Faits divers

Tribunal correctionnel de Chalon - Il vient récupérer son fils avec une machette de cinquante-sept centimètres

Tribunal correctionnel de Chalon - Il vient récupérer son fils avec une machette de cinquante-sept centimètres

«On examine cet après-midi une affaire singulière, qui a suscité l'émoi dans ce petit village habituellement très tranquille » a fait remarquer le substitut Marie Gicquaud, à l'occasion des réquisitions prises à l'encontre de Mickael, jugé en comparution immédiate par le tribunal correctionnel de Chalon pour violence et menace de mort notamment.

Le 21 mars dernier, à Fley, ce Jouvenceau de 25 ans a tenté de récupérer son fils de 29 mois, actuellement gardé par son ex-compagne, à la suite d'une séparation survenue début 2016. Et pour parvenir à ses fins il n'a pas hésité à se munir d'une machette de cinquante-sept centimètres, dans le but d'impressionner son ancienne concubine et la mère de celle-ci.
« On aurait dit qu'il était possédé » a confié la grand-mère, qui était en train de promener son petit-fils, quand les faits ont eu lieu. Mickael est arrivé sur la place du village comme un fou, au volant de son véhicule, puis a freiné brutalement. A peine descendu du véhicule, il a commencé à apostropher puis à agresser la mère de son ex-compagne, tenant d'une main la machette et essayant avec l'autre d'attraper l'enfant. Et lui criant « Donne-moi le petit, sinon je te bute ». Entendant les cris, la maman du bambin est alors intervenue. Et a aussitôt reçu un coup à la hanche et un coup à l'avant-bras gauche avec le plat de la machette. Subissant aussi les menaces de mort de son ancien compagnon. « De toute façon je vais te faire la peau ». Une scène qui n'est pas passée inaperçue des riverains et des passants et qui a provoqué un attroupement. Occasionnant le départ de l'agresseur, toujours aussi menaçant « Je vais revenir, mais pas seul ». Mickael n'est pas revenu, puisqu'il a été interpellé quelques instants plus tard par les gendarmes. Immédiatement entendu, il n'a pas causé de difficultés pour reconnaître les faits. L’enquête a ainsi révélé qu’il était venu le matin même en repérage à proximité du domicile de la grand-mère.

« L'objectif, qui a toujours été celui de mon client, était de récupérer l'enfant » a souligné Me Anne-Catherine Goergen, du barreau de Mâcon. « A aucun moment, son objectif était de blesser la grand-mère, la mère de l'enfant ou quelqu'un d'autre ». Une vision des choses, qui n'a pas été partagée par la partie civile. « Monsieur n'a pas conscience de la violence ressentie par la grand-mère, la mère et le petit garçon » a fait observer Me Alice Girardot. « Vous pensez que c'est faire du bien à votre fils que de venir avec une machette » a questionné le président Pierre-Camille Catherine.


Une garde difficile

A l'origine de tout cela un conflit conjugal. Comme l'a expliqué Me Girardot « parce qu'elle était insultée, rabaissée, menacée, ma cliente a décidé de s'en aller ». C'était en janvier dernier, après trois ans d’union. Dans un premier temps le garçonnet a été gardé par son papa mais voici trois semaines sa maman est venue le chercher à la halte-garderie avec l'accord des services sociaux. Et depuis il vivait au domicile de sa grand-mère maternelle. Depuis la séparation deux tentatives de médiation ont eu lieu à la Maison de Justice, en attendant le passage devant le juge des affaires familiales prévu le 19 avril prochain. Deux tentatives qui n'ont rien donné.

« Même si le prévenu en minimise la gravité les faits sont sérieux » a affirmé le substitut Gicquaud, rappelant les « Je vais te tuer », « Je vais te buter à l'ancienne », « Je vais te lamer », prononcés par Mickael en direction de son ex-compagne. Ayant fait état du « choc psychologique » subi par la maman et l'enfant après de tels actes, la représentante du ministère public a mis en exergue « le côté impulsif » du mis en cause et sa « dangerosité sociale aggravée par son alcoolisation et le traitement médicamenteux qui en résulte ». Et de requérir contre le prévenu, qui tombait sous le coup d’une récidive pour avoir été condamné pour des faits semblables par le tribunal correctionnel de Mâcon en février 2013, notamment 24 mois de prison, dont 12 mois avec sursis, avec mandat de dépôt, afin d'éviter la réitération des faits.

« L'emprisonnement n'est pas la meilleure des choses » a confié Me Goergen. « Il lui faudrait une peine aménageable. Il a déjà eu un bracelet électronique et cela s'était très bien passé. Il faut qu'il puisse prendre correctement son rôle de père ». Après avoir signalé que pour son client il n'était pas question d'évincer la mère, mais simplement de revoir son fils, l'avocate mâconnaise a indiqué « C'est quelqu'un qui a des défauts. Il est notamment très impulsif mais il est aussi fragile ». Et de poursuivre « C'est quelqu'un de gentil, d'agréable, de très attaché à son fils, de très attentionné et qui s'investit beaucoup pour son enfant ».
Le Tribunal a finalement choisi l'apaisement en suivant les réquisitions du parquet mais en ne décernant pas de mandat de dépôt. Mickael est donc ressorti libre de la salle d'audience, au grand soulagement de sa mère, présente au procès. Le prévenu a été finalement condamné à 2 ans de prison, dont 1 an avec sursis, assorti d'une mise à l'épreuve de 2 ans, avec obligation de soins, plus particulièrement de nature alcoolique et psychologique, de travail et d'indemnisation de la partie civile, et avec interdiction d’entrer en contact avec la grand-mère. L’affaire a par ailleurs été renvoyée au 9 juin à 9h 30 sur intérêts civils.

Gabriel-Henri THEULOT