Chalon sur Saône

FEMMES A L'HONNEUR [PORTRAIT 19] – Bernadette Ronge, « créatrice de liens »

FEMMES A L'HONNEUR  [PORTRAIT 19] – Bernadette Ronge, « créatrice de liens »

Bernadette Ronge a suivi des études de Lettres à Lyon, en parallèle, elle travaillait dans un théâtre. Peu à peu, amenée à remplacer la secrétaire puis la chargée de la communication et des relations publiques, elle trace ainsi son chemin, sans heurts et sans bruit, gravissant les échelons. Aujourd’hui, conseillère technique auprès de Philippe Buquet, Directeur de l’Espace des Arts, Scène nationale et conseillère artistique jeune public, Bernadette Ronge se définit entre autre, comme une « créatrice de liens » entre les artistes et le public.

Entrée dans la « Maison » en 1994, elle dit s’y sentir toujours à sa place, point d’ennui, point de routine, « Mes missions sont très larges et il y a encore tant de choses à inventer » précise-t-elle. Elle prend entièrement part à la mise en place d’actions culturelles en direction des publics. « C’est un métier où l’on est tout le temps en mouvement et parce que l’on est très vivant, ce que nous éprouvons, nous change  », avant d’ajouter : « l’envie de faire, le désir de relever les défis sont toujours là et ça, c’est une véritable chance !».

Que représente pour vous « la Journée de la Femme » ? C’est un moment d’évaluation, un coup de projecteur sur les femmes qui doit être l’occasion de dresser un bilan, de continuer à effectuer des changements dans nos mentalités. Jusqu’à présent, je n’étais pas sensible à cette journée pour des raisons que j’ai aujourd’hui analysées et comprises mais le fait de vouloir m’interviewer à cette occasion, moi qui me définis comme une femme ordinaire, j’ai pris pour répondre un temps de femme avec toutes mes interrogations et parce que je me suis posée des questions, je vois cette journée différemment. En ce 8 mars, j’ai une pensée pour Camille et Bénédicte, mes filles qui sont deux jeunes femmes aujourd’hui. Une journée pour réfléchir tous ensemble sur la place de la femme, ce n’est pas si mal finalement.

Au long de votre vie ou de votre carrière, avez-vous vécu des inégalités hommes/femmes ? Toutes les femmes peuvent dire qu’elles ont vécu ou qu’elles vivent des inégalités, les témoignages et les statistiques évoqués, en ce jour, le prouvent car elles existent toujours malheureusement. Dans la sphère publique, les femmes sont victimes de propos sexistes de la part des hommes, d’ailleurs, il suffit d’être dans sa voiture pour devenir « une femme au volant »… Je suis très marquée par mon éducation notamment dans l’acceptation, alors certaines réflexions glissent sur moi, sans que je donne l’apparence d’y réagir. Je pense que ce n’est pas forcément parce que je suis une femme, c’est aussi lié à ma personnalité.

Quelle est votre devise, votre philosophie ? J’essaye de pratiquer le Wabi-Sabi, art ancestral japonais qui consiste à trouver la beauté dans l’imperfection !

Que défendez-vous ? L’altérité. Le droit d’être unique et différent. Je n’aime pas être mise dans une case et j’essaye de ne pas y mettre les autres.

Que voulez-vous transmettre ? Les valeurs qui nous permettent de vivre ensemble, de développer sa relations aux autres. Le courage également qui ouvre tous les possibles. En définitif, je veux transmettre ce qui met en dynamique et en empathie, ce qui fait que nous pouvons rester debout.

Quel est le meilleur conseil que vous ayez reçu ? J’ai reçu beaucoup de conseils, j’en reçois encore. Les conseils, c’est souvent dans un contexte particulier que nous les recevons. Ma mère me disait toujours : « La roue tourne » et j’aime bien cette idée de mouvement. D’ailleurs, c’est vrai, la vie nous fait vraiment des cadeaux, je suis attentive à de petits signes.

Quel est le meilleur conseil que vous ayez donné ? Mes deux filles et mon fils me disent que je suis de bons conseils mais je suis plus nuancée aujourd’hui par rapport à cela. En réalité, on partage plus que du conseil, on est dans l’échange.

Quelle est/ quelles sont les femmes qui vous ont le plus influencée ? Beaucoup de femmes mais aussi beaucoup d’hommes m’ont influencée, mon père m’a beaucoup appris. Enfant, je n’étais pas d’accord pour être seulement une fille. Je pense que j’ai un côté masculin, mon regard sur le monde ne peut pas se réduire à un genre, il est universel, intemporel. Je peux citer aujourd’hui Simone de Beauvoir qui, dans ses mémoires, dit de Simone Weil : « J’enviais un cœur capable de battre à travers l’univers entier ». Je suis une femme à travers toutes les femmes et à travers tous les hommes que je rencontre.