Faits divers

Tribunal correctionnel de Chalon - Ils sèment le désordre au Mc Do de Branges mais bénéficient de la clémence des juges

Tribunal correctionnel de Chalon -  Ils sèment le désordre au Mc Do de Branges mais bénéficient de la clémence des juges

L'affaire a fait grand bruit, au début du mois, en Bresse louhannaise, dans les médias et sur les réseaux sociaux notamment.

Au point que devant le tribunal correctionnel de Chalon, qui jugeait trois jeunes Bressans accusés d'avoir semé le désordre au Mc Do de Branges le 5 mars dernier, Me Joffrey Burnier, du barreau de Dijon, l'un des avocats de la défense, n'a pas manqué de s'étonner de cet emballement médiatique. Siégeant également sur le banc de la défense, Me Laurent Maréchal s'est montré, lui aussi, surpris. « Ce dossier, c'est un peu de la science fiction. Avec des articles de presse qui évoquent le héros du Mc Do, le sauveur du Mc Do ».
Face à « une tornade judiciaire », aux dires de Me Burnier, « la montagne a accouché d'une souris », pour reprendre une autre expression du conseil dijonnais. Alors que l'on s'attendait à ce que les deux principaux protagonistes, Franck et Luc, soient condamnés à une peine mixte, suivant en cela les recommandations du ministère public, ceux-ci n'ont écopé que de la prison avec sursis, assorti toutefois d'une mise à l'épreuve. Franck et Luc se sont en effet vus infliger 4 mois de prison avec sursis, assorti d'une mise à l'épreuve de 2 ans, avec obligation de travail, de soins, et d'indemnisation et avec interdiction de paraître sur le site du Mc Do de Branges, y compris au drive et sur le parking. Ils devront en outre payer in solidum 300 € de dommages-intérêts à la victime. Leur copain Allan, qui les avait accompagnés dans leur équipée, a été purement et simplement relaxé.
Comme l'avait demandé Me André Laborderie, son conseil. « Dans ce dossier, qui nous a occupé tout l'après-midi, il n'y a pas eu d'enquête. On n'a même pas vérifié le taux d'alcoolémie des trois prévenus. Mon client n'a rien fait de répréhensible. Que fait-il au tribunal ? » s'était interrogé l'avocat chalonnais.

« On se croirait aux assises »

« Dans ce dossier il faut arrêter. On se croirait aux assises. » avait confié Me Maréchal, défenseur de Franck. C'est vrai qu'aussi bien Me Emmanuel Touraille, du barreau de Dijon, avocat du Mc Do de Branges, que le vice-procureur Aline Saenz-Cobo n'avaient eu de cesse dans leur intervention d'accabler les trois mis en cause. « Au Mc Do ils sont chez eux et ils n'en ont rien à foutre. Il y a certainement autre chose à faire que de se bourrer la gueule et de venir emmerder ceux qui travaillent, ce qui n'est pas leur cas » avait fait remarquer le conseil dijonnais, faisant allusion aux salariés, des jeunes de leur âge qui viennent travailler dans ce restaurant, afin de payer leurs études. « On y vient passer un bon moment en famille et on n'a pas envie de voir la fête gâchée par ce genre d'énergumènes, qui viennent uniquement pour y libérer leurs violences » avait fait observer à son tour la représentante du parquet.
Des violences, sans nul doute, il y en a eu en ce début de soirée du 5 mars dernier. Visiblement éméché- on ne saura donc jamais à quel point !-, car il avait fêté tout au long de la journée l'annonce de la grossesse de sa compagne, Franck n'a vraiment pas apprécié les remarques de la manager et d'une serveuse, lui signalant notamment que la consommation d'alcool était interdite à l'intérieur du restaurant et qu'il devait passer commande de son repas à une borne électronique. Il était en effet entré dans le Mc Do, une bouteille de bière à la main, et avait décidé de passer commande directement à une serveuse. Il n'était pas du tout content et il a commencé à le faire savoir, en se mettant à injurier et à outrager copieusement les deux femmes. C'est alors que Mathieu, un des nombreux clients présents ce soir-là, a cru bon de s'en mêler, en lui faisant le reproche de s'en prendre à des femmes. Pour toute réponse, Franck a asséné « un coup de boule » à Mathieu, lequel a répliqué par un coup de poing, déclenchant une bagarre entre les deux hommes. Croyant que l'agresseur était le client, Luc est venu à la rescousse de son copain. « Je me suis laissé emporter par les émotions » a-t-il expliqué à la barre du tribunal. Des émotions qui allaient le trahir une nouvelle fois. Alors que les esprits semblaient s'être calmés, grâce à l'intervention de plusieurs clients qui étaient parvenus à séparer les principaux protagonistes, Luc est revenu à la charge. Au prétexte qu'il aurait entendu qu'on lui criait « Fais gaffe ! On sait où tu bosses. ». Occasionnant ainsi une seconde scène de bagarre et toujours devant des enfants venus avec leurs parents manger un big mac.

« Un véritable petit nounours »

« Il n'était pas venu pour en découdre » a souligné Me Joffrey Burnier, qui défendait Luc. « On a affaire à de jeunes adultes, sans doute encore enfants. On dirait un véritable petit nounours ». Et l'avocat dijonnais de préciser « La gravité des faits ne doit pas être retenue. La victime ne paraît pas avoir été particulièrement perturbée par cette affaire ».
Un avis complètement partagé par Me Laurent Maréchal. « Si cela était si grave, pourquoi la victime n'a-t-elle pas porté plainte ? Elle n'est pas présente à l'audience ». Et l'avocat bressan d'ajouter «  Si les trois hommes étaient aussi dangereux qu'on veut nous le faire croire, mon client serait-il ressorti libre de sa première garde à vue ? ». Me Maréchal a également rappelé que la serveuse était rentrée tranquillement chez elle et que la manager avait pu continuer son travail. Autant de remarques dont le Tribunal semble avoir tenu compte...

Gabriel-Henri THEULOT