Faits divers

Tribunal correctionnel de Chalon-sur-Saône - Une nuit fauve agitée finit dans le lac de Torcy

Tribunal correctionnel de Chalon-sur-Saône  - Une nuit fauve agitée finit dans le lac de Torcy

Du sexe, de la séquestration au programme vendredi du tribunal chalonnais. Un rendez-vous via un site internet de rencontres coquines, qui passe par le lac de Torcy avant de finir à la barre. Cette nuit de débauche de novembre 2011 plus de quatre ans après, a laissé des traces.

Abdel est poursuivi pour séquestration. La victime, Lucien,  n’est pas là mais Me Escot, du barreau mâconnais la représente. « Certaines nuits, à Montceau-les-Mines, sont visiblement agitées… », assène le procureur Rode en préambule. Le 26 septembre 2011, vers 6 h 15 du matin, les forces de l’ordre de Montceau reçoivent un appel signalant une voiture en fuite avec une personne dans le coffre. Plus tard, autre coup de fil d’un homme qui dit avoir été frappé, puis emmené dans un coffre jusqu’au lac de Torcy. Son T-shirt est ensanglanté et le bas de son pantalon trempé. La conclusion d’une nuit coquine où cohabitent un homme ayant fumé du cannabis  et bu beaucoup (Abdel, le prévenu) en quête d’une relation sexuelle avec une femme, la femme (Sophie) qui se révèle être un transsexuel et Lucien, la victime qui sort du lac de Torcy.

Abdel s’est présenté après minuit au domicile de Sophie avec une bouteille de vodka avant de coucher avec elle. Deux autres personnes sont présentes dans l’appartement montcellien.  La chose faite, Abdel s’endort et se réveille avec Lucien au-dessus de lui s’apprêtant à lui « faire une fellation ». « J’ai été surpris, je lui ai mis sans faire exprès un coup de genou, il est tombé sur la table. » Lucien s’en tire avec une fracture du nez, un œil amoché et une interruption temporaire de travail de 5 jours.

Abdel, en verve à la barre, explique aux juges qu’il voulait emmener Lucien au Creusot pour déposer plainte contre lui. « Ce que tu m’as fait, je ne l’accepte pas, tu vas venir avec moi ! ». Lucien le suit. Les déclarations du prévenu et de la victime divergent sans cesse. Abdel assure avoir fait asseoir Lucien à la place du passager, Lucien raconte qu’il a été placé dans le coffre de la voiture. Abdel lui aurait ordonné ensuite  de traverser le lac à la nage.  Et puis, Abdel s’en va, Lucien toujours dans le lac. Les enquêteurs ont dressé une chronologie de cette nuit d’ivresse dont aucun des protagonistes n’a de souvenir similaire. Abdel, 20 ans à peine en 2011, venu incognito chez Sophie, est finalement repéré au Creusot, car il est déjà fiché pour des délits liés au cannabis et à la conduite sous stupéfiants.

« Vous dîtes que la victime vous a agressé sexuellement, questionne la présidente Therme. Mais alors pourquoi renoncer à votre dépôt de plainte et prendre la route de l’étang ? » Abdel ne voulait pas que l’affaire se sache, il avait une copine. Il était, comme chacun à cette soirée, dans un état bizarre. Il ne reconnaît ni les violences (prescrites) ni la séquestration.

« C’est un contexte de soirée très glauque », plaide Me Escot pour la partie civile. La victime souffre d’une maladie bipolaire. « Mon client a eu peur de mourir ce jour-là. Il a été frappé pendant une heure » plaide l’avocate mâconnaise. Le procureur, choisit le second degré : « Dans ma carrière, j’ai vu peu de victimes d’agression sexuelle montant en voiture avec leur agresseur pour aller porter plainte … C’est aussi logique que d’aller faire trempette à Torcy une nuit de novembre... Le prévenu ment et n’assume pas une relation sexuelle avec un homme ce soir-là. Le reste de la soirée est un déchaînement de violence. » Christophe Rode requiert une peine d’emprisonnement avec sursis et obligation de soins pour la dépendance au cannabis.

Me Gaunet, à la défense, argumente que  son client est victime « d’un viol, pire d’un viol en réunion préparé ! » et d’un « guet-apens ». Me Gaunet cogne sur la victime « qui n’en est pas une. Un bipolaire alcoolique, qui n’assume pas son homosexualité. Mon client a découvert une certaine faune à cette soirée. Il était venu pour avoir une relation sexuelle avec une femme. Rien d’autre. Il a eu honte, il a réagi comme n’importe qui l’aurait fait». Abdel a été reconnu coupable des seuls faits de séquestration et a été condamné à six mois de prison avec sursis. La victime recevra 1500 € d’indemnisation pour le préjudice moral et Abdel paiera les frais de défense de sa victime. 

F.G.