Faits divers

A Chalon, au volant et fumant un joint... il a croisé la police

A Chalon, au volant et fumant un joint... il a croisé la police

Dix-huit mois de prison dont dix avec sursis pour un jeune homme déjà incarcéré. En juin 2013, il a cumulé une belle collection de délits, du vol aggravé à la rébellion. Il a subtilisé argent, matériel multimédia et véhicule à la Mission Locale Jeunes, filouté pour un plein de carburant et a légèrement blessé trois policiers lors de son arrestation musclée.

Carton plein. Rémy (prénom changé) est l'un des trois prévenus incarcérés à Varennes-le-Grand qui ouvrent la journée d’audience du tribunal correctionnel, réuni en collégiale ce vendredi 22 janvier. Longiligne et noyé dans un pull trop grand, les cheveux longs captifs d’un chignon,  il a de vagues airs de David Bowie mal fringué. Il explique son « palmarès » délictuel par sa dépendance aux drogues.

Au volant d’une 206 volée à la Mission Locale jeunes du Chalonnais, il fume un joint et - malchance pour lui ce 20 juin 2013 - rue Niepce croise la BAC, en patrouille. Il reconnait les policiers, qui l’ont déjà interpellé, s’affole. Il n’a pas de permis de conduire et a collé des plaques d’immatriculation avec du scotch double face sur les vraies. Des plaques dérobées sur un parking chalonnais à un autre véhicule, puisque la 206 - volée à la MLJ, rappelons-le-  a été filmée après une filouterie au plein d’essence sur la route des Vosges. Un florilège qui n’est pas bouclé pour la soirée.

Ce 20 juin 2013, les policiers lui font signe de s’arrêter. Paniqué, Rémy emprunte un sens interdit, grille un stop et comme il sait à peine conduire, emboutit un trottoir non loin du pont SNCF. Il abandonne son véhicule et fuit à toutes jambes à travers les massifs, les trois policiers à ses trousses. Il trébuche, tombe dans un trou, se débat avec énergie. Les policiers reçoivent des coups, de manière désordonnée. Menotté à terre, il se calme enfin. Au poste, il dit spontanément que la voiture ne lui appartient pas, qu’il a bidouillé l’immatriculation et cambriolé la Mission locale Jeunes le 7 juin. Les policiers n’en attendent pas tant. Remy se dit SDF mais sa situation est plus compliquée. Toxicomane, il a plus ou moins rompu avec sa famille qui ne sait plus quoi faire à son sujet. Plusieurs jeunes sans domicile ont pris l’habitude de forcer sans dégâts la porte de la MLJ, qui ferme mal, pour y passer des nuits à l’abri. Rémy, en manque, y vole aussi début juin de l’argent et une clé de voiture. La police trouve la clé USB dérobée chez ses parents.

Ce vendredi matin, Rémy paraît très calme dans le box. Rémy a 11 mentions sur son casier, en majorité liées à la drogue et son usage. Le jour de son délit de fuite, tous les sursis liés à ses condamnations antérieures sont tombées. Quand il a vu la voiture de police, il a eu peur d’aller en prison. Et a bizarrement, la panique aidant aggravé son cas pour y atterrir à coup sûr ! Me Millot-Morin défend les intérêts des policiers qui ont reçu des coups en attrapant le jeune prévenu et demande 500 € pour chacun en dommages et intérêts.

Pour le procureur Rode, face au festival de délits commis par le prévenu, le refrain « je suis tombé dans la drogue et je traverse une mauvaise passe » paraît « rapide ». Le parquet décèle une certaine lucidité dans l’enchaînement des actions de Rémy, « une détermination ». Et requiert une peine de huit mois à un an de prison.

« C’est le dossier de la toxicomanie, plaide Me Charbonnel, peu impressionnée par l’avis tranché du ministère public. Quel délit supplémentaire aurait-il pu commettre ? On a tout. C’est un florilège. A l’époque des faits, ça fait dix ans qu’il se drogue. Il a eu peur, un réflexe immature et enfantin. La nuit des faits, on l’a aussi interrogé à 3 h 55 en garde à vue. Voilà 15 mois qu’il est incarcéré, il se soigne, ne se drogue plus, il a passé son brevet, prépare le bac.» Miracle du changement en prison ?

Le tribunal a condamné Rémy à effectuer 8 mois de prison ferme supplémentaire, dans une peine mixte de 18 mois de prison dont 10 avec sursis mise à l’épreuve avec une obligation de soins de travailler et d’indemniser les victimes. Le jeune homme devait initialement sortir du centre pénitentiaire varnois en avril 2016, il y restera un peu plus longtemps…

 

Florence Genestier