Opinion

Changer la constitution : une urgence

Lorsque près de la moitié de nos concitoyens ne votent plus, parce que ce monde politique de l'entre soi ne les représente pas et qu'ils ne lui accordent aucune confiance, oui il faut changer la constitution.
La proportionnalité dans les scrutins, le mandat unique et son non-cumul dans le temps redonneront du souffle à notre démocratie en panne d'audace. L'inscription dans la constitution des principes de biens communs et de biodiversité sera une première réponse à l'urgence environnementale.
Mais toucher, sous le coup de l'émotion, dans la précipitation et les petits calculs politiciens, aux textes fondamentaux qui régissent l'équilibre des pouvoirs et nos libertés ne répond en rien aux attentes de justice et de diminution des inégalités de la société.
Pourtant profitant de l'effroi légitime suscité par les attentats, ce gouvernement lance des modifications constitutionnelles aussi inutiles contre le terrorisme que néfastes pour nos libertés :
    •    La déchéance de nationalité pour les citoyens français, habillée ou pas par la double nationalité n'aura aucun impact sur des assassins prêts à tout, comme le premier ministre l'a d'ailleurs rappelé. Par contre en établissant un distinguo entre les français elle nourrit insidieusement le mythe du « français de souche ».
    •    Inscrire l'état d'urgence dans la constitution pour des motifs aussi flous que ceux invoqués montre bien que le véritable but n'est pas la lutte contre le terrorisme mais bien le contrôle renforcé des citoyens. Preuve s'il en est besoin, l'état d'urgence actuel aura surtout permis d'interdire les manifestations lors de la Cop21, d'assigner des écologistes à résidence, de faire des perquisitions musclées chez des maraîchers bios. Quel rapport avec le terrorisme et l'islamisme radical ? 
L'étude et la connaissance du phénomène de radicalisation devrait amener à cibler les mesures de surveillance et d'assignation à résidence d'une part et à mettre en place des politiques de prévention d'autre part. Certainement pas à la généralisation de ces mesures , ni à la main mise de l'Etat sur la Justice par l'intermédiaire des préfets. 
Parce qu'il y a trop de signes inquiétants de dérive autoritaire, de la mort de Rémy Fraisse, militant pacifiste, aux peines de prisons pour les syndicalistes qui défendent leur emploi, nous ne pouvons accepter ces modifications qui permettent le glissement d'un Etat de droit vers un Etat policier. L'état d'urgence institutionnalisé faciliterait la mise au pas et l'intimidation des opposants, qu'ils soient associatifs, syndicalistes, écologistes et même journalistes. 
Nous appelons au rassemblement initié par le collectif Collectif pour un Avenir Solidaire pour la sortie de l'Etat d'urgence le samedi 30 janvier place des droits de l'homme à Macon à 11h, 

Marie-Claude Colin Cordier porte parole EELV 71