Opinion
L'Appel à un avenir de paix lancé par la Section Chalonnaise de la Ligue des Droits de l'Homme
Publié le 24 Janvier 2016 à 18h45
L'année qui vient de s'achever a été difficile sur bien des plans : les attentats de janvier et novembre ont marqué les esprits durablement, engendrant un climat de peur - instrumentalisé, voire entretenu par certains, ainsi qu'une une tentation de repli sur soi, qui s'est traduite dans les urnes lors des dernières élections avec la forte poussée de l'extrémisme.
C'est dans ce contexte qu'un gouvernement, dit de gauche, a mis en place un état d'urgence contre lequel la Ligue, ainsi que d'autres associations, citoyens, syndicats, etc, se sont élevés avec force.
Un Comité de Vigilance Départemental, à l'initiative du Collectif pour un Avenir Solidaire, vient d'ailleurs d'être créé à Chalon, comme on peut le lire dans la presse d'aujourd'hui.
Comment croire que ce dispositif liberticide, qu'est l'état d'urgence, ne vise que la lutte contre le terrorisme ? Il a surtout servi à des assignations à résidence de militants pacifistes, à perquisitionner chez de paisibles agriculteurs bio, à empêcher les citoyens de s'exprimer lors de la COP21.
Des manifestations interdites au prétexte de sécurité publique que l’État n'auraient pu garantir, alors qu'il était pourtant en mesure de le faire pour des événements sportifs ou commerciaux.
Pire encore. Ce gouvernement reprend à son compte les idées du Front National, bafoue les libertés collectives et le droit du sol en décidant d'inscrire dans la constitution la déchéance de nationalité pour les français bi-nationaux. Y a-t-il plusieurs catégories de français ? De bons et de mauvais français ? Des français plus français que d'autres ?
Cela dit, la déchéance de nationalité, c'est l'arbre qui cache la forêt. Le vrai problème, c'est l'état d'urgence, que l'on veut inscrire dans la constitution. Les motifs invoqués sont assez flous pour nous inquiéter.
On apprend aujourd'hui, d'ailleurs, que son prolongement est, je cite F. Hollande, « tout à fait probable ». Cela n’est pas pour nous rassurer.
L'état d'urgence, c'est la mainmise de l’Etat sur la Justice. Ce n'est plus la Justice, mais les préfets qui contrôlent et décident. Ce qui multiplie les risques d'arbitraire.
La Justice, c'est le garant de la démocratie. Il faut lui donner les moyens d'agir, et non pas la laisser mourir à petit feu. L'exemple du tribunal de Nancy, en cessation de paiement, est révélateur des choix politiques actuels.
La sécurité, sous toutes ses formes, est un droit. Mais le tout sécuritaire, au détriment des libertés fondamentales, des droits ou encore de la dignité humaine, ce n’est pas acceptable.
Une société sécuritaire est une société malade, soupçonneuse.
Plus localement, notre ville n'échappe pas au tout sécuritaire. Ce n'est pourtant pas la solution pour lutter contre la radicalisation quelle qu'elle soit, ou même, tout simplement, contre la délinquance et les incivilités. La Police Municipale est ainsi armée, à la grande fierté de notre maire, depuis lundi. Le chantier pour la vidéo-surveillance s'accélère. Mais quid de la prévention ? Du vivre-ensemble ?
Le vivre-ensemble, parlons-en ! Au nom de la laïcité, bien instrumentalisée par Gilles Platret, on supprime le repas de substitution dans les cantines. Plutôt que d'encourager les repas pris en commun par les enfants, des moments conviviaux, qui favorisent la socialisation et une meilleure connaissance de l'autre, peut-être différent mais égal, on fait en sorte d'en exclure certains. D'autres sont déjà exclus de fait puisque leurs parents ne les laissent pas à la cantine, les repas qui y sont servis ne convenant pas non plus à leur culture : bouddhistes, juifs, musulmans, mais aussi végétariens par exemple. Une solution toute simple et parfaitement laïque consisterait à mettre au menu un second repas végétarien que tous peuvent accepter quelle que soit leur conviction et qui, en prime serait parfaitement sain pour leur santé et pour la planète. Mais on préfère exclure plutôt que comprendre ! Et on s'étonne ensuite que certains se sentent hors de la société et se radicalisent ? « La dictature s'épanouit sur le terreau de l'ignorance » écrivait Georges Orwell dans 1984. Le terrorisme aussi.
En cette période de vœux, la section chalonnaise de la Ligue des Droits de l'Homme espère sincèrement que cette année 2016 construise un avenir de paix, d'égalité et de justice sociale pour l'ensemble de la société.
En 2016, la section chalonnaise de la Ligue des Droits de l'Homme réaffirme sa présence, sa vigilance et son action constante pour défendre les droits fondamentaux des citoyens, et notamment des habitants du bassin chalonnais.
La section LDH Chalon
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