aussi, des lycéens, car ce sont des jeunes avec qui j’ai travaillé sous forme de master class. Dès lors que l’on atteint 60 ans, la réflexion est peut-être un peu différente. Le 31 décembre c’était amusant parce que j’ai eu trois séances (18h, 20h, 22h), et c’est vrai que pour celles de 18h et 20h, c’était « plus vieux » comme public, donc ça ne réagissait pas de la même manière. Les gens étaient très à l’écoute mais ne s’esclaffaient pas plus que ça, et à 22h il y avait un public un peu plus jeune. Là, j’ai trouvé une ambiance où les gens se lâchaient davantage. »
Auteur au profit d’un seul comédien, ce cousu main ne comprend-il que des avantages ?
« Quand ça se passe bien, oui, c’est plaisant, jouissif ! Parfois, c’est plus compliqué…. C’est quelque chose que je suis en train de découvrir, c’est véritablement un travail très différent que d’être avec des partenaires. Ce sont des sensations très particulières. Quand on est avec des partenaires, c’est assez agréable car il y a l’énergie qui peut se passer, on peut prendre celle de l’autre pour s’aider, alors que quand on est seul, il faut arriver à trouver les ressorts pour ne compter que sur soi. Peut-être que l’on prend l’énergie beaucoup dans le public d’ailleurs. C’est presque un autre métier. Je n’ai pas cherché le rire à tout prix, je pense qu’il y a également des choses qui remuent un peu, qui sont un peu violentes, un peu dures. Alors de là naît le rire, c’est un peu complexe, c’est-à-dire qu’il n’est pas toujours au même endroit. Il y a le rire léger, et le rire un peu plus cynique. Il y a des personnages qui marchent mieux que d’autres ; pour en avoir parlé avec des gens après le spectacle, certains personnages peuvent perturber. »
L’humour se pare-t-il de vertus irréfutables, voire insoupçonnées, curatives ?
«Est-ce que c’est thérapeutique, en gros ? Je pense qu’il y a quelque chose de cet ordre-là, d’autant plus aujourd’hui avec la société dans laquelle on vit, le monde dans lequel on est. C’est très important de rire, essentiel. Après, je remarque que le rire est quelque chose de très intime, de très personnel. Il y a beaucoup de choses qui me font rire, qui ne font pas tire d’autres personnes. C’est très subjectif, je ne sais pas comment ça marche, cependant c’est curatif. J’aime citer la phrase de Desproges : «On peut rire de tout mais pas avec tout le monde.»
Les modalités pratiques
Vendredi 22 janvier à 20h, au Théâtre Piccolo. Le plein tarif est de 22,00 euros. Renseignements au 03.85.46.65.89, ou à cette adresse : [email protected]
Crédit photo : Patrick Roy Michel Poiriault
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