Saône et Loire

Un commerçant de Tournus pointe le surréalisme du conseil municipal

Mardi soir c'était jour de conseil municipal à Tournus. Gilles Lacroix, libraire Tournusien a souhaité nous adresser son sentiment à l'issue de la soirée.

Un peu surréaliste cette séance du dernier conseil municipal consacrée essentiellement au « ROB » rapport d’orientation budgétaire

Ceux qui étaient considérés comme des martiens n’étaient pas ceux qui ne répondaient pas aux questions mais ceux qui les posaient

Il faut dire c’est vrai que les questions étaient sans rapport avec le débat supposé expliquer le bien fondé des investissements liés aux projets de la municipalité ainsi que le bien fondé de l’utilisation de l’argent public

Tout d’abord au sujet de ce qu’il est maintenant convenu d’appeler le pôle nord (tant sa création va réchauffer la fréquentation du centre ville et dynamiser le commerce local) 

Question : Dans les 400 emplois annoncés pourriez-vous nous dire quels vont être les pourcentages d’emplois industriels, du tertiaire ou liés au commerce ? Réponse : c’est un investisseur privé qui va investir 55 millions, on ne peut donc rien dire. En quoi cette répartition est-elle secrète ? Heureuse municipalité qui fait confiance et qui va soutenir un projet les yeux fermés! N’y aurait-il dans les cartons que seulement un projet de centre commercial ? Y aurait-il un rapport avec la grosse galette de 45 millions d’euros d’évasion commerciale sur le Tournugeois qui doit tenter bien des grosses enseignes commerciales ?

Ensuite au sujet de la salle multifonctionnelle qui ne se chiffre plus maintenant qu’à « seulement 3,5 millions d’euros »

Question : Pouvez-vous nous dire à quoi va ressembler cette salle et de quoi elle sera composée ? Réponse : Non, on veut qu’elle puisse évoluer dans le temps et on fait confiance au cabinet d’architecte qui fera ça très bien (sic) (au fait les observateurs attentifs auront pu remarquer que les plans de la salle multifonctionnelle n’étaient plus affichés)

Question : Pourriez-vous nous donner une idée de ce que vous comptez faire comme animations dans ce complexe : type, fréquence ? réponse : aucune réponse

Question : Tous les chiffres du marché montrent que le budget annuel de fonctionnement d’une telle structure est de 10 % du montant de l’investissement initial soit 350 000 €, nous ne retrouvons pas ces chiffres dans le rapport. Réponse : nous on fera pour moins cher

Question : L’indicateur montrant la durée que la ville mettrait à rembourser ses emprunts si elle y consacrait tout son budget va passer de 2,5 ans aujourd’hui à 8 ans en 2020 soit à ras du plafond de 10 de surendettement. Que se passera t-il si la ville a besoin de faire des emprunts supplémentaires (grosses réparations du toit d’une école par exemple) ? Réponse : il n’y a pas de raison que la ville fasse des emprunts supplémentaires (On croise les doigts et on regarde ailleurs)

Nous n’oublions pas la séance précédente en février où une modification du PLU avait été votée pour permettre la construction d’une résidence senior sans que en dépit de nombreuses questions il ait été possible de savoir à quoi celle-ci allait ressembler

Encore un chèque en blanc

Sur plus de 2 h de présentation les seules justifications de ces projets ont été : « il faut le faire maintenant c’est le bon moment économique » et « ça va créer des emplois mais comme nous sommes très prudents nous n’incluons pas les retombées de la création de ceux-ci dans notre chiffrage » (il a même été question de l’industrie automobile qui repartait à la hausse en France (si si !)

Quel chef d’entreprise, quelle famille dans une période d’austérité accepterait d’investir en se mettant au taquet du surendettement en n’ayant pas la réponse à ces 3 questions fondamentales  : « Qu’est-ce ça va être, à quoi ça va servir et quelles seront mes marges de manoeuvre ? »

Quel chef d’entreprise, quelle famille se lancerait dans des projets financiers en n’ayant pas un échéancier de retour sur investissement

Avant que le PPI (Plan pluriannuel d’investissement) qui suit le débat sur le rapport d’orientation budgétaire ne soit voté aurons-nous au moins des réponses à ces questions ?

Gilles Lacroix