Pot de colle et cassante à tout propos, "La belle-mère" ne l'a jamais envoyé dire...

Sujet épineux s’il en est, voire inextricable, celui de la belle-mère a été trituré en long, en large et en travers dans la comédie éponyme par l’esprit fécond de l’auteur, Xavier Chavari, ce vendredi soir au Théâtre Piccolo de Chalon-sur-Saône. Si la saison 1 a consacré la rencontre de la belle-doche avec sa bru, la saison 2, également personnifiée par une Isabelle Parsy au résultat probant, a franchi un palier supplémentaire, dans la mesure où c’est sur une croisière que la « belligérante » susnommée fera parler la poudre…

Des piques, encore des piques, toujours des piques !

Normalement un voyage maritime regroupe toutes les conditions requises pour que le lâcher prise momentané soit le plus possible assimilable à la dolce vita, en étant gage de souvenirs impérissables. Sauf que là, à bord du Costa Bella Mamma qui serpentera en Méditerranée, un seul être pimentera à longueur de journée un ordinaire déjà extraordinaire…A bord l’existence à croquer à pleines dents n’a qu’un lointain rapport avec un long fleuve tranquille, tant saillies verbales brutes de décoffrage et comportements à tout le moins hasardeux éclipsent les règles élémentaires de la bienséance. Pour le voyage de noces de son fils Alexandre avec qui elle n’a pas coupé le cordon ombilical et de sa belle-fille Marina, Nathalie l’outrageante personne, pas spécialement conviée à ces réjouissances, devait faire feu de tout bois dans toutes les circonstances. « Je refuse de ne voir que vos mauvais côtés », a-t-elle notamment jeté à l’épouse de son fiston, reconnaissant par ailleurs « que je n’allais quand même pas faire appel à des professionnels pour éliminer ma belle-fille, ça coûterait trop cher ! Cette espèce de nymphomane toujours ouverte, le coquillage aux abois ! C’est Shrek cette bonne femme !  ». On en passe et des meilleures…Sur sa lancée, la belle-mère tient des propos incendiaires vis-à-vis de celles et ceux croisant son chemin. Véronique, handicapée et dans un fauteuil roulant, surnommée « Sainte-Thérèse de l’essieu » a le malheur de partager sa cabine avec elle. Au gré des animations journalières l’exécrable femme balance son fiel sans retenue. Envers et contre tous. « J’ai rien contre les culs-bénits, mais je refuse catégoriquement de recevoir le corps du Christ sans préliminaires ! », ou, à l’endroit de son cavalier : »Vous avez une haleine chargée, on dirait une fosse septique ! »

Elle devient grand-mère

En un mot comme en cent : absolument rien ne trouve grâce aux yeux de la pète-sec et tempétueuse belle-maman dont la tempérance, on l’aura compris, n’est pas le fort. Quand elle aborde en des termes peu amènes le sort réservé à sa belle fille, elle se fend d’un : »Si un jour elle tombe enceinte, Moby Dick à côté ce sera une sardine ! ». Elle ne pensait pas si bien dire. Marina, taxée de commentaires ayant trait à son surpoids, finit par accoucher. D’un fils. Nouvelle attaque : »Il est mignon, il ne vous ressemble pas du tout ! » Ceci étant, la fiesta atténuera les monologues cracheurs de venin, lors de la soirée du capitaine, d’autant plus que la naissance était la première jamais enregistrée sur le navire. Persuasive dans son rôle de suppôt de la méchanceté gratuite, rehaussée par un écran géant en fond de scène afin d’en rajouter une couche en déroulant le film de la virée sur les flots, Isabelle Parsy n’a pas dû ferrailler durant le round d’observation. Friand de rires spontanés et récurrents, le public aura d’emblée pris fait et cause en faveur de la mégère, sans jamais relâcher son étreinte. En une occasion cependant la belle-mère a pris des coups, sans broncher, au cours d’une soirée de magie pendant laquelle l’extralucide de service lui asséna ses quatre vérités : «Vous n’êtes qu’une truie goulue ! Tu t’es vue dans un miroir ? Tu l’as vue cette grosse vache très conne ? » Mais ce fut peine perdue, l’ébranlement ne succédant point à la tentative de sensibilisation. La preuve ! « Avec toutes ces visites culturelles j’ai pris goût aux chefs-d’œuvre », allusion à sa propre personne…        

Prochain spectacle le 4 mars

La troisième étape des Evasions Rieuses revendiquées par A Chalon Spectacles au nom du café-théâtre aura lieu le vendredi 4 mars à 20h, au Théâtre Piccolo. « La guerre des garces » sera alors d’actualité, et ça ne devrait pas être triste…Tarif unique : 22,00 euros. Infos pratiques : 03.85..46.65.89 ; [email protected] Billetterie à l’Office de tourisme du Grand Chalon (03.85.48.37.97), sur le Web : réseaux Fnac/Billetel et Ticketmaster

                                                                                              Michel Poiriault