Chalon sur Saône
FEMMES A L'HONNEUR [PORTRAIT 17] – Solange Mora, l’atout cœur
Publié le 08 Mars 2016 à 17h00
Solange Mora est née en Savoie, un jour froid et enneigé où les routes étaient impraticables, sur un petit chariot car ses parents n’avaient pas eu le temps de rejoindre la maternité. Qu’importe… au contraire, cette naissance hors du commun signera un caractère hors du commun, consacré aux autres, aux luttes pour plus de liberté, d’égalité et de fraternité, son crédo.
Fille d’immigrés ayant fui le franquisme, appartenant à une fratrie de 7 enfants, on cultive chez les Mora la reconnaissance pour cette France qui leur a apporté la liberté. D’ailleurs, aux repas de famille, on chante la Marseillaise, les chants patriotes savoyards mais aussi espagnols et catalans. A l’âge de 16 ans et déjà de fortes convictions en poche, elle milite pour le droit à l’avortement, contre le nucléaire, pour la fraternité français/arabes, avec toujours en point de mire : la défense de la démocratie, de la laïcité. Selon elle, la religion, doit rester dans la sphère privée. Le père, un grand syndicaliste et résistant, s’investit très rapidement dans le tissu associatif et politique de Bourg-Saint-Maurice ; pourtant dans les années 80, il décide de retourner au pays, à Barcelone où il est, très vite, élu adjoint au Maire. Lorsqu’il décédera dans la capitale catalane, c’est la Marseillaise qui sera entonnée en sa mémoire. A l’image de ces parents très actifs dans vie locale, lorsque Solange arrivera à Chalon-sur-Saône, elle s’investira dans plusieurs associations parmi lesquelles « Les rencontres théâtrales de Chatenoy ». Le théâtre précisément lui offre de belles rencontres avec Fabrice Luchini notamment, Jean-Paul Belmondo, Jane Birkin ou encore Francis Huster. Très vite, elle, la femme de gauche sympathise avec Madeleine Mazière et Dominique Perben. Elle est embauchée à la mairie de Chalon-sur-Saône et intervient dans les écoles afin de familiariser les enfants au théâtre mais aussi au Langage des Signes. Sur le tard, en 2005, elle s’engage syndicalement. Eternelle optimiste, elle déclare néanmoins vivre une des pires périodes de sa vie : « Notre génération a bien bousillé la planète et les jeunes sont ce que l’on en a fait ». Après les attentats de Charlie Hebdo, elle a eu envie de renouer par l’intermédiaire du théâtre avec cette jeunesse en laquelle elle garde cependant espoir. Elle y songe, d’ailleurs, très sérieusement car pour elle : « On a raté le coche ».
Que représente pour vous « la Journée de la Femme » ? Si elle existe, cela veut dire qu’il y a une grande différence entre les hommes et les femmes. S’il n’y avait pas de différence de traitement, cette journée n’aurait pas lieu d’être. Les femmes sont-elles responsables ? Pour partie, selon moi, dans ce qu’elles transmettent à leurs enfants car même si cela tend à s’atténuer de nos jours, pourquoi y a-t-il tant de différences entre l’éducation que l’on donne à ses enfants selon qu’ils soient fils ou filles ? Concernant les disparités, les femmes se sont sans doute pas suffisamment appropriées tous les outils pour faire évoluer les choses. Je n’aime pas me poser en victime même pas face au crabe que j’ai eu en moi et contre lequel j’ai dû lutter. Donc vivement qu’il n’y ait plus de journée de la femme et que nous soyons tous égaux en droits et en devoirs !
Au long de votre vie ou de votre carrière, avez-vous vécu des inégalités hommes/femmes ? Non, dans la fonction publique, le traitement est égalitaire. Dans ma vie de couple ou amicale, cela ne m’est jamais arrivé non plus.
Quelle est votre devise, votre philosophie ? La liberté est mon étendard, je n’oublie pas que je suis fille de réfugiés politiques.
Que défendez-vous ? La liberté, l’égalité, la fraternité.
Que voulez-vous transmettre ? Le fait qu’il ne faille jamais baisser les bras. Il faut avancer la tête haute, respecter et se faire respecter. Restons debout, restons dignes !
Quel est le meilleur conseil que vous ayez reçu ? Il vient de mes parents, ils m’ont dit qu’il fallait que ce soit moi qui décide de mon avenir, que dans ce pays, on pouvait choisir d’être ce que l’on voulait être et c’est une véritable chance. Ils m’ont dit également, qu’un bon autodidacte, ça vaut des années d’études !
Quel est le meilleur conseil que vous ayez donné ? Dans la même veine : « Ne jamais s’arrêter devant ses envies, d’aller jusqu’au bout et de s’en donner les moyens. »
Quelle est/ quelles sont les femmes qui vous ont le plus influencée ? J’ai une grande admiration pour Louise Michel mais la femme qui m’a le plus influencée c’est ma mère, Prudence, parce qu’elle a su traverser les Pyrénées à pieds pour gagner la liberté, qu’elle a appris très vite à lire le français, pour nous chanter des comptines en français. Avec mon père, elle m’a fait aimer ce pays par-dessus tout et quand on cherche à faire du mal à la France, c’est comme si on enlevait mon socle.
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