Société

Derrière le prix du baril de pétrole… un vaste jeu de poker menteur

Derrière le prix du baril de pétrole… un vaste jeu de poker menteur

Voir un baril de pétrole à 28 dollars… soit moins cher qu'un baril rempli de Perrier, c'est un scénario que personne n'osait imaginer il y a quelques mois. Sauf que derrière le prix du pétrole, se jouent les grands équilibres mondiaux que l'Arabie Saoudite n'entend pas céder.

Les places financières mondiales ont dévissé les unes après les autres ce mercredi, après le retour sur la scène internationale du pétrole de l'Iran, qui voit augmenter ses capacités de production quotidienne de manière importante. Derrière ce jeu du coût du baril, se joue une partie de poker menteur à celui qui fera plier l'autre. En guest star, bien évidemment les Etats-unis encore et toujours... A la même table, l'Arabie Saoudite mais également l'Iran, la Russie et d'autres monarchies du Golfe. 

Une victime directe... l'écologie

Si il y a une première victime directe de la situation qui se joue autour du pétrole, c'est bien l'environnement. Après les grands engagements pris autour des gaz à effet de serre, à Paris, la situation risque de se renverser et de porter définitivement préjudice à l'écologie mondiale. Entendez bien que si le pétrole devient bon marché, il sera bien difficile de mettre en place des alternatives à ce type d'énergie. D'ailleurs, les premières conséquences sont tombées. De nombreuses prospections dans des zones plus à risque, avec des nappes de pétrole plus éloignées ont d'ores et déjà étaient abandonnées (pour le moment). Et on ne parle pas d'éventuels procédés plus "écologiques" qui auraient pu voir le jour, dopés par un pétrole cher.

L'Arabie Saoudite joue son va-tout face à la volonté d'indépendance américaine

Depuis quelques années, les Etats-Unis entendent doper leur production de pétrole notamment à travers le pétrole contenu dans les schistes bitumineux dont le pays regorge et dont l'exploitation est tant décriée. Avec un prix de pétrole élevé, les prospections aux Etats-Unis se sont multipliées, faisant craindre indirectement à l'Arabie Saoudite, une perte de sa toute puissance, grâce à son atout majeur. Jouer le prix le plus bas, c'est gage pour l'Arabie Saoudite de mettre un terme à toutes les volontés d'indépendance. Jamais un pays ne pourra être en mesure de produire un pétrole aussi peu cher que celui produit par l'Arabie Saoudite qui affleure le sol.

Autre enjeu pour la monarchie arabe, c'est bel et bien la volonté de ne pas céder un pouce de terrain en terme de production à l'Iran, qui revient sur le devant de la scène.

La grande question est de savoir combien de temps cette petite stratégie peut durer alors que le déficit de l'Arabie Saoudite se creuse et que son économie et surtout sa paix sociale reposent exclusivement sur le marché pétrolier. Même son de cloche en Algérie où les déficits se creusent avec le risque d'embrasement qui pèse sur ces pays. Le tout sans oublier la Russie qui voit son économie subir un ralentissement sans précédents. Derrière le prix du baril de pétrole, c'est le risque d'une instabilité dans bon nombre de pays producteurs avec les conséquences que l'on sait. C'est une vraie partie de poker menteur qui se joue là... sauf que les risques encourus pourraient bien dépasser les prévisions même les plus pessimistes. 

Laurent Guillaumé