Opinion

La CGT et les départs volontaires chez AREVA

DECLARATION DES ELUS CGT CE EXTRAORDINAIRE 4 MARS 2016
M. le président, aujourd’hui à l’issue de la procédure d’information des élus du comité d’établissement vous nous demandez donc d’émettre un avis sur le plan annoncé par la direction en mars 2015. Plan que la direction et le gouvernement qualifient de « redressement », mais qui pour notre organisation n’est rien d’autre qu’un plan de démantèlement industriel et social visant à faire payer aux salariés les erreurs et malversations d’une caste de dirigeants sans scrupules. Dirigeants, qui pour ceux qui sont encore dans le groupe, osent encore nous faire des leçons de moral, non sans avoir au préalable assuré financièrement leurs arrières.
Il nous aurait fallu des pages et des pages pour répondre sur chacun des points qui ont été abordés dans le cadre de la procédure, mais aussi exprimer notre rancœur, notre indignation, notre colère, mais aussi notre détermination. Nous nous contenterons de ces quelques lignes.
Avant d’entrer dans le vif du sujet quelques mots sur la forme. Il nous semble important de rappeler que la procédure d’information et de consultation des instances du personnel a été faite dans le cadre de la loi dite « de sécurisation de l’emploi » du 14 juin 2013. Loi de régressions sociales issue de l’accord national interprofessionnel validée par plusieurs organisations syndicales le 11 janvier 2013 qui a sérieusement mis à mal les prérogatives et les moyens des instances du personnel dans le cadre de restructurations comme nous le vivons aujourd’hui. Et ouvert la porte à la casse du Code du Travail qu’envisagent Medef et gouvernement.
Mais revenons sur le fond. Bien évidemment, et sans aucune surprise pour
vous, nous émettons un avis négatif sur l’ensemble du projet de
restructuration de la direction. Comment pourrait-il en être autrement ? Il ne règle en rien la situation actuelle du groupe, de notre filiale NP et encore moins de St Marcel.
Règle t’il nos problèmes industriels ? NON !
Règle t’il nos problèmes de carnet de commande ? NON !
Règle t’il nos problèmes financiers ? NON !
IL NE REGLE RIEN ! IL AGRAVE !

Ce plan de restructuration n’apporte aux salariés que de la sueur, des larmes, sacrifices, reculs et dégradations des conditions de vie et de travail, comme l’a d’ailleurs bien démontré l’avis de notre CHSCT.
Mais au-delà du plan annoncé, la procédure légale même pas encore terminée, se profile déjà de nouveaux coups contre les salariés.
- Dénonciation de l’ensemble des accords collectifs.
- Volonté de mettre en place à St Marcel la flexibilité et la mobilité forcée !
Décidemment quand il s’agit de reculs sociaux notre direction est insatiable !

Quant à votre PDV, validé par toutes les organisations syndicales du groupe sauf la CGT, et nous en sommes fiers, il est une usine à gaz qui, prouesse « extraordinaire », va arriver à mécontenter de très nombreux salariés ayant mérité de partir dans le cadre de véritables mesures d’âge et de reconnaissance de la pénibilité. Ceux qui ont vendu du rêve à des catégories de personnel assumerons leur irresponsabilité.
Rappelons tout de même que notre organisation avait fait d’autres propositions, dont celles d’un véritable plan de préretraite, échelonné sur 3 ans, tenant compte de la pénibilité, permettant ainsi de la justice sociale et de cibler les métiers stratégiques et en tension tout en se donnant du temps et des moyens pour assurer les transferts de compétences par des embauches et de la formation. Il n’y avait également aucune urgence à anticiper vos mesures.
Votre PDV va désorganiser durablement notre établissement. De nombreuses tâches réalisées et services proposés vont disparaitre. Vous le reconnaissez vous-même.
Votre PDV crée un climat exécrable dans de nombreux services où le personnel se regarde en chiens de faïence, se demandant lequel ou lesquels d’entre eux seront « volontaires ». Il fragilise de très nombreux salariés de toutes les catégories. A cet égard le rapport de l’expertise du CHSCT est édifiant : 155 salariés sont en situation de fort stress, 106 sont en danger ! Et notre organisation syndicale pense qu’il ne s’agit que de la partie la plus visible de l’iceberg.
Plus grave encore, mais peut-être est-ce après tout son véritable objectif. Votre PDV oppose et divise les salariés.
- Entre ceux qui voudraient partir et pourront partir, et ceux qui voudraient partir et ne pourront pas partir.
- Entre ceux qui vont partir et ceux qui vont rester. Mettant des centaines de millions d’euros pour les premiers, même s’il est normal que ces départs se fassent dans de bonnes conditions, mais n’ayant à peine que 4,5 millions d’euros en masse salariale 2016 à « offrir » aux seconds qui vont rester.
Aujourd’hui nous voulons prendre date avec la direction et avec le personnel.

Avec la direction en la mettant en garde :
Nous ne laisserons pas détruire notre outil de travail ni le fruit des luttes
sociales des salariés sans réagir !
Notre organisation est modeste. Mais vous pouvez compter sur toute notre détermination dans cette bataille pour la pérennité et le développement de notre site et de la filière nucléaire dans notre pays.
Avec le personnel en l’invitant :
A entrer en résistance face aux mauvais coups en préparation, notamment sur le temps de travail, et à soutenir toutes les initiatives visant à garantir et améliorer leurs conditions de vie et de travail.
Malgré une politique de la direction depuis de nombreuses années qui a affaiblit notre site. Notamment par des investissements insuffisants au regard des enjeux et surtout par une dégradation de la relation de confiance avec l’ASN. Notre organisation est toujours persuadée que notre usine a encore des atouts. Ces atouts se sont ses salariés, leurs compétences, leur conscience professionnelle, l’amour de leur métier. Pour la CGT il n’y a pas de fatalité à ce que notre établissement décline.
Nous continuons de croire que la filière française a de l’avenir.
Pour ce faire il faut qu’elle soit bâtie pour répondre aux besoins de la population et aux exigences de sécurité et de sûreté. Cela s’oppose frontalement avec la logique financière et la vision à court terme qui prédomine actuellement dans notre industrie.
Seule une véritable stratégie industrielle sur le long terme peut permettre à notre filière, à NP et à St Marcel d’être pérennisés.
C’est ce combat que nous entendons continuer de mener avec les salariés.