Chalon sur Saône

Tribunal correctionnel de Chalon - Condamnée à de la prison ferme, une héroïnomane s’en prend à son complice

Tribunal correctionnel de Chalon -  Condamnée à de la prison ferme, une héroïnomane s’en prend à son complice

S'il n'y avait pas eu les gendarmes pour les séparer, Priscillia et Mohamed en seraient venus aux mains dans le box des prévenus, lors du prononcé du jugement du tribunal correctionnel de Chalon, les condamnant à un petit séjour derrière les barreaux.

Passablement énervée par la décision du Tribunal, Priscillia, qui n'avait pas encore connu l'emprisonnement, si ce n'est trois jours de détention provisoire pour cette affaire, a bondi sur son ancien compagnon, quand la présidente Annie Battini lui a annoncé qu'elle partait pour 4 mois à la maison d'arrêt de Dijon. Rendant responsable de tout ce qui était en train de lui arriver le père de sa fillette de 3 ans. A contrario, Mohamed n'a pas fait d'histoires, lorsque la sentence est tombée, à savoir 10 mois de prison, dont 3 mois avec sursis, assorti d'une mise à l'épreuve de 2 ans, avec obligation de travailler ou de suivre une formation, et de se soigner et interdiction d'entrer en contact avec son ex-concubine et de détenir des armes. Le couple était poursuivi pour des infractions à la législation sur les stupéfiants, infractions auxquelles s'ajoutait pour Monsieur une détention non autorisée d'arme, et munition de catégorie B. On a en effet trouvé chez lui un revolver à barillet et quarante-sept cartouches. Et les deux tombaient sous le coup de la récidive, pour avoir déjà été condamnés pour des faits similaires par cette même juridiction, respectivement en mai 2013 pour lui et en janvier 2013 pour elle.


Une perquisition administrative


Tout a démarré le 11 février dernier avec une perquisition administrative, ordonnée par le Préfet de Saône-et-Loire, au domicile de Mohamed, sis au centre-ville de Chalon. En entrant dans le logement les policiers ont découvert Priscillia, allongée sur un divan et qui, les voyant, a essayé de cacher sous sa jupe une bonbonne contenant 50,8 g d'héroïne ainsi qu'un caillou de 0,45 g d'héroïne. Mohamed était par la suite interpellé sur son lieu de formation, où il préparait jusqu'en juillet 2016 un CAP d'installateur thermique. Au moment de son interpellation Priscillia était en train de se préparer une dose.
Les différentes auditions ont permis d’apprendre que Mohamed s’était mis à consommer du cannabis à l’âge de 17 ans, qu’il s’était orienté vers l’héroïne en 2015 et qu’il en achetait habituellement 20 g par mois. En ce qui concerne Priscillia on a appris qu’elle aurait profité de l’absence de son ex pour fouiller l’appartement et découvrir la bonbonne caché sous un lit et qu’elle avait commencé l’héroïne dès l’âge de 16 ans, lorsqu’elle avait connu Mohamed.
Dans ses réquisitions le substitut Caroline Mollier a notamment rappelé que Priscillia avait été particulièrement désagréable lors du prolongement de sa garde à vue et surtout qu’elle n’avait pas su saisir la chance que lui avait donnée la justice, en lui accordant un bracelet électronique en vue de purger une peine précédente. « 70 à 75% des prévenus condamnés en comparution immédiate vont directement à Varennes-le-Grand ».


La clémence du Tribunal


Conseil de Priscillia, Me Kadir Sarikan a demandé la clémence du Tribunal pour cette jeune femme de 21 ans, qui a rencontré Mohamed pour le meilleur et pour le pire à l'âge de 16 ans. Rappelant qu'elle faisait face à un parcours de circonstances exceptionnelles. Elle n'aurait jamais du se trouver dans l'appartement. Mohamed lui avait proposé de l'héberger, le temps qu'elle puisse tranquillement aller voir son enfant, placé dans un foyer. Soulignant aussi qu'elle faisait des efforts pour se sortir de la drogue.
Me Malinka Trajkovski, qui défendait Mohamed, est revenu sur l'étonnement de la présidente Annie Battini, surprise de constater que le prévenu avait eu « un plus », quand il avait acheté son héroïne. « S’il le souhaitait, son vendeur savait très bien où le retrouver pour lui faire payer la différence ». L’avocate a également reparlé du revolver découvert au domicile de son client. « L’arme est inutilisable. Le barillet tourne à vide. Ce n’est pas ce genre d’armes que l’on prend quand on est dealer. C’est clairement une arme de collection ». Me Trajkovski a aussi fait observer que le mis en cause devrait pouvoir poursuivre sa formation. Une formation qui lui plait. Quitte à ce que la peine de sursis soit largement augmentée. Une demande qui est demeurée vaine...

Gabriel-Henri THEULOT