Grand Chalon

CRISE BUS GRAND CHALON - Le Président de la FNAUT Bourgogne demande au Grand Chalon de réviser sa position au sujet des bus

Cédric Journeau, Président de la Fédération Nationale des Associations d'Usagers des Transports de la Région Bourgogne, a adressé un courrier à Sébastien Martin, Président du Grand Chalon.

Monsieur le Président,

 

 

            La Fédération Nationale des Associations d'Usagers des Transports en Bourgogne a été interpellée à plusieurs reprises par des usagers actuels des transports urbains du Grand Chalon sur le projet d'optimisation que vous soutenez pour une application en janvier 2016.

 

            Au regard des éléments qui nous ont été rapportés, je ne peux que constater une lente dégradation du service de transport urbain pour les communes de Sevrey, Lux, Chatenoy le Royal ou Saint Rémy. En effet, la solution que vous proposez à travers un transport à la demande ne peut répondre à une demande de mobilité croissante de l'ensemble de la population chalonnaise et environnante. Ce dispositif est logiquement réservé pour les zones rurales les plus reculées où la pertinence d'une organisation structurée de transport repose sur une clientèle potentielle très faible. Je suis donc étonné de voir se transformer un réseau de lignes urbaines cadencées aux 15 ou 30 min en transport à la demande, avec réservation, dans une zone urbanisée de près de 10000 habitants. Ce système contraignant fera perdre une partie de la clientèle et va à l'encontre des dispositions environnementales nationales et supra-nationales visant à réduire l'usage de la voiture en ville.

           

            Une adaptation du service existant est tout à fait envisageable en tenant compte des éléments suivants :

 

1- Utiliser les données INSEE pour déterminer les flux domicile-travail, domicile-études ou domicile-loisirs et adapter l'offre sur une clientèle potentielle et non mesurée. Associer à une tarification avantageuse et un financement partiel via le versement transport des entreprises du territoire, le transport urbain peut devenir un outil écologique et économique.

 

2- Intégrer dans le système local, les dispositions du décret  2015-1610 du 8 décembre 2015 relatif aux transports urbains. Cet outil réglementaire supprime le périmètre de transports urbains (PTU) et détermine les caractéristiques propres de ces services de transport à travers le type de véhicule, la fréquence ou la distance entre arrêts. Ainsi, certaines lignes devenues urbaines peuvent de nouveau être qualifiées de lignes de transports publics. Les contraintes sont moindres pour le transporteur et peuvent être source d'économie pour l'autorité organisatrice de la mobilité (convention collective différente). Toutefois, une nécessaire synchronisation avec la région peut éviter les redondances en dehors du territoire.

 

3- Éviter la dissociation entre transport scolaire et transport urbain autant que faire se peut. En effet, l'utilisation des transports en commun dès le plus jeune âge est primordiale pour faire changer les comportements. Une étude de l'observatoire régionale des transports en Pays-de-Loire a démontrée qu’un jeune utilisateur des transports en commun aura moins tendance à utiliser la voiture pour ses déplacements  dès lors qu'il est titulaire du permis de conduire. D'autre part, les besoins horaires sont sensiblement les mêmes que les usagers domicile-travail. Intégrer ces 2 flux dans le même système de transport empêche une spécification quelquefois coûteuse pour la collectivité. Autrement dit, il y a là matière à remplir un bus tout en répondant aux attentes de tous les citoyens.

 

4- Évaluer la perte de clientèle et le retour à la voiture pour celle-ci. Le coût environnemental doit être mesurer à travers les émissions de CO2 supplémentaires qui en découleront inévitablement.

            En conclusion, nous demandons, à défaut de surseoir au projet applicable au 01 janvier 2016, une révision de l'offre au cours du premier semestre 2016 intégrant les données environnementales, sociales et sociétales dans cette démarche d'optimisation. La parole doit être à l'usager qu'il soit étudiant, retraité ou salarié. L'adaptabilité du service public de transport ne peut passer par une contraction néfaste à la qualité de vie de tous les citoyens du Grand Chalon.

            Dans l’attente d’une réponse de votre part, veuillez recevoir, Monsieur le Président, l’expression de mes salutations les meilleures.

 

Cédric JOURNEAU

Président FNAUT Bourgogne