Opinion de gauche

Politique industrielle Une urgence économique, sociale et environnementale Le point de vue de la Fédération du Parti Communiste Français 71

Mesdames, Messieurs, les Représentants Syndicaux ;

 

Ce lundi 7 mars, les entreprises Francéole (le Creusot), Areva et Amazon (Chalon/Saône) recevront la visite d’un groupe de Sénateurs. Une table ronde est organisée avec des entrepreneurs du département en fin de matinée.

Le but de cette visite et de la table ronde :

  • Est-ce ? Écouter et échanger, sur le terrain avec tous les acteurs de l’entreprise y compris les partenaires sociaux ?

Ou

  • Est-ce ? Écouter et échanger, sur le terrain avec ceux qui sont les mieux placés pour discerner les conditions de libération de la croissance des entreprises sur le territoire français ? A savoir, uniquement les chefs d’entreprises et le Medef ?

 

Ce qui inquiète les Français aujourd’hui c’est la situation économique. C’est l’emploi. C’est le pouvoir d’achat. C’est notre préoccupation en tant que formation politique.

C'est cet état d'esprit qui nous invite à vous adresser notre analyse de la situation et avancer nos propositions qui sont régulièrement portées par nos Députés et Sénateurs.

Au troisième trimestre de 2015, nous avons franchi la barre des 6 500 000 demandeurs d’emplois toutes catégories confondues.  Depuis 2012, François Hollande promet l’inversion de la courbe du chômage, mais qu’est-ce que propose le gouvernement ? Le plan pour l’emploi annoncé début janvier par la Ministre du Travail, de la Formation professionnelle et de l’Emploi n’est rien d’autre que les mêmes vielles recettes libérales que l’on nous sert depuis Raymond Barre. Ce plan prévoit 500 000 formations par an, sans aucune garantie de création d’emploi et un nouveau développement de la précarité. Après des années de politiques de stigmatisation des travailleurs, de baisse « du coût du travail » sans résultats réel, nul besoin de preuves supplémentaires de l’urgence d’une politique différente.

 

La résorption du chômage de masse ne pourra pas se faire sans une nouvelle politique industrielle sans baisse du temps de travail. Nous ne parlons pas de réindustrialisassions, mais bien de nouvelle politique industrielle. L'industrie a évolué, elle s'est modernisée, il ne s'agit donc pas de revenir à ce qu’elle était dans les années 80 mais bien de définir et de mettre en œuvre une véritable politique industrielle respectueuse des salarié-e-s et de l'environnement.

 

La  financiarisation de toute notre économie n'a pas épargné l'industrie. Nous sommes passés d'un modèle de recherche du profit à travers l'innovation à un modèle mue uniquement par l'augmentation des recettes des actionnaires. L'avenir industriel, aujourd'hui c'est : plus il y a de licenciements, plus il y aura de rémunération pour les actionnaires. En conséquence, la production industrielle a reculée de 11 points en 25 ans.

 

Ni la crise, ni le soi-disant « coût du travail » trop élevé ou encore le code du travail trop « gros », désignés par le MEDEF comme boucs émissaires, ne sont responsables de l'asphyxie de notre industrie. L'exigence de toujours plus de rentabilité à court terme et les logiques financières sont en passe d'avoir raison de la puissance de l'industrie française. Et ce gouvernement, avec le CICE  et les multiples exonérations de cotisations sociales poursuit ce qui se fait depuis des dizaines d'années.

 

Pourtant en février 2012, la proposition de loi des Sénateurs et Sénatrices Communistes républicains et citoyens, visant à interdire les licenciements boursiers a été votée par l'ensemble de la gauche à l'exception de 4 voix. En effet, pour nous l'interdiction de licenciement lorsqu'une entreprise fait des bénéfices est un préalable indispensable à une nouvelle politique industrielle. L'exemple de PSA est particulièrement significatif. L'entreprise qui a touché 74 millions de CICE en 2014 et a réalisé 571 millions de bénéfices net en 2015, annonce début février la suppression de 750 emplois dans son usine de Poissy. La direction se cache derrière les départs volontaires mais en réalité ces suppressions masquent une délocalisation vers la Slovaquie où sont fabriqués les mêmes véhicules qu'à l'usine de Poissy. Deux ans après la liquidation de l'usine d'Aulnay-sous-bois !

 

Les délocalisations orchestrées depuis des années pour encore une fois répondre aux exigences des actionnaires sont une erreur.  On ne peut pas séparer le savoir, du savoir-faire et du faire. Lorsque la production est délocalisée, in fine c'est l'abandon sur le territoire français de la R&D.

 

Le déclin industriel de la France résulte du choix de la finance contre l'emploi, la défense des filières stratégiques et la réponse au défi de la transition énergétique. Une industrie puissante est nécessaire pour relever les défis du monde de demain et inventer ses nouvelles infrastructures.

 

A la volonté de toujours plus de profits pour les actionnaires, nous devons opposer la réponse aux besoins humains. Et ces besoins sont grands en transports propres et innovants, en télécommunications, en logements performant en matière thermique, en agro-alimentaire, dans la santé et l'industrie pharmaceutique, et nous pourrions encore allonger cette liste.

 

Les politiques libérales menées par le gouvernement socialiste aussi bien que par la droite conduisent à des échecs sociaux, environnementaux et économiques. Seul un renouveau industriel permettra de répondre aux besoins humains tant en matière d'emplois, de formation que de transition énergétique.

 

Profitons de la visite des Sénateurs pour poser les questions suivantes :

  • Amazon : sur l’initiative des élus PCF du Conseil Régional de Bourgogne (ancien mandat), Amazon par convention s’était engagé à « mettre en œuvre des processus de travail respectueux des conditions de travail du personnel » sous peine de remboursement des aides publiques.

Pourquoi une entreprise, pratiquant l'optimisation fiscale, réalisant de fausses déclarations aux accidents de travail, mettant en œuvre une organisation du travail qui « casse » les salariés percevrait-elle des subventions des pouvoirs publics ?

Il faut désormais que s'applique la convention de la Région Bourgogne et qu'Amazon rembourse les sommes perçues. Amazon doit rendre l’argent public!

  • Areva : L’Etat brade son patrimoine industriel en gérant sur les critères de rentabilité les entreprises dont il est actionnaire. Areva, fleuron industriel français, pionnier de la filière nucléaire est significatif. Suite à une crise résultant d’une gestion qu’il est légitime de questionner, toute la refonte de la branche AREVA-NP est réorganisée au profit d’une fusion avec EDF qui aura déjà en charge pour 55 milliards le grand carénage des centrales existantes. Cette fusion remet en cause le modèle intégré qui fait la réussite d’AREVA. A cela s’ajoute l’ouverture à des capitaux étrangers, chinois en l’occurrence, à hauteur de 1/3.

Dans ces conditions des inquiétudes sur la sécurité naissent, le salariés doivent-il payer le prix de mauvaises décisions de la direction. La recapitalisation d’Areva doit être faite par l’Etat, actionnaire principal.

Nous soutenons  une refonte de la filière nucléaire avec une meilleure gestion publique et en réponse aux besoins industriels, sociaux et environnementaux.