Chalon sur Saône

Ce fichu bonheur prompt à brûler les doigts, le psy Christophe André le ramènera à la raison à Chalon

Ce fichu bonheur prompt à brûler les doigts, le psy Christophe André le ramènera à la raison à Chalon

Le bonheur et tout ce qui gravite autour pour lui faire obstacle, le réputé médecin psychiatre Christophe André n’aura de cesse d’en appréhender tenants et aboutissants le jeudi 31 mars à 20h30 en la salle Marcel-Sembat de Chalon-sur-Saône. Gageons que sa conférence grand public nommée « Qui nous fera voir le bonheur » puisse servir de point d’ancrage à celles et ceux en perte de repères, de vitesse, ou à l’opposé déterminés à ne jurer que par la positivité à tous crins.

L’orateur est médecin psychiatre au sein du service hospitalo-universitaire de l’hôpital Sainte-Anne situé à Paris. Il est particulièrement pointu dans les troubles anxieux et dépressifs, formant d’autre part l’une des valeurs de référence des thérapies comportementales et cognitives en France. Enfin, convient-il de souligner que l’homme compte au nombre des précurseurs de l’introduction de la méditation dans le domaine de la psychothérapie. Christophe André s’avère par ailleurs l’auteur d’une ribambelle d’écrits didactiques. Si l’on ne devait en retenir que trois, nous sortirions du lot « Trois amis en quête de sagesse » (avec Alexandre Jollien et Matthieu Ricard), 2016, aux Editions de L’Iconoclaste ; « Et n’oublie pas d’être heureux » -abécédaire de psychologie positive- chez Odile Jacob ; « Méditer, jour après jour » -25 leçons de pleine conscience- aux Editions de L’Iconoclaste. Pour davantage d’informations (articles, vidéos…), prière d’aller à cette adresse : http://christopheandre.com 

N'y a-t-il pas en somme autant de définitions du bonheur que de personnes ?

« Oui et non. D’un côté il existe des « universels » du bonheur, qui concernent tous les humains : aimer et se sentir aimé (au sens large : liens d’affection, de sympathie, d’amitié, de complicité, d’amour parental, conjugal ou sentimental, etc.), être en contact avec la nature, être plongé dans des activités que l’on apprécie… Tout cela rend tout le monde heureux. Mais il est vrai qu’il existe ensuite des différences de goûts et de hiérarchies plus personnalisés : pour certains, les plus grands bonheurs se savourent dans le partage, et pour d’autres dans le retrait ; certains sont plus heureux dans l’action et l’agitation, d’autres dans le calme et la contemplation… »

Le mieux étant l'ennemi du bien, doit-on absolument tendre vers cette valeur suprême qu'est le bonheur ?

« C’est une question importante : il ne faut pas confondre aspiration et obsession. Beaucoup de philosophes nous rappellent qu’il convient d’abord de se préoccuper de bien vivre, et que le bonheur suivra naturellement. Bien vivre ? C’est-à-dire, savourer les bonheurs simples du quotidien, se rendre heureux et aider les autres à être heureux, rester proche des valeurs qui comptent pour nous. Spinoza avait à ce propos une belle formule : « Bien faire et se tenir en joie. » Des études montrent effectivement que vouloir à tout prix être heureux, quoi qu’il arrive, est contre-productif, et nous rendra insatisfaits. Il est nécessaire d’accepter que l’adversité fasse partie de notre vie, nous n’avons pas le choix ; et dans les moments douloureux, soit patienter et faciliter le retour du bonheur, soit savourer tout de même de tout petits bouts de bonheur au milieu des difficultés. »

Sur qui peut-on compter pour nous le faire découvrir ?

« D’abord sur soi-même ! Nous pouvons attendre que les autres ou la chance mettent des occasions de bonheur sur notre chemin. Mais nous avons aussi à ouvrir les yeux sur ces occasions, et ça, ça dépend de nous et de personne d’autre. Ceci dit, il est vrai que nous pouvons aussi croiser des « maîtres de bonheur », des personnes qui savent savourer le quotidien, et tirer le meilleur de leurs instants de vie : les observer et nous en inspirer est très utile. Par contre, je suis personnellement agacé par les « professeurs de bonheur », qui nous disent de positiver et de faire des efforts : le bonheur se transmet mieux par l’exemple que par le discours, dans la discrétion plus que dans l’ostentation. »

Globalement, le psychisme de vos concitoyens vous semble-t-il d'un niveau acceptable ?

« C’est compliqué de vous répondre ! Il faut faire la différence entre ce que les gens disent ou montrent : nous sommes une nation de rouspéteurs, un peu plaintifs. Et entre ce qu’ils ressentent vraiment : la plupart des enquêtes conduites montrent que nos concitoyens trouvent que le pays va mal, que le monde va mal, mais ne se sentent eux-mêmes pas si malheureux (80% des personnes se disent même plutôt heureuses de leur vie). »

Vous avez donné vie à beaucoup d'ouvrages vulgarisateurs. Pourquoi cette boulimie ?

« Parce que je suis un soignant et un enseignant. J’aime aider et j’aime transmettre. Le livre est un vecteur très fort pour cela : il est comme une boîte à outils toujours disponible, dans laquelle la lectrice ou le lecteur vont puiser des sources de réflexion ou des idées d’efforts à mettre en place. Je reçois beaucoup de messages de lecteurs qui me disent à quel point ils ont été étonnés de retrouver dans mes ouvrages la description de ressentis ou de difficultés qu’ils pensaient être les seul(e)s à éprouver. Cela leur apporte un grand soulagement, et les incite à s’engager dans les efforts proposés. Je perçois donc les livres comme un prolongement et une démultiplication de mon activité de soignant. »

Qu'espérez-vous au travers de votre dernier livre en date, "Trois amis en quête de sagesse", coécrit avec Matthieu Ricard et Alexandre Jollien ? Dans notre monde la sagesse a-t-elle de beaux jours devant elle ?

« Nous espérons, comme pour nos autres livres, aider, soulager, proposer de réfléchir et de changer. Pour cela nous parlons de nos trois expériences, bien différentes de par nos vocations (le moine, le philosophe, le médecin) et de par nos personnalités. Nous ne nous présentons bien sûr pas comme des maîtres en matière de sagesse, mais comme des apprentis laborieux et joyeux. Et nous racontons nos convictions et nos efforts pour nous en rapprocher. Les humains ont besoin de sagesse depuis toujours, c’est pour cela que la philosophie a été imaginée, en Orient comme en Occident. Et notre monde contemporain en a autant besoin que les sociétés passées : c’est un idéal permanent, vers lequel nous devons tendre. Sans sagesse, nous sommes guidés par nos impulsions, nos égoïsmes, nos peurs… »

« Ce bouquin sera-t-il suivi par un, ou plusieurs autres, de votre cru ?

« Chacun de nous continuera à écrire de son côté. Et peut-être nous remettrons-nous au travail une autre fois tous les trois ensemble : nous adorons bavarder ensemble de tout ce qui concerne le « métier d’homme », et des efforts pour devenir un meilleur être humain… »

Les modalités pratiques

Tarif : 15,00 euros ; tarif réduit (C.E., chômeurs, + de 60 ans, étudiants, U.T.B.). Renseignements/Réservations auprès de l’Office de tourisme et des congrès du Grand Chalon (03.85.48.37.97), la librairie La Mandragore (03.85.48.74.27) ; Magasins Leclerc, Auchan, Cora, Fnac, Géant Casino, Carrefour. Réseaux Ticketnet -www.ticketnet.fr-, Fnac/billetel -www.fnac.com

                                                                               Michel Poiriault

                                                                                [email protected]